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SYNERGY - Electronic Realizations For Rock Orchestra (1975)
Par NANAR le 26 Avril 2023          Consultée 484 fois

Lawrence Roger Fast, dit Larry Fast, naquit le 10 décembre 1951 dans le New Jersey et étudia l’Histoire à l'université d'Easton en Pennsylvanie. Parallèlement, avec l’appui de son expérience musicale de solfège, il s’intéressa à la production de sons par l’électronique, concevant ses propres instruments avec des moyens limités.
Larry Fast, alors opérateur de la station de radio de son université, rencontra le claviériste Rick Wakeman au détour d’une interview lors de la tournée américaine de YES, alors de passage au campus d’Easton. De par leur intérêt commun pour les sonorités électroniques, les deux jeunes musiciens sympathisèrent vite et Rick Wakeman fut éminemment intéressé par les modules artisanaux de Larry Fast. À tel point que celui-ci accepta d’en construire de nouveaux à l’usage exclusif de Rick Wakeman, qu’il utilisa intensément pour la tournée de YES en 1972, immortalisée par l’album live Yessongs (1973), ainsi que sur l’album Tales From Topographic Oceans (1973), sessions auxquelles Larry Fast put assister depuis la loge technique des Morgan Studios de Londres. Ce premier contact fructueux amena Larry Fast à signer un contrat avec le récent label américain Passport Records, dont il fut d’ailleurs le premier signataire.

Les quatre compositions originales furent progressivement élaborées entre juillet et décembre 1974 sous forme de maquettes sur quatre pistes, à l’inverse de "Slaughter In Tenth Avenue", musique originellement composée par Richard Rodgers et orchestrée par Gene Salzer pour la comédie musicale On Your Toes (1936), arrangée pour disque par Paul Whiteman puis Arthur Fiedler, et reprise par THE VENTURES, groupe de rock’n’roll des années 1960, très prolifique et toujours actif de nos jours. Pour cette reprise, Larry Fast trouva d’une traite les arrangements pour synthétiseurs en septembre 1974. Les versions définitives furent enregistrées dans la foulée au début de l’année 1975. Du propre aveu de Larry Fast, l’enregistrement de cet album fut fastidieux, particulièrement pour ce qui est de la synchronisation des différentes pistes de Moog (monophonique) en un tout polyphonique.
À ce titre, ces 'Réalisations Électroniques' pour Orchestre Rock sont particulièrement impressionnantes de maîtrise technique. Dans la contrainte, Larry Fast s’est surpassé. Tout semble si fluide, si cohérent, si merveilleusement limpide qu’on en oublie les contraintes techniques et goûte cette musique comme une évidence absolue.

Cette débauche technique ne serait que vanité sans un minimum d’ambition musicale. Là non plus, pas de problème, c’est du tout bon. Larry Fast s’est souvent vu attribuer un style musical tendant vers les musiques savantes, à juste titre. Non seulement au vu de la longueur importante des morceaux de cet album, mais aussi et surtout dans leurs construction, expositions et développements, polyrythmies, contrepoints, autant de sophistications qui pourraient passer pour de la boursoufflure pompière. Si ces compositions étaient interprétées par un groupe de rock, l’album serait classé dans le style Rock Progressif.
"Legacy" débute par une brève introduction calme avant un passage lourd et dramatique, hanté par des nappes de Mellotron vénéneuses. La suite voit s’enchaîner deux thèmes longuement développés et transposés, et les dernières minutes sont il est vrai un peu longuettes. Le morceau-titre démarre au quart de tour par un thème martial aux rythmiques puissantes et aux montées dramatiques proprement saisissantes. La mélodie en mode majeure qui suit s’en trouve teintée d’une certaine ironie. Le tout se termine en porte-à-faux avant le morceau suivant, mais aurait très bien pu s’enchaîner avec. "Relay Breakdown" se place également dans un registre optimiste, non dénué d’une certaine folie des grandeurs. Il faut un certain culot pour combiner ainsi une fugue et un contrepoint.

Venons-en à "Slaughter On Tenth Avenue". Il s’agit à la fois du ballet de jazz mis en abyme au début de la comédie et du numéro musical précédant le grand final. Cette pièce très versatile et mouvementée oscille entre danses très sensuelles, coups d’éclat, comique gestuel et un mémorable numéro de claquettes. La version de Larry Fast est relativement fidèle à la partition originelle, malgré le lissage des changements de tempo, quelques libertés prises dans certaines harmonies et l’omission du bref thème des policiers, au centre de la pièce. Force est de reconnaître que Larry Fast intègre très bien cette composition à son répertoire, et qui ne connaît pas la version originelle n’y verrait que du feu.
"Warriors" est le plus beau morceau de l’album, de longs développements labyrinthiques navigant entre malice et mélancolie. Ce sont pas moins de trois thèmes qui se succèdent, un premier très solennel, encadrant et occupant près d’une moitié de la pièce, un deuxième bref et mouvementé, un troisième bucolique entrecoupé d’un trait d’orchestre baroque.
Enfin, certaines rééditions CD de l’album, ainsi que l’édition vinyle européenne, incluent une sixième piste, "Classical Gas", reprise d’un grand succès pop instrumental signé Mason Williams (1968). La version de Larry Fast, enregistrée en août 1975, est originellement parue en single, couplée en face B à une version raccourcie du morceau-titre.

Electronic Realizations For Rock Orchestra demeure le plus grand succès public de Larry Fast, restant 18 semaines dans le Billboard 200 américain, avec un sommet à la 66ème place. Ce premier album a ouvert à Larry Fast une carrière de musicien de session et de scène, à commencer par sa participation à l’album Recycled (1975) de NEKTAR.

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- Lawrence 'larry' Fast (synthés moog, mellotron)


1. Legacy
2. Slaughter On Tenth Avenue
3. Synergy
4. Relay Breakdown
5. Warriors



             



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