A son rythme habituel de sénateur, Axel BAUER sort en 2006 son cinquième opus. Désormais sûr de lui, l'artiste parvient à surfer sur la vague des succès de ses singles. Sa petite fan base lui permet de voir l'avenir avec un peu plus de confiance. En tout cas, il a trouvé son fond de commerce en pratiquant un rock assez couillu, souvent noirâtre et parfois alternatif, mais toujours axé sur la guitare. Pas simple d'être une star du rock en France ! Seuls quelques groupes atteignent ce statut, mais pas un seul artiste en solo, c'est révélateur !

Le premier single est l'éponyme "Bad cowboy", peu remarquable à mon sens, un choix inadapté aux années 2000. Vient le tour de "Shine", beaucoup plus convaincante, au joli refrain suivi d'un dialogue avec notre "Jaunie" National - mais est-ce bien lui ? - qui distille une certaine bonne humeur. Enfin, le dernier essai en single est "Tu me tues" qui le voit chanter à la manière du bordelais Bertrand Cantat. Un petit riff de guitare au son clair sympa, mais qui ne gagnera pas sa place au panthéon des classiques. Le constat est certes un peu dur, mais pas une de ces chansons n'est vraiment restée - même pas "Shine" ! - dans l'inconscient collectif.

En revanche, certains morceaux dépotent particulièrement : ainsi "Alligator" est une course échevelée dotée d'un riff incendiaire, de breaks d'obédience presque métallique, d'un refrain particulièrement jouissif et d'un solo pressé d'Axel complétant le tableau du meilleur titre de cet album. Puis nous avons "Une place au soleil", avec son petit côté stressé à la NOIR DESIR - décidément ! - , qui sonne particulièrement bien. Même analyse avec la puissante et vibrante "Tout reste encore à faire". Enfin, le message d'espoir prôné par "Tout va bien" sonne assez joliment. D'autres titres sont du coup moins mémorables : ainsi, "Ma liberté", proposé en deux exemplaires, malgré une atmosphère originale et la présence de quelques chorus de guitare, souffre de paroles hermétiques et d'un manque de passion. De la même manière, "Aveugle et sourd" ne me parle guère.

De plus, Axel a souhaité se faire plaisir sur cet album en ajoutant trois titres instrumentaux assez concis où sa voix laisse la place à sa guitare. Au départ, je le voyais personnellement comme un musicien de talent, voilà donc l'occasion d'affirmer avec conviction cette idée. Ainsi que je m'y attendais, il n'est pas manchot et semble privilégier une approche assez Hendrixienne, comme sur la "jam I". Axel n'est pas un SATRIANI ou un sprinteur shredder, mais bien un gratteux tout à fait respectable. J'avoue en revanche ne pas trop comprendre l’intérêt de graver sur disque ces intermèdes.

Nous voici face à une oeuvre certainement un peu moins réussie que les précédentes, sans doute trop remplieet un rien déstructurée. Il lui manque un fil conducteur, comme si Axel avait voulu remplir à donf ce nouvel album, tant il est vrai qu'il en sort peu. Attention, plusieurs compositions sont de bonne qualité, et ce "Alligator" notamment, une petite merveille. Les fans de rock aimeront.