Recherche avancée       Liste groupes



      
MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Can, Verto, Philippe Besombes
- Membre : Zadri & Mo
- Style + Membre : Richard Pinhas , Georges GrÜnblatt , Ose

HELDON - Agneta Nilsson (1976)
Par NANAR le 18 Octobre 2023          Consultée 530 fois

Agnetha Nilsson est le quatrième album de HELDON et leur dernière auto-production, sur le nouveau label Urus Records qui succède à Disjuncta – tous les albums Disjuncta à l’exception de deux furent réédités par Urus. Le jeu des chaises musicales continue: Coco Roussel, de retour depuis Le Voyageur / Torcol, reprend sa place derrière les fûts sur "Perspective IV", Alain Bellaïche, Gérard Prévost (ZAO, RAHMANN, Jean-Philippe GOUDE), Michel Ettori (d’ailleurs cité dans l’un des titres de Allez Théïa) et Philibert Rossi sont de passage, seul Patrick GAUTHIER sera de retour pour les albums suivants. Pour l’heure, HELDON est encore un one-man band davantage qu’une véritable formation musicale.

It’s Always Rock’n’Roll était déjà à la fois un bilan et un banc d’essais pour HELDON, mais c’est Agnetha Nilsson qui est sa véritable charnière, le point de contact entre les facettes musicales passées et futures de Richard PINHAS. Les quatre morceaux de la première face prennent appui sur les diverses expériences des précédents albums, et en particulier de It’s Always Rock’n’Roll. Les longs paysages répétitifs du double album trouvent leur continuation sur la longue marche froide et patiente de "Perspective I", qui s’extirpe d’un brouillard de son avant de s’épancher en toute beauté en de longs mantras électroniques. Les séquences rapides et aiguës de "Perspective II" font le grand écart entre Électronique Guérilla et les expériences solo de la première face de Chronolyse (1976 / 1978), mais la participation de Coco Rousell aux percussions préfigure, d’assez loin faut-il l’avouer, le travail de François Auger sur les deux prochains albums. "Bassong", composition de Michel Ettori, nettement plus mélodique que le reste, est une réminiscence de "Virgin Swedish Blues" et "Ocean Boogi" du précédent album. Le riff électronique et l’improvisation de guitare discordante et acérée de "Perspective III" s’appuient quant à eux sur l’essai guitaristique de "Zind Destruction" mais sont tournés vers l’avenir, et en particulier un certain rêve. Les séquences électroniques gagnent en profondeur grâce au Moog nouvellement acquis par Richar PINHAS.

Et nous en venons à "Perspective IV", monument de près de vingt-deux minutes qui couvre la seconde face, mais qui cette fois-ci n’a pas grand-chose à voir avec les deux longues plages de It’s Always Rock’n’Roll. Ces dernières étaient fort répétitives malgré la participation de musiciens invités. La "Perspective IV" est plus électrique et vivante grâce à la basse et la batterie, mais aussi plus ambitieuse; si elle contient encore une bonne part d’improvisation, la structure y est bien plus nette. C’est là que l’affiliation avec CAN devient réellement tangible. Ni chant, ni exotisme, mais une étroite liaison entre acoustique, électrique et synthétique d’une part, d’autre part des ambiances à tiroirs moins hasardeuses qu’il n’y paraît. Les entrelacs de guitares en introduction laissent place à un premier passage électronique qui n’est autre qu’un étoffement de "Perspective II". Ce double emploi n’est cependant pas vain, les séquences de VCS3 sont enrichies et les cymbales et bols tibétains de Coco Roussel bénéficient d’une nouvelle… perspective. La guitare refait son apparition et mène à la partie suivante, caractérisée par le groove de la section rythmique, à la fois envoûtante et décontractée. Les traits de synthétiseur si caractéristiques de Patrick GAUTHIER le confirment haut et fort: voilà bel et bien le HELDON nouveau. Fondu-enchaîné avec l’ultime mouvement, qui repose sur un nouveau riff électronique puissant. Coco Roussel se fait cette fois nettement plus déjanté, inaugurant une toute autre facette du futur HELDON, furieuse et hallucinée…

Cut.

L’album se termine brutalement alors que les cymbales résonnaient sur fond de séquençage. Une conclusion qui laisse son empreinte dans le silence, involontairement: "Perspective IV" durait vingt-six minutes mais un manque de bande magnétique au montage en a décidé autrement.

Précisons qu’en parallèle de cet album furent publié deux EP, Soutien à la R.A.F. en 1975 et Perspective 1 Bis Complément / Perspective 4 Bis en 1976. Le premier a été publié en soutien aux membres du groupe armé allemand d’extrême-gauche Rote Armee Fraktion, incarcérés dans le pénitentier de Stuttgart-Mannheim, maltraitance psychologique à la clé. À partir de 1974, les grèves de la fin engagées par ces prisonniers en guise de manifestations trouvèrent un écho internationale; Jean-Paul Sartre rendant visite à Andreas Baader, détenu et l’un des leaders de la Fraction. L’EP de HELDON contient un titre alors inédit, "Baader-Meinhof Blues", en référence au sobriquet de la R.A.F., avec en face B "Omar Diop Blondin", issu de Allez Téia (1975). "Baader-Meinhof Blues" n’est qu’une version tronquée du morceau qui paraîtra l’année suivante sous le titre "Perspective III" sur Agnetha Nilsson. Ne contenant aucun matériel inédit, cet EP n’a qu’un intérêt historique – et pourtant il fut réédité en vinyle en 2014, c’te blague.
Le second EP est plus intéressant. On y trouve "Perspective 1 Bis Complément", variation inédite sur "Perspective I". Après un bref extrait du morceau original en guise d’introduction, le morceau débouche sur un thème inédit de Richard Pinhas au VCS3 et Philibert Rossi au Mellotron, sur fond de boîte à rythme, avec une intervention, en fondu, d’une séquence électronique rapide. La face B contient la section centrale de "Perspective IV".

HELDON est sur le chemin de l’ascension.

A lire aussi en MUSIQUE ÉLECTRONIQUE par NANAR :


Luc MARIANNI
D.g. Portrait (1982)
American nightmare




Luc MARIANNI
Souvenirs Du Futur (1980)
Une certaine fin du monde


Marquez et partagez





 
   NANAR

 
  N/A



- Richard Pinhas (guitares, synthétiseurs)
- Philibert Rossi (mellotron sur 1)
- Coco Roussel (percussions sur 2 et 5, batterie sur 5)
- Gérard Prévost (basse sur 4)
- Michel Ettori (guitare sur 4)
- Alain Bellaïche (basse sur 5)
- Patrick Gauthier (synthétiseurs sur 5)


1. Perspective I 'ou Comment Procède Le Nihilisme Act
2. Perspective Ii
3. Perspective Iii 'baader-meinhof Blues'
4. Bassong
5. Perspective Iv



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod