Le dernier opus en date des THREE DOG NIGHT accusait une sérieuse baisse de niveau, en l'absence de vrai classique et en obtenant des résultats inhabituellement médiocres en terme de vente. Le groupe a clairement perdu de sa superbe et maintenant est le moment de vérité. Il faut recoller au peloton des winners du billboard ou se perdre dans les méandres des has been. Tout se joue si vite en ces mid-seventies ! En tout cas, constatons que le groupe mise sur ses chanteurs, tous apparaissent plus sophistiqués et policés que jamais. La magnifique section rythmique est désormais amputée du bassiste Joe Schermie, remplacé par Jack Ryland, une première blessure. Il s’agit déjà du dixième album studio des chiens de la nuit.

Pour le seul single de cette livraison, le slow lance à nouveau Chuck Negron sur les glorieuses pistes du passé du groupe. Hélas, "Till The Wold Ends" ne possède pas les qualités qui font les grands classiques. C’est mignon mais les arrangements trop cosmopolitan handicapent considérablement le titre. Il chante l’éponyme "Coming Down Your Way" avec agressivité et, comme souvent avec Chuck lorsqu’il sort de son pré-carré, c’est mauvais. Il est aussi chargé du slow "When It’s Over", plus en accord avec ses capacités, mais cette composition du grand Jeff Barry – "River Deep Mountain High" ou "Da doo ron ron" - est trop moyenne pour provoquer le moindre buzz. Il chante "Yo Te Quiero Hablar" de sa voix de fausset, avec harpe et petit rythme latino dans la langue de Cervantès, l’effort est louable et se laisse bien écouter.

Il faut mettre toutes les chances du bon côté, alors Cory Wells reprend le super standard "You Can Leave Your Hat On" de Randy NEWMAN, dans une version honnête, sans atteindre toutefois au sublime de celle de Joe COCKER. Il est très – trop ? - agressif sur "Good Old Feeling" mais à nouveau trop de simagrées dans ses arrangements dénaturent le titre.
Daniel Moore est de la partie là aussi pour faire au mieux. "Lean Back Hold Steady", un petit titre vaguement tonk, se laisse apprivoiser mais ne sera pas suffisant pour renverser la vapeur des loco qui ornent la pochette. Le classique d’Allen TOUSSAINT "Mind Over Matter" perd de sa superbe avec les THREE DOG NIGHT, on lui préfère notamment la version superbe de Johnny WINTER couillue à mort, ici on s’endort. Ce titre exceptionnel mérite de la vibration, et Allsup, tout méritant qu’il soit, n’est pas Jeannot Hiver.

Danny Hutton est chargé de deux titres : "Midnight Flyer", un ersatz de countrypolitan à l’abominable orchestration seventies, est un classique de mauvais goût pompeux et emphatique, aux synthés qui hurlent à la mort et à la batterie monocorde 'dégueulasse'. Floyd a fait ça ? "Kite Man" est du même niveau, avec une basse synthétisée horriblissime. Danny semble se désintéresser complètement de sa performance et même les choeurs de Cory et Chuck sont d’une teneur abyssale, le pire titre de la carrière des THREEDOG NIGHT ? C’est bien possible, on se demande comment on peut faire aussi minable.

Le constat est terrible, il n’y a pas ici le moindre matériel susceptible de sauver les THREE DOG NIGHT qui s’enfoncent dans la médiocrité. Seule la portion chantée par Danny Hutton est vraiment à la ramasse, Chuck Negron – malgré les excès d’Héroïne - et Cory Wells – seul aux commandes au final – proposent tous deux un titre de bon aloi, mais sans parvenir à sauver le disque du désastre. Le seul single n’a aucun intérêt et je ne parviens pas à atteindre la note de deux étoiles sur cet opus que je conseille clairement d’éviter.