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- Style : Luke, Stephan Eicher

CALI - L'amour Parfait (2003)
Par GEGERS le 14 Juin 2023          Consultée 620 fois

C’est l’histoire d’un mec qui pris des coups, qui vit un perpétuel conflit interne qui voit s’affronter ces irréconciliables plaques tectoniques que sont les sentiments, les espoirs et la réalité. Lorsque CALI se présente à nous au début des années 2000, la France l’accueille a bras ouverts, et le chanteur devient immédiatement le porte-voix d’une génération accablée de fausses illusions. L’Amour Parfait n’est pas le premier album de CALI. Leader des groupes Indy, Lithium puis Tom Scarlett, le natif de Perpignan roule sa bosse sur les scènes locales depuis le début des années 1990. Ce qui change ici, c’est le succès. Poussé par France Inter, programmé en 2002 sur le festival des Francofolies, celui qui constitue le chaînon manquant entre Léo FERRE, MIOSSEC et LOUISE ATTAQUE suscite très rapidement des réactions très fortes : on aime, ou on déteste. C’est tant mieux, car CALI ne semble pas désireux de s’épanouir dans la tiédeur.

L’Amour Parfait démarre comme une frénésie. Premier d’une longue litanie de tubes, "C’est quand le Bonheur" déboule avec un piano sautillant et un violon plus tempéré. En contrepartie à cette énergie instrumentale, CALI se présente dans toute sa fragilité et ses incertitudes, dont la voix fébrile et intense du chanteur en est l’étendard. Le propos est direct, sans fioritures. La où un CABREL sélectionne les mots pour leur sonorité, parfois même plus que pour leur sens, CALI ne s’encombre pas de l’arrondissement des angles. La rime est parfois volontairement pauvre, et le chanteur règle ses comptes sans se soucier de la beauté du verbe. Il se donne entier, avec sa poésie fragile. "C’est aujourd’hui que je viens vous offrir ma vie", chante-t-il sur ce titre introductif. Tout est dit, l’artiste se donne sans pudeur.

L’air faussement digne, ridiculement fier, CALI se présente le visage griffé par la vie sur ce manifeste originel. L’Amour Parfait est intégralement consacré au sentiment amoureux, vivace et vibrant, mais sous le prisme de sa mise à mort. L’album décrit tour à tour la certitude de l’amour, l’arrivée du doute, et la rupture. "Je n’ai plus d’incendie au fond du ventre c’est comme ça", chante CALI sur "Elle m’a dit", second tube qui aura illuminé l’été 2003 pour nombre de balafrés de l’amour. L’intensité est physique, l’évocation est instantanée. L’écoute de la musique du chanteur d’origine italienne génère des images. Et des images fortes. Sur "Dolorosa", CALI crache ses chansons avec une urgence enivrante. C’est un bonheur, une exultation, que d’écouter ce violon déconstruit qui illustre le naufrage de ce narrateur qui perd pied, qui devient fou au point d’inviter à déjeuner l’amant de sa femme, ou du moins d’imaginer le faire.

"Pensons à l’avenir", ballade folk d’une tendresse indicible, prend le contrepied de ce rock magnifiquement épileptique. Piano et guitare acoustique, adoucis par l’intervention d’une voix féminine sur le refrain, habillent la mélancolie avec justesse et précision, faisant de ce morceau un des essentiels du répertoire de l’artiste. "Le Grand Jour", qui évoque cette fois-ci la séparation physique, complète le quintet des tubes issus de l’album, ce titre enjoué et tout d’abord minimaliste, se transformant peu à peu en une symphonique pastorale emplie d’allégresse. L’exultation est ici contagieuse. D’autres pièces moins connues complètent avec brio ce puzzle fantasmagorique où le chaud et le froid cohabitent en permanence. "Il y a une question", dont la mélodie joyeuse est soudainement contrastée par un break d’une tristesse indicible, vaut le détour, tout comme "J’ai besoin d’amour", sur lequel CALI se fait funambule sur le fil ténu des sentiments.

Le verbe aiguisé, le chanteur s’affranchit des guitares sur "Fais de moi ce que tu veux", ballade au piano aux arrangements orchestraux, alors que, au contraire, il les rend électriques sur "Différent", dont la première partie évoque l’univers de NOIR DESIR. En fin de morceau néanmoins, une longue section instrumentale donne au morceau des ailes et lui permet de prendre le contrepied de "Le Grand Jour" par sa tristesse contenue. "L’amour parfait", qui clôture l’album, a des faux airs de "Unchained Melody" et offre une conclusion toute en nuances à ce voyage marqué par de nombreuses turbulences.

L’Amour Parfait est un cri qui retentit d’autant plus fort qu’il semble avoir été trop longtemps étouffé. CALI navigue entre violon, guitare et piano, créant un univers qui permet à sa voix à la fois puissante et fébrile de se faufiler entre les balles, de répondre aux coups reçus par les mêmes coups donnés. Ce premier album est une pépite bancale, un chef-d’œuvre incomplet, qui illustre parfaitement les vides de l’âme et les faiblesses du corps. Un premier album comme une épiphanie, qui lance tambour battant la carrière de l’artiste perpignanais.

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1. C'est Quand Le Bonheur ?
2. Elle M'a Dit
3. Pensons à L'avenir
4. Il Y A Une Question
5. J'ai Besoin D'amour
6. Dolorosa
7. Tes Désirs Font Désordre
8. C'est Toujours Le Matin
9. Le Grand Jour
10. Fais De Moi Ce Que Tu Veux
11. Différent
12. Tout Va Bien
13. L'amour Parfait



             



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