La situation n’est pas au mieux pour le duo des EVERLY BROTHERS lorsqu’ils entrent en studio pour mettre en chantier le successeur de Both Sides Of Everly, disque qui n’a pas même charté, un camouflet pour le grand duo de l’histoire. La pochette n’a rien d’une réussite, quand on dispose de jolis sourires on les montre plus, c’est dommage. C’est aussi le moment ou des conflits minent leurs relations avec les maisons de disques, des questions de royalties, de management s’amoncellent et les empêchent de donner le meilleur d’eux mêmes. Si on ajoute les diverses addictions dont ils souffrent, on est dans le dur ! Il s’agit pourtant de leur – seulement – sixième opus.

Nous avons tout de même de plusieurs moments sympas dans cette nouvelle livraison : "Step It Up And Go" nous plonge dans une ambiance très sixties, les frangins essayent d’adapter leurs chansons aux modes en cours, c’est indéniable et ce rock est plutôt trépidant même pour 1961, c'est vraiment sympa. Puis "Jezebel" dépote bien, les deux voix se complètent toujours remarquablement, l’aspect exotique ne choque pas du tout, ELVIS dans le même temps fait bien "It’s Now Or Never" ou "Surrender". On revient vers des considérations bluesy sur "Trouble In Mind", ou Chet ATKINS et Hank Garland s’en donnent à coeur joie. Mais… ça s’arrête là...

Car voici une avalanche de titres slows : la lente et crépusculaire berceuse de "Theme from Carnival" est toute mignonne, avec une harmonica et boite à musique, très BO comme il se doit. "Bye Bye Blackbird" n’est pas vilaine, mais un brin surannée elle date de 1926 ! Chet y décroche un sublime solo de guitare en revanche ! "When It's Night-Time In Italy" se présente comme une contine sous amphétamine, c’est gai et enjoué, mais c’est un pas de plus vers la variété. Nous passons au folklore germanique cette fois avec "Oh ! My Pa-pa" on se croirait en Bavière en train de courir les champs avec Romy Schneider dans Sissi, dramatique ! Prévert est à la fête sur une nouvelle version de "Autumn Leaves", avec piano et arpèges de guitare au coin du feu. Trop lente pour les voix du duo qui en font une vraie marmelade, revenez vers les classiques du grand Frankie par exemple.

"Long Lost John" est un traditionnel adapté par leur papa Ike pour son orchestre. Plutôt sympa et à nouveau Chet se lâche la classe ! "Ground Hawg" sort du même tonneau et swingue pas mal, un fiddle bien dynamique y drive chaque partie non chantée et bien sur la guitare se fait entendre au bon moment. Mais c’est vieux ! "The Party's Over" symbolise bien la fin de cette époque bénie des surprises party de l’après midi, c’est bien le cas à l’époque, mais la chanson est bien mollassonne. Enfin, "True Love" a été repris à toutes les sauces depuis la version de Bing CROSBY dans le film High Society. ELVIS reste bon premier mais les EVERLY en font une version acceptable. Il faut dire qu’il est bien difficile de se planter sur ce standard de Cole Porter.

La conclusion est sensiblement la même que pour celle du précédent album, aucun des deux ne charte, ce qui reste invraisemblable vu l’importance des deux frères dans l’histoire de la musique populaire. Il n’y a ici aucun classique, et pas de réelles surprises non plus même si "Jezebel" et le "Theme From Canival" sont bien charmantes. Tout ceci après seulement cinq ans de carrière ! Les année soixantes et leurs fans n’étaient pas les plus faciles ! Clairement la grande époque des EVERLY BROTHERS est derrière eux. Le principal souci étant dans le manque de Rock’n’roll ici présent - si on excepte le chouette moderne morceau introductif -, trop de reprises trop vieillotes.