La nouvelle pochette apporte une éclatante confirmation : les THREE DOG NIGHT sont en fait sept. Pas de mise en avant des vocalistes traités à égalité avec les autres membres du groupe, ce qui est de bon aloi et très respectable. Il est agréable de voir ce groupe, alors au sommet des charts de manière très régulière, imposer la mixité sans détour en 1972. Ce n’était pas si fréquent ! Les temps changent, les révolutions avancent et même si pour certains la consommation de stupéfiant augmente - cela ne se voit pas encore sur Chuck – la situation est parfaite pour les Américains qui ne craignent alors rien ni personne, et ça se voit.

Deux compositions de Daniel Moore fournissent les deux singles de l’opus, chantés par Cory Wells : l’essentielle "Shambala" narre la recherche et finalement l’accès au royaume merveilleux du même nom. On y apprécie le gai refrain ainsi que l’apparente félicité qui se dégage de chaque partie du titre, les ouhouh, et cette manière si personnelle qu’à Cory de prononcer "Shambala". Le titre pointe à la 3ème place du billboard, encore un top pour les chiens de la nuit. "Let Me Serenade You" sonne tel que son titre l’annonce, à grands renforts d’esprit gospel et de soul, soutenu par un orgue d’église très sympa. Il atteint la 19ème place des charts. Quant au petit mélange sixties hard avec un hammond bien présent et une batterie qui en rajoute des tonnes, c’est "Play Children Play" qui l'amène. On constate rapidement que Cory Wells a repris le pouvoir sur ce huitième album puisqu’il est au chant solo sur pas moins de 4 chansons.

Trois compositions sont du petit gratteux Mike Allsup, éminent mais discret membre des THREE DOG NGHT depuis les débuts. L’homme a fait la preuve de son professionnalisme depuis lors et il est juste de récompenser son talent. "Happy Song" ouvre le skeud, un rock très seventies avec de chouettes vocalises des chanteurs, même si on reconnaît Chuck à la baguette. Il chante d’ailleurs les deux autres, ainsi la douce "Storybook Feeling", qui manque clairement de couilles pour transpercer l’auditeur mais qui est tout de même très relaxante. "Into My Life" sonne tel un titre d’Elton JOHN, l’originalité en moins et un petit esprit gospel qui traîne sa carcasse de-ci de-là. Chuck est aussi sur la Jamaïcaine "Singer Man", plus moderne dans sa forme, avec une superbe rythmique d’Allsup, très addictive mais un poil répétitive.

"Lay Me Down Easy" est l’unique titre chanté par Danny Hutton. Il s'agit d'une petite vibe Rythm’n’blues avec beaucoup de Yeah yeah. La voix de ce titre chaloupé passe fort bien, offrant un petit moment intense à signaler car il est rare que Danny s’en sorte aussi bien que ses deux comparses. Enfin, la reprise de SEALS & CROFT, "Ridin’ Thumb", assez conforme à l’originale, avec son hammond tressautant et son esprit plutôt hard-rock, a du mal cependant à captiver un auditeur qui s’endort un brin.

Les trois chiens de la nuit restent au niveau conforme qui est le leur. Il est bien entendu de plus en plus difficile de se renouveler et c’est donc ici l’occasion de laisser briller d’autres compositeurs. On ne retrouve pas sur cet opus les essentiels Axton, Toussaint ou Williams, mais la qualité reste au rendez-vous, les surprises en moins, même si "Shambala" se signale par sa candeur mystique. Je suis donc sur un trois équilibré, ou plutôt j’y reste.