Pour l’instant, et après quatre années de bons et loyaux services, les chiens de la nuit – qui sont bien sept comme le revendique le titre de ce huitième opus – sont en pleine bourre. Les hits s’amoncellent au sommet des charts et tout semble aller pour le mieux. Nous en sommes déjà à une belle collection de succès. Peu de groupes peuvent se vanter d’avoir fait si bien en si peu de temps, mais on sait bien que dans la showbiz il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. La formule est gagnante, il faut juste trouver le bon grain pour notre groupe de requins chiens. Tout n’est cependant pas parfait, notamment du côté de Chuck Negron qui commence sérieusement à taquiner le singe, les travers des rock stars, alors que Cory Wells vit de manière très modeste.

Le single number one de cette livraison est "Black and White", sans aucun doute le grand fait d’armes de Danny Hutton qui n’a jamais aussi bien sonné. Mais si, vérifiez, chers camarades, vous avez tous entendu ce titre au moins une fois dans votre vie. C’est gai, pas ramenard pour deux sous, assez révélateur de la pop du début des seventies. Ouais, on était gâtés à l’époque. Et les THREE DOG NIGHT de continuer à truster avec régularité des premières places du billboard, celui-ci sera numéro un tout simplement, un morceau d’histoire malgré sa simplicité. On retrouve la voix nasillarde de Danny sur "The Writing On The Wall", pas transcendant mais écoutable, soyons courtois.

Cory est à la baguette sur deux titres : Randy NEWMAN est de la partie avec "My Old Kentucky Home", étonnant non ? La voix de Cory est parfaite pour ce classique dont les versions sont aussi nombreuses que les étoiles dans le ciel. Qui ne la connaît pas, levez le doigt, les cancres ? Cette version est sympa, mais ne se signale pas particulièrement. Sa voix gorgée de feeling est aussi de retour sur "Tulsa Turnaround", à la gloire de l’Amérique profonde du middle west qui sera un fait d’armes pour le FIRST EDITION de Kenny ROGERS.

Deux titres sont chantés par Chuck Negron : "Pieces of April", le second single, écrite par Dave LOGGINS, le cousin de Kenny, est une petite bluette au son nashvilien avec cuivres discrets et thème un brin pompeux. On s’y endort volontiers, même si le titre atteint la 19ème place des charts. On est loin du succès précédent, mais le groupe continue de truster les sommets, pas si loin de la variété que ça cependant. "Midnight Runaway" choque par son riff d’entrée assez rentre-dedans, et cette fois, Chuck se laisse aller à une performance bien agressive, on se croirait avec un groupe de southern rock entre les mains, très sympa, le solo de Greenspoon au hammond déchire bien.

Les trois vocalistes participent à plusieurs titres dont la larmoyante "Going In Circles", qui se signale malgré tout par un petit orgue sympa. Russ BALLARD donne "Chained", l’occase pour les chanteurs de lancer de belles vocalises, mais je ne suis guère convaincu par l’ensemble. On regagne un peu de vibration psychédélique sur "In Bed", certes un brin répétitive, mais qui se laisse bien apprivoiser par les trois vocalistes. Allen TOUSSAINT est de retour avec son "Freedom For The Stallion", traité dans une vibration très gospel par le groupe, chacun son couplet chanté de manière martiale, un hommage sympa.

Le bassiste Jimmy Greenspoon s’est pointé avec une composition lors de l’enregistrement de l’opus. Eh oui ! Cela nous donne le charmant instrumental ambient qu’est "Prelude To Morning", et c’est marrant, voyez-vous, ma maman aimait le groupe et malgré mes cinq ans de l’époque, j’ai cet air qui me trotte en tête assez régulièrement, il est donc suffisamment agréable pour que ma mémoire l’ai digéré et accommodé.

L’équilibre dans la continuité ! Comment mieux analyser l’oeuvre des THREE DOG NIGHT en ce début de décennie seventies ? Les trois chanteurs sont désormais à égalité, du moins sur la distribution des crédits de chacun, c’est une bonne chose bien sûr. Le groupe percute bien, pas un changement de line up depuis les débuts, c’est déjà une performance en soi quand on est sept. Je reste sur un trois équilibré pour cet agréable album qui ne contient cependant pas de réelle surprise ni de moment d’exception.