Troisième album d'une petite troupe de lutins alors méconnus du grand public, leurs deux précédents albums n'ayant pas ébranlé les disquaires ni squatté le TOP 50, ni même le TOP 100. Quatre gars de Valence qui n'arrivaient pas à la cheville populaire du moindre Boys Band. Mais voilà qu'en 1999 sort un tube sur quelques radios, puis sur un peu plus, jusqu'à envahir les radios spécialisées. Ce single, entraînant, magique, aux paroles colorées et amusantes, aux allures de course folle, ou plus simplement doté d’une bonne mélodie pop-rock : Coccinelle. Explications.

Une fois dotés d'un cinquième membre (ou plutôt d'une, la charmante Babet), DIONYSOS sort Haïku, un album dans lequel la moitié des textes est en français (ce n'était pas le cas des précédents), dont les rythmes rock effrénés s'enchaînent joyeusement avec quelques mélodies pop envoûtantes. La pédale de saturation sur la voix de Mathias n'est pas utilisée à tout va comme sur les deux précédents volumes, et c'est bien appréciable. On écoute ce disque comme on lit un livre de poésies, il vous accroche des sentiments d'extase ("Sick Philarmonic Body", "Pyjama"), de mélancolie ("Wedding Idea", "Poissons=stickers") ou tout simplement d'émerveillement ("Coccinelle", "Lune bulle et Only knees") : plein de petites histoires extraordinaires.

On se niche facilement quelques vers de ce poème musical dans la tête tels le coeur est un 45-tours rayé et je ne sais pas conduire, pas même un cerf-volant ou encore la nuit est un coca-cola, coca-cola lune et les mélodies, souvent naïves et douces, nous rappellent les sons de quelques vieux jouets un peu cassés.

La chanson "Poe-m" (savant jeu de mot avec le nom d'un auteur emblématique pour le groupe) est d'ailleurs un poème déjanté récité par Babet, la nouvelle participante de l'aventure. A l'écoute de cette chanson, on s'imagine facilement à l'école, en train de réciter un poème et de se laisser emporter par le texte à en devenir totalement possédé. Une belle frayeur. Le sublime "La petite princesse aux seins écrasés" est sûrement le titre qui résume au mieux la situation : un univers féerique enrobé de quelques saletés volontairement disséminées partout, histoire de nous déboussoler un peu.

Cet album très bon promet de belles envolées lyriques, délivre une musique rock efficace ("Nicholsong", "Asshole car orchestra", "Mandarine"), des mélodies pop un peu effrayantes et sombres parfois, relevées par le goût acidulé du bonbon qui arrive à vous faire douter d'aimer réellement les bonbons, quelques surprises à la fin de l’album, des sons de magnétos, de vinyles abîmés. On regrette juste que Babet chante si peu.

Coups de Coeur de l'album : "Sick Philarmonic Body" et "Lune bulle et Only knees"