« On a bien cru au père Noël / Et nos parents ne mentaient pas / On croit que Dieu naît à Noël On croit donc à n'importe quoi! / A l'imbécilité des ânes / A la malice des renards/ Aux amours de la princesse Anne / Dans ce qu'en disent les canards. » Maxime Le Forestier-Mentir.
Je n’aime pas la période de Noël. Je n’aime pas les disques de Noël.
Pourtant, sincèrement, je conserve d’excellents souvenirs de mes Noëls d’enfance et de ceux avec mes enfants, même si, aussi loin que je m'en souvienne, le « Petit Papa Noël » de Tino Rossi m’a toujours profondément gonflé.

Mais depuis un paquet d’années, je ne supporte plus cette débauche publicitaire, ce génocide d’huîtres, de boudins blancs, de canards, de dindes, de chevreuil, de sapins... et quand je vois comment se passent et dégénèrent certains repas de famille, quand le tonton facho un peu bourré commence à critiquer le petit ami marocain de sa filleule pendant que le grand-père répète que c’était mieux avant, je me dis qu’on pourrait faire l’économie des bougies et des paillettes sur la robe lamée qui boudine chaque année un peu plus la maîtresse de maison.

Les disques de Noël, tradition anglo-saxonne, sont dans la droite ligne consumériste de cette période. Les artistes, surtout les plus connus, passent quelques jours en studio et font tinter le tiroir-caisse, vu que c’est un choix de cadeau facile, genre ah ben tiens Gilbert aime bien Lynyrd Skynyrd, on va lui acheter leur disque de Noël.

Prenons CLAPTON. L’homme qui a joué de merveilleux solos de guitare avec CREAM, BLIND FAITH, fait des duos superbes avec Duane Allman, écrit les paroles poignantes de « Tears in Heaven », sort, la vieillesse arrivant, son disque de Noël.
En quarante-cinq ans de carrière, CLAPTON a fait des mauvais disques (ceux avec l’horrible Phil Collins par exemple). Il a aussi fait une tentative moderne avec T.D.F. qu’il ressuscite le temps d’un morceau (« Jingle Bells ») qui mérite d’être directement jeté dans le goulp le plus profond.
Sinon, on retrouve au hasard des morceaux un CLAPTON plus ou moins inspiré, le correct « White Christmas » ou « Away In A Manger (Once In Royal David's City) » côtoyant le sirupeux “Sentimental Moments » ou la tentative de gospel ratée « Silent Night ». ( Reconnaissons toutefois à CLAPTON un chant adapté à la situation et quelques envolées de guitares bien senties.

Alors, si on compare aux autres, le disque de Noël n’est pas le pire (essayez donc celui de LYNYRD SKYNYRD ! ! !) mais à part les inconditionnels quel amateur d’Eric aurait l’idée saugrenue de le passer le soir de Noël ? Plutôt un bon live de Derek & the Dominos ou le concert avec Steve Winwood, sinon le riffeur fou à barbe blanche risque de ne pas descendre dans la cheminée.

“Shakespeare, Longfellow. What goes up the chimney? Smoke. May your friendship and mine never be broke!" Et oui Laurel et Hardy dans la version originale ne parlent pas du Père Noël. Car il n’existe pas !