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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Patrick BRUEL - Très Souvent Je Pense à Vous (2015)
Par BAKER le 3 Mars 2019          Consultée 1492 fois

Pourquoi ?

...Non mais, POURQUOI ?!

Patrick BRUEL qui reprend BARBARA. C'est Lou Ferrigno qui joue Scarlet O'Hara, c'est VENOM qui reprend du Amanda MARSHALL, c'est Houellebecq qui continue le Club des Cinq. Techniquement, c'est possible. Aucune charte de l'ONU ne l'interdit (encore). Mais reste la question : POURQUOI ?!?

Sûrement parce qu'après Entre-Deux, et deux albums qui mélangeaient modernité synthétique et parisianisme titi, BRUEL est encore, toujours, éperdument, à la recherche d'une légitimité d'auteur-compositeur français classique. Et donc si son poulain William SHELLER ne s'est quasi-pas attaqué au répertoire de la dame brune, BRUEL lui met les deux pieds dans le plat avec un album copieux qui lui aussi mélange allègrement piano-voix léger et arrangements plus cossus, histoire de faire rentrer le répertoire de BARBARA dans les années 2010. Quitte à donner des coups de marteau pour être sûr que ça rentre bien.

Pourtant, il faut être lucide : cet album-hommage n'est pas l'ignoble étron fûmant qu'il paraissait au premier abord. Déjà, il est autrement moins calamiteux qu'Entre-Deux, même si un des défauts est résilient : le côté mou, morne et désincarné de certaines lignes de chant, où BRUEL veut faire passer soixante-cinq tonnes d'émotions à travers un filtre de cafetière Senseo. "Göttingen" (BRUEL chantant en Allemand, une whatthefuckerie salée), "Ma plus belle histoire d'amour", "Mon enfance", autant de chansons qui ne passent pas vraiment, avec un point commun, l'impossibilité de gérer les transposes, naturelles chez BARBARA, totalement incongrues ici. Il reste des petits détails sympathiques, comme le violon BEETHOVENien de "Dis, quand reviendras-tu", l'émotion qui réussit à passer sur la difficile "Nantes", les arrangements corrects, mais un peu rigides, de l'intro "Madame", mais globalement les chansons les plus dépouillées ne peuvent en aucun cas rivaliser avec les originaux. On s'en doutait.

Le comble de cette approche "L'Emotion pour les Nuls" est atteint sur "Le mal de vivre", qui est une parodie de ce qu'elle était censée être. Les arrangements font tout ce qu'ils peuvent pour contraster l'humeur, pour montrer que la vie est belle, que tout change, mais BRUEL avec son chant neurasthénique fout tout par terre. La joie de vivre (et le jambon), qu'il chante. LA JOIE DE VIVRE, merde, pas la relève de la garde des toilettes du bloc C ! C'est le point le plus bas mais je vous rassure, Patrick n'a pas totalement raté ce pari : "Du bout des lèvres", courte et aérienne, allège grandement l'ambiance avec sa guitare (marre de l'ivoire !), "Drouot" en mélangeant tout un tas de styles s'en sort quand même, "Vienne" est juste très jolie (fanboy un jour...), et "A mourir pour mourir", étonnamment réussie et fraîche, aurait fait une parfaite fin. Dommage qu'il gâche tout en finissant sur un "Pantin" sans fil, trop libre et trop fragile, nous emmener là où je ne sais pas, avec des transposes en veux-tu en voilààààààààààà. Comment en inversant les deux derniers titres a-t-il pu aussi piteusement foirer une fin toute tracée, c'est un grand mystère.

Mais le plus grand de tous ces mystères, c'est l'approche moderne de quelques chansons, qui est aussi essentielle que bancale. Essentielle parce qu'un album entièrement piano/voix de BARBARA par BRUEL en 2015, c'est un petit peu l'idée que Larousse se fait de l'inutile, adj. : qui ne sert à rien. Bancale car il y a des loupés. "Parce que je t'aime", le Fabio Casartelli de ce disque, passe son temps à louper les transitions binaire / ternaire pour finir par un coup de poignard dans le dos : un gros synthé darkwave aussi subtil qu'un cafard dans une baignoire. Mais vous avez aussi l'inverse : "Perlimpinpin", foutoir entre synthwave, hiphop et pop moderne où BRUEL et Moreau en mettent plein les yeux (d'où le titre ?), pour un résultat au minmum intéressant, au mieux enthousiasmant : la magie de BARBARA n'a pas disparu malgré les dizaines de couches de gras.

Reste le cas "L'aigle noir". Un cas unique car il est à lui seul le plus flagrant symptôme du mal qui touche, non pas Patrick BRUEL, mais la musique française (et pas que) toute entière. Chanson onirique, semi-rêveuse mais basée sur un fond très sombre, la voilà transformée à grands coups de synthétiseurs menaçants, rigides, très ambiancés, pour finir sur l'idée de génie : le survol de l'oiseau en mode TANGERINE DREAM au meilleur de leur forme. Sauf que c'est brickwallé. C'est brickwallé aux confins (dépassés) de la douleur auditive. C'est probablement un des tous meilleurs moments de la carrière de BRUEL, c'est une réalisation fantastique, et CA VOUS HURLE DANS LES OREILLES JUSQU'A NE PLUS RIEN Y COMPRENDRE !

Voilà. Voilà où en est réduite l'industrie du disque avec sa krizdudisk en guise de joker à brandir à foison et à planquer dans les manches. Que la meilleure idée musicale de l'année passe de géniale à inécoutable, c'est déjà pathétique en soi, mais rendez-vous compte que des gens sont payés pour décider qu'on allait BRICKWALLER BARBARA. J'abandonne. Devant tant de bêtise, que voulez-vous faire ? Aboyer dans les dunes, le soir au clair de lune ? Ou plus pragmatiquement, signaler que l'achat de ce disque, pourtant, je le répète, pas une épouvantable daube, est totalement optionnel et à vos risques et périls (car on parle bien de perte d'audition là). BRUEL a disons semi-échoué, on s'y attendait, et sincèrement les bons moments sont à prendre avec bon coeur. Maintenant, on ne peut décemment pas être élogieux envers un disque qui réussit à rendre BARBARA stressante.

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- Patrick Bruel (chant, guitare)
- David Moreau (claviers, prog, guitare)
- Benjamin Constant (claviers, prog)
- Hervé Brault (guitare)
- Yannick Chouillet (guitare)
- Fabrice Moreau (batterie)
- Laurent Vernerey (basse, contrebasse)
- Frédéric Couderc (saxophone, flûte, clarinette, cor anglais)
- Roland Romanelli (accordéon)
- Renaud Capuçon (violon)
- Agnès Olier (piano, violon)
- Raphaël Jonin (mastering... à ce stade c'est un instrument à lui )


1. Madame
2. Drouot
3. L'aigle Noir
4. Dis, Quand Reviendras-tu ?
5. Le Mal De Vivre
6. Du Bout Des Lèvres
7. Vienne
8. Ma Plus Belle Histoire D'amour
9. Nantes
10. Perlimpinpin
11. Göttingen
12. Mon Enfance
13. Parce Que Je T'aime
14. A Mourir Pour Mourir
15. Pantin



             



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