La sortie d’un luxueux coffret pour le 35ème anniversaire de Slowhand est une occasion propice pour revenir sur l’un des albums majeurs de Clapton.

Slowhand sort en 1977, deuxième album enregistré après la période noire qui verra le guitariste sombrer dans l’alcool et l’héroïne, le disque marque véritablement son grand retour.

La pochette montre sa guitare et ses doigts, pas de visage, et le titre Slowhand fait référence à son jeu qui en a fait l’un des plus grands, dont le surnom God était écrit sur les murs de Londres.

La première face est somptueuse, Clapton, après "After Midnight", puise encore dans le répertoire de JJ Cale et choisit "Cocaïne". A la version laid-back de son créateur, Clapton oppose une cover plus musclée, avec des chorus pêchus. Immense succès, les droits d’auteur permettent toujours à JJ de se prélasser dans son hamac, et Clapton en fera un grand moment de tous ces concerts.

"Wonderful Tonight" ensuite, écrite pour Pattie Boyd, l’inspiratrice déjà de "Layla" que Clapton est finalement parvenu à conquérir, remplaçant son ami George le Beatles dans le cœur de la jolie blonde, ce qui explique aussi peut-être son retour en forme. Beaucoup d’amateurs détestent cette chanson, qui raconte l’attente de Clapton pendant que sa Lady se prépare en vue d’une soirée…Moi, je la trouve particulièrement réussie, Clapton chante avec un petit air moqueur ou exaspéré et nous sort un solo de grande classe. On sent le vécu, le mec qui est prêt à partir et qui attend, attend, attend…Là encore cet hymne à Pattie sera joué très souvent en live pendant des années, même si c’es souvent l’occasion de laisser le solo au second guitariste.

"Lay Down Sally" enfin avec son tempo enjoué, engage Clapton dans une nouvelle direction musicale, moins blues, plus pop, qui, malheureusement, s’accentuera dans les années 1980. Mais là, c’est encore frais, agréable, cool. Les autres chansons sont plus anecdotiques, même si "Mean Old Frisco" et "Peaches and Diesel" sont bien ficelées.

Le premier bonus est déjà connu, "Alberta" qui figurait sur la compilation Blues sortie en 1999, les deux autres titres ne sont pas inoubliables.
Les CD2 et 3 présentent un show donné à l’Hammersmith Odeon de Londres le 27 Avril 1977, avec certains titres qui figurent déjà dans le superbe coffret Crossroads 2 ("Tell the Truth", "Knockin’ on Heaven’s Door" et "Stormy Monday"). Il n’empêche que le concert proposé semble complet avec un superbe "Can’t Find My Way Home", l’une des plus belles œuvres de Traffic, , une bonne version de "Badge" et puis quand même "Nobody Knows You When You’re Down and Out" parce que le blues et Clapton sont indissociables.

"I Shot the Sheriff" et "Layla" font également partie du répertoire, et force est de constater que Clapton continue de puiser dans ce répertoire pour alimenter ses concerts actuels.

Quelques mots sur le groupe, formé de musiciens qui ne sont pas des stars mais qui donnent une bonne structure permettant au guitariste de jouer libéré, sans les énormes problèmes d’égo qui avaient miné Cream ou Blind Faith.
La présence de Mel Collins au saxophone, donne également une couleur originale à certains titres, d’autant que son jeu est assez jazz/progressif.

Slowhand est une vraie réussite, c’est aussi le dernier grand album de Clapton avant une traversée difficile dans les 80’s et sa grande renaissance en 1992 avec Unplugged qui lui permet enfin grâce au succès commercial de faire un immense album de blues From the Cradle.

Mais c’est une autre histoire…