Mine de rien, Real Or Unreal? constitue un tournant dans la carrière de David VORHAUS, au moins sur le plan technique : les Roland D110, Yamaha DX7, Ensoniq EPS font leur apparition. Il en résulte des sonorités bien plus fouillées et variées que sur les cinq album précédents, réalisés presque exclusivement avec le Fairlight CMI.

Musicalement, l’évolution est également positive. Après le trop sage Out Of The Dark (1985), David VORHAUS se saisit de son nouveau matériel et nous offre des compositions riches et versatiles. L’album est introduit par le très efficace et rythmé "Downhill Racer", proche de l’esprit fédérateur de "Mega-Bite" (1982) ou "Out Of The Dark" (1985). À la différence de Out Of The Dark, d’autres numéros rythmés viennent égayer la suite de l’album et encadrer les compositions plus douces. "Supersonic", "Halloween", "Pillow Talk", "Off The Wall", "Machinerama" entre également dans cette catégorie.

David VORHAUS qui a encore de l’inspiration à revendre offre les belles mélodies rêveuses de "Inner Worlds", "Jazz Warp", "A Question Of Time", "Dreamtime", "Dep And Crisp And Even", "The Call Of The Wild" les ambiances prenantes du martial et profond "Elephants’ Graveyard", du pulsé "The Timewatchers", le tortueux "Intrigue", les interludes "Montage", "Future Classics" et "Time Bomb", l’inquiétant "Starfire". D’autres pièces plus atypiques aux rythmes asymétriques et drôlatiques font usage de nombreux samples, tels "Of The Wall", "Pillow Talk" et ses dérivés "Office Talk" et "DIY Talk". Sur "Pillow Talk", on trouve même des samples issus de An Electric Storm (1969) et, cas rare chez David VORHAUS, du vocoder. "Dreamtime" est présent en six versions différentes : deux pistes principales, dont une avec des effets sonores supplémentaires, un développement alternatif, une version plus rapide et deux jingles curieusement subtitulés "The Sequel".

En mettant de côté les jingles de fin dont l’intérêt est purement utilitaire (et donc quasi inexistant aujourd’hui), il nous reste un bel album de 52 minutes, ce qui est somme toute raisonnable pour une sortie CD de l’époque. "Starfire" est présent sur la réédition de Re-Entry (1980) sous le titre "Splashdown 1"; quant aux trois autres "Splashdown", je n’en ai pas encore trouvé la provenance, il est probable que ce soient des inédits datant de la même époque (1989).
David VORHAUS modernise son arsenal musical mais ne sombre pas pour autant dans le tapage sonore, défaut récurrent de la Library Music (pas que la Library Music d’ailleurs, coucou Edgar FROESE) qui rend beaucoup d’albums froids, peu vivants voire carrément laids, à grands renforts de rythmiques sous acide et de mélodies prémâchées. Real Or Unreal? est évocateur sans forcer.