Les THREE DOG NIGHT n’ont jamais été vraiment soutenus par les critiques et magazines de tous poils. C’est souvent le lot des interprètes. Pourtant, voyez la nouvelle pochette où Danny, Chuck et Cory sont considérés à l’égal des musiciens du groupe, de quoi prouver après la précédente qu’il n’est pas fait de favoritisme. Le groupe mène la grande vie entre tournée des stades et groupies permanentes backstage, substances illicites, voitures de sport et grandes baraques. Seul Cory semble bien s’adapter à cette nouvelle vie qu’il regarde de loin plutôt que de l’intégrer comme ses deux comparses. Cinquième opus studios en seulement 3 ans !

Cette fois, Chuck Negron s’est gardé la majeure partie des chansons de cet album : "You", le classique de la Tamla motown, sonne pas mal, même si on s’éloigne un peu du pré carré du groupe. On lui préfère la version originale de Marvin GAYE. Il se débrouille pas mal sur la "Never Dreamed You’d Leave In Summer" de Stevie WONDER, mais le top de cette année 71 est probablement la composition de Paul WILLIAMS, "An Old fashioned Love Song", qui porte encore en elle les stigmates des influences sixties de son géniteur, et parvient à la 4ème place du billboard.

Danny Hutton se fend cette fois de deux titres, c’est son record jusqu’à présent. Il reprend le "Night In The City" de Joni MITCHELL au joli rythme trépidant. Cette song gaie et insouciante est récompensée d’une 12ème place dans les charts. Le titre de Terry Furlong "My Impersonal Life" trouve ici l’interprète idéal en la personne de Danny qui y met tout son coeur, aidé par le groupe super soudé derrière lui, notamment Mike Allsup intenable. Le refrain magnifique se laisse bien aimer.

Cory prend donc les deux restantes, mais sa performance sur "Murder In My Heart For The Judge" de MOBY GRAPE est absolument mémorable. La mise en place du titre est juste grandiose avec Allsup intenable à la guitare, un titre de hard-rock bluesy comme on les adore et le top de cet album. On retrouve Hoyt Haxton sur le classique "Never Been To Spain". Cory remplit bien son contrat, Mike fait la guitare steel. L’ensemble sonne terriblement ricain, et nous voici à la 4ème place du billboard. Que de succès !

La "Jam" est le titre de THRRE DOG NIGHT pour cette livraison, une simple jam sans queue ni tête mais qui tend à prouver, une fois de plus, que le groupe en est un ! "The Family of Man" n’est pas désagréable, mais cette chanson de Paul WILLIAMS n’est pas pour moi du niveau des autres reprises du petit blondinet par le groupe. "Intro : Poem Mistakes And Illusions" tiré d’un poème de Paula Negron, l’épouse de Chuck, les voit intervenir les uns après les autres sur un piano obstiné, mais je ne lui trouve guère de charme.

Incontestablement, un petit coup de moins bien après l’album précédent qui touchait au sublime. THREE DOG NIGHT continue néanmoins de truster les premières places du billboard et tant que c’est le cas, il n’y a rien à craindre pour sa carrière. L’efficacité reste de mise malgré les addictions plus ou moins sévères qui commencent sérieusement à s’imposer dans le groupe. Mais seulement trois ans après les débuts officiels du septet, la magie opère et sauvegarde les intérêts de tous. Je suis sur un trois de rigueur, mais écoutez cette version démente de "Murder In My Heart For The Judge" !