Nous savons que DIONYSOS, partant du livre Une Sirène à Paris de Mathias Malzieu publié il y a un an (et, foi de libraire, tout à fait recommandable !), prévoit un film-adaptation, tout en faisant languir son public depuis, et dont on vient d'apprendre que c'est en réalité prévu pour mars 2020 !

Dans le but de maintenir mieux l'esprit de patience, un EP voit le jour en octobre, dédié au livre des Surprisiers, la confrérie secrète dont Gaspard, héros du roman, fait partie, à l'inverse de son père (homme tout ce qu'il y a de plus normal et pragmatique, blasé aussi), et au contraire, à l'instar de sa grand-mère défunte, fondatrice du cabaret-péniche tenu par la famille sur la Seine. Celle-ci ayant connu la Seconde Guerre Mondiale, était une des étoiles de ce mouvement des Surprisiers (contraction de "surprise" et "pâtissiers") qui consistait à changer le monde en rêvant et de façon dynamique, autre forme d'armée ou Greenpeace qui lutte contre la guerre, la violence etc mais à coups de livres et autres gentillesses.

L'esprit fécond de Malzieu donne ainsi corps à une entité littéraire qui suscite la sympathie, donne le sourire comme cela a toujours plus ou moins été le cas, sans même parler du reste du roman. L'EP constitué de six morceaux très courts (1 minute 10 en moyenne) s'attarde sur l'organisation, ses principes ("Surprisier"), sa création et ses différentes actions, avec un goût pour le fantastique toujours évident.

On s'amuse en imaginant les camps de terroristes bombardés par des livres ("Opération commando"), les soldats nazis sauter de leurs avions avec ce qu'ils croient être des parachutes, alors que ce sont des filles en poupées gonflables, pour une ultime étreinte ("L'arrêteur de temps")... Le dernier titre, "L'humour de Dieu", prend une tournure plus philosophique et tout aussi bienvenue : "Dommage qu'on ait oublié d'ajouter une annexe avec toutes les blagues des dieux" dans les Bible et consorts, aux origines.

Il s'agit d'une narration continuelle, agrémentée de quelques instruments qui apparaissent rarement ensemble (guitare électrique, percussions, ukulélé, synthétiseur, beat électronique). On pense aux albums pour enfants à histoires lues, notamment sur les "Bouquets d'haïku", et même si c'est très étonnant à dire, c'est cette même narration qui constitue le point fort de ce mini-projet.

Destiné à "meubler" l'attente, il n'a de toute évidence pas nécessité beaucoup de temps pour sa réalisation, et est d'un intérêt musical qui reste très limité. L'habit par les instruments donne une couleur légère, comme le beat de "Opération commando", les sons évanescents et froids de "Surprisier" et "L'arrêteur de temps". Le clavier valsé et forain du premier "Bouquet d'haïku", transformé en ukulélé pour le deuxième sont déjà de meilleure facture, aussi la guitare et l'ambiance western du dernier morceau, mais cela reste anecdotique. Voilà pourquoi on attend vraiment, non seulement de voir le film, mais d'y entendre la BO entière !