Second album de David VORHAUS en solo, Sleight Of Mind se distingue de son prédécesseur de par sa nature beaucoup plus homogène. Là où The Vorhaus Sound Experiments était encore en grande partie analogique, Sleight Of Mind est dévolu à la musique programmée sur Fairlight CMI. Le son d’ensemble est donc forcément plus aseptisé, moins vivant. Moins audacieux aussi, car on trouve déjà beaucoup de sons d’usines du Fairlight, notamment des émulations d’orchestre avec forces cordes, cuivres et bois. Alors, la viabilité de cet album tient en sa qualité mélodique.

Eh bien, c’est plutôt réussi. Bien que meilleur que Re-Entry, The Vorhaus Sound Experiments manquait encore de stabilité stylistique. Sleight Of Mind est beaucoup plus abouti. Premier sommet de l’album, "Inferno" est un excellent titre dramatique et urgent, qui développe d’une nouvelle manière le thème du Mouvement III de Concerto For Synthesizer (1975). On retrouve le même genre de circonvolutions dramatiques sur les deux "Hocus Pocus", "Evolution", les deux "Repercussions", "Night Skies" avec des mélodies vives et détaillées. On peut y ajouter "Seasons", les deux "Counterpoints" et "Ripples" aux fortes consonances néo-classiques. Autres pièces remarquables: les sailles orchestrales saisissantes de "Powers Of Darkness", et "Echoes Of War" qui est une judicieuse revisite de "Mars: The Bringer Of War" de Gustav HOLST, contrairement aux références lourdingues de Re-Entry.

Des pièces planantes et peu mélodiques voient le jour, telles "Midnight Suns" et l’ouverture "Creation". Sur la seconde face de l’album, "The Rhesus Rhythm Band" et "Concentric Cacophony" sont des compositions plus rythmiques où David Vorhaus ajoute ses propres samples de l’album An Electric Storm (1969). Par contre, "Laughing Gas" n’a aucun intérêt. Sur ce morceau, David VORHAUS est en roue libre et ne fait qu’improviser en samplant des sons de rires issus de "Love Without Sound".

Il est pour le coup dommage que les ambitions musicales de David VORHAUS soient ainsi limitées par le format radio. C’est un problème récurrent de la Librairie Musicale où les morceaux durent rarement plus de trois minutes. Décidément, "Inferno" aurait mérité davantage qu’une pauvre minute quinze. D’un autre côté, cette contrainte du format a permis à David VORHAUS de se ressaisir après un Re-Entry (1980) très bancal (oui, cet album s’en prend plein la gueule avec moi…). La suite sera de la même trempe, ou presque.