Cela faisait presque 10 années qu’Axel BAUER ne nous avait pas offert de nouvel album. Un vide bientôt comblé par la sortie, annoncée pour 2022, de son septième album studio, en pas loin de quarante ans de carrière, autant dire que la parole du bonhomme est rare.

Cet opus est précédé du long single "C’est malin", un titre magnifique, qui irradie d’une luminosité folle. En effet, tout au long des plus de six minutes que dure ce morceau, nous sommes entraînés dans un univers où, si la mélancolie et la fatalité prédominent, il apparaît une lumière et une sérénité saisissantes. Pourtant, la musique est assez sobre, sourde. Et le ton est tout aussi grave, la chanson évoquant l’intrusion d’une annonce de cancer au sein d’un couple.

Malgré cela, on ressort apaisé et rayonnant à l’issue de l’écoute de ce très beau titre. L’émotion est réelle, forte, mais elle ne tire pas vers le bas, elle a plutôt tendance à procurer de la quiétude, une sorte de fatalisme réconfortant. Axel BAUER parvient à nous procurer le même sentiment que Jean BECKER avec son splendide Deux jours à tuer, à créer du beau et de la vie à partir du désespoir.

Pour cela, il y a notamment ce petit gimmick de piano obsédant qui intervient après la troisième minute et rappelle, en plus lent, celui utilisé pour "Tu me tues" (Bad Cowboy, 2006). Et puis ce long solo de guitare, tout en émotion, qui illumine le dernier tiers de "C’est malin". Mais, également, la voix douce et posée d’Axel BAUER qui magnifie un texte tout en pudeur et en allusions. C’est tout simplement magnifique. Tout autant que le clip qui supporte ce titre et renforce la sensation d’absence, d’apesanteur, d’irréel, émanant de "C’est malin".

Le résultat, bouleversant, justifie amplement la longue attente qui l’a précédé. Reste à espérer que l’album qui lui servira d’écrin soit de la même intensité.