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- Style : Luke, Stephan Eicher

CALI - Cavale (2020)
Par GEGERS le 23 Mars 2020          Consultée 1872 fois

J’aime CALI pour la fragilité qu’il dégage. Cette voix en permanence sur le fil du rasoir, prête à tomber à tout moment du côté de la tristesse la plus absolue ou de l’exaltation la plus béate. Touche-à-tout, l’artiste libre s’est construit une discographie bariolée, ouverte aux expérimentations et à l’inconnu. La réussite, si elle a souvent été au rendez-vous, n’a pas toujours été une compagne fidèle de l’artiste, qui après avoir connu un pic de popularité dans la deuxième moitié des années 2000 a troqué le feu des projecteurs pour une indépendance artistique source de belles réussites, mais aussi de quelques déconvenues. Aucune de ces quelques déceptions que nous avons pu ressentir n’atteint néanmoins le niveau de celle que l’on éprouve à l’écoute de ce Cavale, huitième album du chanteur, qui nous laisse profondément et durablement circonspects quant aux choix réalisés par l’artiste.

Cavale n’est pas seul. L’album voit en effet sa sortie coïncider avec celle du deuxième ouvrage de CALI, Cavale Ca Veut Dire S’Echapper, roman initiatique qui succède à un premier publié en 2018. Après l’enfance, la fin de l’innocence, CALI aborde ici, tant sur livre que sur album, l’adolescence et ses méandres, ses douleurs et ses expériences. L’adolescence, un terrain de jeu parfaitement adapté à l’univers musicale de l’artiste, puisque c’est l’âge ou les sentiments se font explosifs, ou les émotions se voient décuplées par l’absence de carapace, où les blessures se font plus profondes. L’adolescence n’est pas la seule clé de voûte de l’album, mais le thème est là, présent, en filigrane.

Le problème est que l’adolescence peut servir ici d’excuse à des textes enfantins, à des rimes médiocres. CALI force le trait. Désireux de réinventer sa musique, l’artiste a collaboré avec Augustin Charnet, jeune artiste compositeur, réalisateur du dernier album de CHRISTOPHE. Mais au lieu de se réinventer, CALI semble plutôt se perdre et s'auto-parodier. "Cavale", qui ouvre l’album, donne le change. On retrouve ici l’artiste que l’on connaît et que l’on aime. Les claviers ont remplacé les guitares, et la prédominance des cordes frottées (violons, violoncelles) offrent un habillage nouveau au litanies tendres et délicatement désabusées du chanteur. Mais le morceau se fait réussi, gagnant en intensité à mesure de sa progression. Les sonorités electro ? Pourquoi pas.

Sur des sonorités blues, porté par un riff électrique (la guitare prend ici des airs de banjo) qui devient un loop electro, "Viens avec moi" est également un titre engageant, agrémenté de la sympathique présence de la chanteuse Mathilda. Et puis, CALI plonge dans l’inédit, le nouveau, le risque. "C’est avec un couteau qu’on fait une chanson" se fait en effet slam triste. Sur des sonorités jazz, piano et claviers se mêlant sur un beat syncopé nous offrent un visage nouveau de l’artiste. La prise de risque est honorable, mais le résultat est indigeste. Voulant se faire cinématographique, évoquant des métaphores très visuelles, l’artiste construit un univers violent et triste qui ne parvient pas à dépasser le stade de la curiosité malsaine.

Ce titre marque le début d’une surprenante descente aux enfers. Sur "Sois doux", l’ambiance est glaçante de médiocrité. CALI propose là une pop sucrée, bâtie autour de mélodies au Bontempi évoquant un mauvais Etienne DAHO. Le chanteur Tom Barman, qui propose quelques couplets en anglais, est la seule chose à sauver de ce désastre intégral. Allant chercher ses influences du côté de DEPECHE MODE ("Je voudrais vivre heureux") ou de U2 ("Mon fils ma vie"), CALI galvaude tout un pan de la musique pop, proposant de la mièvrerie en guise de plat de résistance. Pas d’intensité, guère de poésie, l’existence chantée par le bonhomme est lénifiante. "J’ai rarement été aussi en vie", chante-t-il sur "Alec t’es ou", aveuglé par ces arrangements factices qui tentent de masquer la misère des mélodies.

Ce sursaut qu’est "Je dois encore vivre", sur lequel la verve de CALI se fait de nouveau percutante, envoûtante, n’est malheureusement qu’une oasis dans le désert. "Une séparation", mou, déstructuré, est certainement la pire chanson pour souhaiter bonne chance à un être que l’on a aimé. Une horreur électronique. Mais que viennent faire les DAFT PUNK là-dedans ? Et puis, comme s’il fallait en rajouter, CALI clôt son album avec "15 ans", des sonorités électro et de longues nappes contemplatives qui évoquent plus Sigur Ros que Léo Ferré. Un désastre.

CALI fait ce qu’il lui plait et c’est tant mieux. Libre à chacun d’adhérer. Il y a néanmoins ici, c’est notre opinion, un mariage contre-nature, forcé, entre la sensibilité naturelle de l’artiste et la froideur d’arrangements électroniques complètement dépersonnalisés. Sauvons du marasme les 2/3 titres qui en valent la peine, et oublions ces chansons sans âme qui constituent la majorité de l’album. Quatre ans après le recommandable Les Choses Défendues, CALI ne nous rassure guère quant à la suite de sa carrière, s’il décide de poursuivre dans cette voie.

1,5/5

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1. Cavale
2. Viens Avec Moi
3. C'est Avec Un Couteau Qu'on Fait Une Chanson
4. Sois Doux
5. Je Voudrais Vivre Heureux
6. Mon Fils Ma Vie
7. Alec T'es Où ?
8. Je Dois Encore Vivre
9. Une Séparation
10. Enfuis-toi
11. 15 Ans



             



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