Le premier album des THREE DOG NIGHT a fait un flambard certain auprès de la jeunesse des révoltés de 1968, incarnant un visage tranquille face à la hippisation de la société. Il va de soi qu’on ne retrouvera pas notre groupe dans les grands festivals tels Woodstock ou l’île de Wight. Il faut toujours des groupes sages dans la rock music, qui présentent mieux que les vilains hardeux ou drogués, tout en sachant qu’au niveau des substances illicites nous avons ici aussi affaire à des champions. Voyez leur bonne tête, tout semble aller pour le mieux en tout cas !

Les trois chanteurs se partagent deux titres : le hammond soutient fort bien "Feelin Alright". Le trio assure et le petit Mike Alsupp y envoie la purée avec agressivité. C’est déjà la deuxième fois que le groupe reprend du TRAFFIC et c’est plutôt une réussite.
"Celebrate" sort de l’imagination des compositeurs de "Happy Together" des TURTLES, Parker et Bonner. Les cuivres y sont joyeux et l’atmosphère super pop. La mélodie est jolie mais légèrement trop répétitive. Ce 3ème single atteint néanmoins la 15ème place du billboard.

Reprendre Laura NYRO n’est pas chose aisée, surtout lorsqu’on évoque le grand classique qu’est "Eli’s Coming" - 10ème du billboard - . Pourtant, la performance du trio, Cory bille en tête, n’a rien de ratée, voilà au contraire un titre probant à mettre à leur actif. On peut à peine lui reprocher sa courte durée.
Le plus souvent, Cory est en charge des titres les plus agressifs, en témoigne "Ain’t That A Lotta Love". Le grand Sam COOKE est de la partie. Comme souvent avec les grands de la soul, Cory Wells est à la baguette, le classique "A Change Is Gonna Come" ne s’aligne certes pas sur l’originale mais reste de belle qualité.

Chuck Negron dispose à nouveau de deux titres : avant qu’il ne devienne connu aux states, Elton JOHN était déjà digne de faire l’objet de reprises, ici sa "Lady Samantha" composée avec Bernie Taupin, comme il se doit, plutôt sympa. "Easy To Be Hard" est tiré de la comédie musicale Hair. Chuck lui donne une vibe un brin plus psychédélique avec ses orgues éthérés, le titre parvenant à la 4ème place des charts, une sacrée perf' !

Nous sommes étonnés de constater que "Dreamin Is Good For You" est une composition de Danny Hutton – le garçon était compositeur de musique chez Hannah Barbera, rien de surprenant au final. Hélas, le résultat n’est guère brillant, d’autant que Danny est incontestablement le moins original des trois chanteurs pour le moment. Il chante la très pop "Circle For A Landing" dans une veine très sixties, mais cela ne restera pas comme un acte de gloire, c’est le moins qu’on puisse dire.

On trouve un peu incongru la présence d’un instrumental percussif au sein d’un opus des THREE DOG NIGHT. "King Solomon’s Mine" est la réalisation du batteur black Floyd Sneed, incontestablement un homme qui connaît son boulot, je vois cela comme la réalisation du fait qu’il s’agit bien d’un groupe et non de trois chanteurs accompagnés d’un groupe de nobody.

Incontestablement, cet opus est moins brillant que le premier. Le manque de titres vraiment supérieurs est à déplorer, si l’on exclut tout de même la performance de "Eli’s Coming". Je ne peux que regretter la prééminence de Danny Hutton sur deux titres ainsi que l’instrumental parfaitement inutile. Mais le succès des singles est tel que le groupe, bénéficiant largement de cette sortie, s’impose encore plus au sommet du showbiz.