Mais voyez donc nos deux frangins comme ils sont souriants ! On pourrait presque croire qu’ils s’entendent à merveille. Cette belle entente a dû partir comme la poussière dans le vent d’où le titre, non ? Il faut dire que les chiffres de vente sont en pleine déliquescence, c’est la catastrophe ! Don et Phil ne savent plus à quel saint se vouer pour remettre la main sur leur public. Un petit miracle arrive en la personne du couple de compositeurs Bryant, qui peuvent de nouveau travailler avec le duo après plusieurs années d’interdiction contractuelle. Mais n’est-il pas trop tard ? "Tout ça s’en est allé avec pertes et fracas", c’est le neuvième opus des EVERLY BROTHERS.

Bonne nouvelle, le couple Bryant est de retour au service du duo magique ! "Donna Donna" était déjà connu des foules quelques années plus tard, un ersatz de teenage rock comme disait mon regretté et érudit confrère le Kingbee. Peu importe, la compo se laisse bien déguster. Le couple continue de pondre de jolies ritournelles, "Love Is all I need" en est la preuve. On sent que les Bryant souhaitent proposer des éléments de modernité, alors "Radio And TV"… Makes sense non ? Impossible d’en faire un classique, cela dit, mais ça s’écoute. En revanche, "Honolulu" ne va pas convaincre les foules, c’est commun. "Lonely Island" est un slow sirupeux comme le duo en a fait des dizaines et non des moindres. La complémentarité des voix y est comme à l’accoutumée magnifique. Personne ne pourra jamais déplorer le travail de fusion effectué par Don et Phil tout au long de leur carrière, malgré leurs mésentente et incompréhension réciproque. Au son de leurs voix, rien ne laisse deviner pareille discorde.

Don a composé trois titres de cet opus : "The Facts Of Life" est une compo radicalement différente ; certes, la lourdeur du titre s’adapte peu au style habituellement pratiqué par les frangins, mais n’est-ce pas ce que l’on appelle l’évolution au final ? Un titre très pop étonnant ! "The Drop Out", qui déménage pas mal, ressemble aux titres rock’n’roll du king à la même époque – wesh ceux des B.O, ne râlez pas ! -, mais manque clairement de bonnes idées. La voix du duo est noyée au profit de la puissance du titre. Don n’a rien perdu de sa verve et c’est aidé de Phil qu’il propose l’éponyme "Gone Gone Gone", dynamique et plein d’entrain. Tout ceci sonne bien moderne et bien éloigné des préoccupations du duo quelques années auparavant, même si bien sûr ce nouveau style dessert quelque peu leurs harmonies vocales.

Reprendre Jerry REED a du sens lorsqu’on est soi-même une icône de Nashville, alors cette version de "Ain’t That Lovin You Baby", agrémentée d’un boulot faramineux du tricoteur de manche maison, dont je ne parviens pas à déterminer s’il s’agit de Glen CAMPBELL ou de Chet ATKINS. Mais je penche plus pour ce dernier… Si quelqu’un dans l’assemblée a la réponse… Blackwell leur apporte "The Ferris Wheel", qui sonne comme les titres audacieux composées à cette époque par les groupes anglais. Parole, on se croirait chez les ZOMBIES, vraiment étrange ! John Loudermilk s’est pointé avec deux titres pour les stars du teeenage rock : "Torture" tourne un brin en rond en essayant d’adapter les qualités du duo au temps qui passe mais le résultat me semble peu adéquat d’autant que le titre ne correspond pas du tout à la culture pronée par les EVERLY. En revanche, "It’s Been A long Dry Spell" donne une belle énergie avec son rythme bluesy, chose à laquelle les frangins ne nous avaient guère habitués.

Bien sûr, le retour du couple de compositeurs fétiches des EVERLY est une aubaine pour eux. Mais au final, on se retrouve avec un disque du même niveau que précédemment, c’est-à-dire incapable de faire une percée au billboard, même mineure. L’heure est à la réflexion. On sent d’ailleurs confusément qu'à ses compos l’aîné Don a fait de son mieux pour intégrer des éléments modernes dans leur mesure un peu surannée. Je suis à nouveau sur un 3 étoiles.