En 1998, cela fait bien longtemps que les VIOLENT FEMMES ont quitté le devant de la scène. Auparavant outsider régulier des charts américains, son dernier album n'a même pas été distribué aux États-Unis. Groupe-phare des années 80, le groupe jouit néanmoins toujours d'une certaine popularité outre-Atlantique. Son public n'a pas encore déserté les salles de concerts, notamment dans son fief du Wisconsin, où le trio entame d'ailleurs une courte tournée à l'automne. C'est aussi l'occasion d'enregistrer – après vingt ans de carrière – un tout premier live. Réalisé en novembre 1999, Viva Wisconsin est alors présenté comme « the ultimate Violent Femmes recording ». Le disque ultime, rien que ça.

À dire vrai, on aurait bien du mal à donner tort au service marketing. Bien que Gano le baptiste ne supporterait certainement pas la comparaison, Viva Wisconsin est sans aucun doute le Graal des VIOLENT FEMMES.

Mieux qu'un best-of, celui-ci concentre intelligemment ce que les Badgers savaient faire de mieux à l'époque. À côté des inévitables classiques, bien représentés ici (« Blister in the Sun », « Country Death Song », « Add it Up », « Good Feeling » …), se cachent de véritables trésors méconnus voire injustement oubliés. Le groupe de Milwaukee dépoussière ainsi sa genèse, au travers des incroyables « Ugly » et « Gimme the Car », mais également ses années de disette dont il ne rougit guère on stage (« I'm Nothing », « Dahmer is Dead », « Life is an Adventure »). Brian Ritchie s'autorise un virage perso avec un punk hargneux, « Don't Talk About my Music ». Plus loin, « Sweet Worlds of Angels » mériterait toute une chronique à elle seule. Grandiose ballade, sombre et enivrante, c'est pourtant à peine si on l'avait remarqué en clôture du très moyen Rock!!!!! quelques années plus tôt. En concert, les VIOLENT FEMMES sembleraient presque pouvoir sublimer n'importe quoi.

« Femmes to basics, no overdubbing, no electronics, no crap » signale également le dos de la pochette. Gano, Ritchie et Hoffman jouent sans artifice et la prestation est magistrale. Viva Wisconsin fait gagner au folk punk ses plus belles lettres de noblesse. Le live concentre une énergie folle, une rage et une ardeur des plus communicatives. La scène devient un terrain de jeu qui dépasse parfois celui de la simple interprétation. « Confessions » et « Black Girls » laissent ainsi batterie, basse, guitare et les cuivres des Horns of Dilemma s'affronter en un fracas dissonant et jubilatoire.

En définitive, le disque est aussi une excellente porte d'entrée dans la discographie des VIOLENT FEMMES. Tout est là. Les soli de basse, les impros furieuses, les instruments improbables, le chant nasillard et les mille visages de Gordon Gano. Du sexe, de la dévotion, de la violence, de l'amour et de la folie. Du punk, du folk et la musique américaine. Des mains qui prient, des doigts qui traînent et des poings dans la gueule. C'était ça, les VIOLENT FEMMES. Plus qu'un disque d'anthologie, Viva Wisconsin est un testament.

Note réelle : 4,5/5