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- Style : Luke, Stephan Eicher

CALI - Ces Jours Qu’on A Presque Oubliés, Vol. 2 (2023)
Par GEGERS le 8 Avril 2023          Consultée 1552 fois

CALI, c’est le chanteur des détails, le poète des petites choses. Le genre d’artiste qui peut digresser, de nombreux vers durant, sur un regard rempli de larmes, sur le froissement que fait le papier d’une lettre que l’on cachète, sur la résonance de cette porte que l’on claque comme un adieu. Le premier volet du diptyque Ces Jours Qu’on A Presque Oubliés renouait avec cette intimité souvent nostalgique et mélancolique, et voyait le chanteur proposer un album intimiste, allant à l’essentiel, ouvrant un nouveau chapitre rassurant après quelques années d’errance. Cette nouvelle sortie, quelques mois seulement après la précédente, va encore plus loin dans la démarche, puisque très épuré, cet album composé uniquement de ballades (le plus souvent folk) nous laisse à découvrir un CALI plus à nu que jamais. Mais en se livrant ainsi, l’artiste a laissé s’échapper un ingrédient essentiel de sa musique : l’intensité.

Cette urgence, cette envie de vivre et de le clamer haut et fort, telle qu’on pouvait l’entendre sur un excellent morceau tel que "Lâche pas", est ici totalement absente du paysage. Guitare acoustique et piano, auxquels se joignent parfois quelques instruments à cordes frottées, constituent l’essentiel de l’habillage sonore de ce nouvel album dont les mélodies et le phrasé du chanteur font parfois penser aux vieux DYLAN, ce que l’on ressent par exemple à l’écoute du morceau "N’abandonne pas", titre globalement assez plat sauvé par une fin plus entreprenante agrémentée de chœurs féminins et d’un violon celtisant dont l’intervention se fait malheureusement ici bien trop courte.

On voit assez rapidement où l’artiste veut en venir. Lui dont les chansons étaient un catalyseur, un support générateur d’émotions diverses, propose ici des titres dont la seule finalité semble d’exister pour ce qu’ils sont. Ils peinent à porter des émotions, à l’image des textes globalement sans surprises. Là où les vers de CALI nous émouvaient, nous enhardissaient, nous renvoyaient face à notre propre condition d’humain minuscule, ils nous indiffèrent ici. Il est question d’enfances malmenées, de familles défigurées, de destins brisés, de rendez-vous manqués. Mais ces histoires nous semblent étrangères, et le chanteur, qui chante parfois avec emphase, ne nous embarque pas avec lui.

L’introductif "Une maman" se fait pourtant agréable, porté par une section à corde frottées et une guitare acoustique délicate. Les paroles évoquant l’amour d’une mère vu à travers les yeux de son fils sont agréables bien qu’anodines, et un violon, comme une caresse, de même qu’un clavier qui s’excuserait presque d’être là clôturent avec beauté ce morceau. C’est simple, c’est beau, c’est CALI. Malgré une belle mélodie portée par un piano délicat, "Je suis à toi" peine à se hisser au même niveau. Un des rares morceaux proposant des arrangements "fournis", notamment une batterie et une section rythmique, on ne parvient pas à adhérer à cette émotion qui semble factice.

Il faut, pour sentir son cœur battre et s’extasier, attendre "Lambeaux", que le thème rapproche fortement du morceau "Je rêve de voir l’été", même s’il ne bénéficie pas de cette même splendeur triste naturelle. Mais tout de même, on est cueilli. Notre peau vibre à chaque phrase, à chaque mot, et notre cœur s’arrête en même temps que le morceau. Du grand CALI. On apprécie tout autant "La fille aux pieds nus", sans savoir précisément ce qui distingue ce morceau des autres titres de l’album. Peut-être s’agit-il de cette guitare acoustique plus entreprenante qui donne une saveur, une identité, une vie à ce titre aux airs de rite de passage à l’âge adulte (pour l’ambiance, pensez à cette scène culte avec Christian Slater dans Le Nom de la Rose). Sur le final, un solo de guitare hispanisante décuple la splendeur de ce titre qui s’impose comme un des meilleurs de l’album.

Il faut dire que la concurrence n’est pas rude. On apprécie "Ma petite fille", sorte de valse triste qui ressemble au morceau "Madame Butterfly" (album La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur ), ainsi que le titre final "Ils sont venus la chercher", même si on regrette que le chanteur se place ainsi en porte-voix de cette enfance qu’il semble chérir plus que tout. En jouant les porte-voix d’une jeunesse déchirée, l’artiste semble vouloir tordre le monde pour le refléter à travers son filtre. Un harmonica intéressant renforce la richesse mélodique de ce morceau.

Le reste n’est guère marquant, entre les répétitions hasardeuses sur "Gamin", cette guitare qui prend des airs de sirtaki à la fin de "Reste pas tout seul" et la mélodie minimaliste et passe-partout de "L’amour aux temps du corona", le morceau le plus nostalgique de l’album. On se retrouve ainsi à gratter, fouiller, tenter de dénicher quelque intérêt à écouter cette suite bien terne lorsqu’on la compare au premier volet de Ces Jours Qu’on A Presque Oubliés. Comme s’il avait baissé les bras, CALI propose un album sans enjeu, dont la souffrance semble calculée, dont l’apaisement semble fabriqué. C’est bien la première fois que l’artiste semble prétendre être au lieu d’être, et cette litanie de portraits misérables ne rend pas service à un album assez décevant, malgré quelques pépites.

2,5/5

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1. Une Maman
2. Je Suis à Toi
3. Dans Tes Bras
4. Lambeaux
5. N'abandonne Pas
6. La Fille Aux Pieds Nus
7. Reste Pas Tout Seul
8. Gamin
9. Ma Petite Fille
10. L'amour Aux Temps Du Corona
11. Ils Sont Venus La Chercher



             



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