Je compatis sincèrement avec les fans qui, en 1984, ont jubilé à la vue d’un double album de SYNERGY, puis sont tombés des nues à la vue de la tracklist. Une bête compilation! Pour sept albums couvrant près de dix ans de carrière, ça va, on a vu pire.

Semi-Conductor brasse l’ensemble de la carrière de SYNERGY jusqu’en 1984, seul Computer Experiments Volume One étant omis – ce qui est normal au vu du caractère expérimental de ce dernier. Certains choix me laissent dubitatif. Il est étonnant que les deux premiers morceaux de Electronic Realizations For Rock Orchestra (1975), "Legacy" et "Slaughter On Tenth Avenue", occupent à eux seuls le premier quart de la présente compilation. De même, pourquoi avoir enchaîné ensemble "Orbit Five" et "Ancestors" de l’album Audion (1981)? Pour le reste, la sélection me semble cohérente, pas trop chronologique mais suffisament pour garder un programme lisible. On apprécie la présence des versions single de "Phobos And Deimos Go To Mars" (1978) et "Delta One" (1979). Enfin, retrouver "Earth In Space", l’un des rares passages valables de The Jupiter Menace (1982), est une très bonne chose.

Si je n’ai pas purement et simplement occulté l’existence de ce disque, c’est grâce aux deux morceaux inédits qui y figurent, enregistrés en janvier 1984 et anticipant déjà largement le futur abum Metropolitan Suite (1987). "Launch At Dawn" est un beau thème grandiloquent au déploiement progressif, avec un son assez rugueux qui le place dans la continuité d’Audion. "To The Edge And Back", après une introduction prometteuse, se perd malheureusement dans un néo-classicisme assez trivial et facile. Autant les émulations d’orchestre fonctionnaient bien sur "Earth In Space" et "Launch At Dawn", autant elles sonnent creux sur "To The Edge And Back".

Semi-Conductor a été réédité en 1998 dans une version double CD, avec de nombreux morceaux supplémentaires – dont une version abrégée de "The World After April" de Computer Experiments (1980 / 1981) et trois morceaux de Metropolitan Suite – ainsi qu’une trackist cette fois-ci réarrangée dans un ordre parfaitement chronologique. C’est à se demander pourquoi Larry Fast a réédité cette compilation dans son catalogue de remasterisations, au lieu de simplement reléguer les deux inédits en bonus tracks de The Jupiter Menace ou Metropolitan Suite. Enfin, quitte à rééditer une compilation, pourquoi ne pas y avoir inclus "Mooncaves" (1992) qui, aujourd’hui encore, dépérit sur l’album collectif Music For The Third Millenium (1999)?

Bref, Semi-Conductor est une compilation à l’intérêt tout relatif.