Tout se casse la figure autour du duo des EVERLY BROTHERS en cette année 64. Rien ne tourne comme il faudrait, outre des chiffres de vente en colossale déroute , la mode du moment ne correspond plus du tout aux capacités de Don et Phil qui voient la poule aux œufs d’or leur échapper irrémédiablement en ces mid sixties suite au déferlement des troupes de la british invasion et du folk revival. Leur collègues rament a qui pire pire et personne ne sait plus a quel saint se vouer pour continuer des carrières pourtant bien engagées. Alors le duo décide de faire dans la reprise… ça fait peur quand on connaît leur capacités en terme de créativité !

Et donc du Rock’n’roll ! De suite, l’ambiance proposée sur "That’ll be The Day", le standard de Buddy HOLLY va vous prendre a la gorge par sa radicalité, un vrai riff pesant et presque hard rock, les guitares sont incisives et c’est pas la fête a neuneu ! Carrément surprenant et loin des harmonies célestes auxquelles nous étions habitués… Très originale mais la version de Buddy est a des années lumières au niveau légèreté. Puis il est bien difficile de faire la part des choses avec cette version de "Maybellenne" de Chuck BERRY, elle me fait penser aux reprises du samedi soir par les groupes locaux… pas une super réussite !

Le duo avait déjà essayé de reprendre du LITTLE RICHARD, on ne peut faire mieux en terme de grand écart forcément ! Alors "Kansas City" bénéficie d’une orchestration 5 étoiles avec une gratte intenable mais on s’ennuie ferme. La version ici présente de "Hound Dog" est… étrange… Au début on reconnaît les paroles mais pas vraiment la chanson avec cette batterie martiale, a des années lumières de la version d’Elvis PRESLEY. La "Lonely Weekends" de Charlie RICH se présente sous de jolis atours et reste un des titres sympas a redécouvrir ici, avec un brin de modernité.

De la soul ? La "So Fine" de Johnny OTIS montre a quel point le duo avait des oreilles un peu partout, on est bien loin des éléments teenage rock de leur musique. Difficile de comparer avec l’originale évidement car tout ceci est a nouveau très pesant. "Dancing In The Streets" est un des grands succès de 1964 par MARTHA & THE VANDELLAS, sur un boulot de Marvin GAYE mais oui ! La critique est la même, les frangins ne sont pas a la fête la dessus, et Don est le plus souvent en solo alors que Phil rame pour proposer de jolies harmonies sur un titre aussi plat. "I Got A Woman" pouvait laisser penser que les voix y trouveraient leur compte, c’est une des premières voix que je vois les EVERLY sortir de leurs gonds et délaisser leurs harmonies pour des cris d’assez bon aloi au final ! Un des moments rigolos de cette livraison

La resucée de "Love Hurts" du couple des Bryant, une comptine mollassonne, n’aura aucune postérité. La gratte est nucléaire sur "Slippin And Slidin", mais rien d’autre a souligner… Je ne suis pas fan du tout de leur proposition sur "Susie Q" de Dale HAWKINS, qui perd tout son allant on attendra le CREEDENCE pour avoir plus cool. Enfin, la "I’m Gonna Move To The Outskirts Of Town" un vieux blues de 36 par Casey WELDON trouve ici une postérité innatendue.

Un album pour du beurre ou comment honorer un contrat avec une maison de disque sans se fouler des masses, on espérait que le duo allait sortir son épingle du jeu avec ce mix de rock’n’roll et de soul mais le résultat est plutôt décevant, pour ne pas dire préoccupant sur le niveau des frangins EVERLY en cette année 64 ou tout se casse la gueule pour eux. De supers musicos dans leur team - James Burton, Curtis Strange, Glen Campbell ne change rien a la donne, c’est un album sans réel intérêt qui vaut un deux étoiles !