WILSON PHILLIPS est en stand-by, mais pour deux des trois jeunes femmes composant le trio, la partie est loin d'être terminée. Tandis que leur amie Chynna s'en va enregistrer un album solo (qui ne paraît qu'en 1995), les soeurs veulent joindre leur force pour un duo sous leur propre nom et jouer la carte de la facilité en proposant... un album de Noël.

Une telle pochette ne peut être mieux choisie, même si c'est à double sens : d'abord celui où l'on se doute de ce que l'on va entendre et, il faut le savoir, avec des sonorités bien d'époque. Enregistré entre Los Angeles et San Rafael (San Francisco), Hey Santa! révèle le type de production bon marché typique des années 90 sur nombre de titres, avec de quoi les rapprocher d'un esprit karaoké. Avant de prendre peur et de s'enfuir, parlons de l'autre versant des choses digne de rattraper cela : les soeurs WILSON et leur talent indéniable.

Voir ces deux belles jeunes femmes (Wendy superbe même avec une couleur blonde, cette demoiselle est incroyable de classe divine) nous sourire côte à côte, certes avec un design un peu kitsch pour parure, n'est pas mensonger pour un sou. Carnie et Wendy ont beau avoir recours à la facilité et le choix très américain de l'album de Noël (Carnie, surtout, en enregistre pas moins de trois durant sa carrière de chanteuse, en comptant celui-ci et un autre en trio), elles ne se moquent nullement de nous. Ces sourires-là font du bien, même si ils amènent des titres mille fois entendus.

Leur version de "Have Yourself a Merry Little Christmas", typique des restes d'enfance de Carnie, conduit par sa voix chaude splendide sur fond de cordes, ne se démarque pas de la ballade jazzy que l'on connaît et attendait. Avec Wendy ajoutée tardivement et timidement dans les choeurs, on pourrait plutôt déjà croire à un projet solo de son aînée, et sans rien proposer de plus intéressant. Heureusement qu'il en est tout autrement !

"Let It Snow! Let It Snow! Let It Snow!" offre une très belle intro du même acabit par Carnie et le piano, puis les sons programmés s'en mêlent et pourraient tendre à officialiser l'idée de kitschitude s'il n'y avait un je-ne-sais-quoi qui nous fait dire que c'est très chouette. Au début en tout cas, parce que quand débarque l'harmonica et que les deux soeurs se répondent, il y a de quoi être aux anges ! "Winter Wonderland", malgré son intro céleste aux claviers, garde une belle fraîcheur country égayante, et les choeurs de Wendy sont adorables.

Wendy et son timbre acidulé (sans écoeurement) qui, d'ailleurs, se réservent les shuffles diablement sexy de "Jingle Bell Rock" et "Rudolph the Red-Nosed Reindeer" (maman Marilyn WILSON dans les choeurs !), autres standards de rigueur, avec parfois des éléments plus rock s'accordant à merveille. La soeur cadette se réserve encore "Silver Bells", très bel effort où Carnie la soutient dans toute une gamme de sons cristallins, d'arrangements de guitare bien pensés. Pour faire un lien avec leurs albums de WILSON PHILLIPS, on retrouve Leland Sklar à la basse, Michael Landau etc. pour un accompagnement de qualité.

L'audace musicale n'est pas l'élément premier des soeurs (avec leur amie ou non), mais il est présent et nous convainc par bribes placées çà et là. Le medley de six minutes contient certes les interventions parlées des deux soeurs pour souhaiter un joyeux Noël à ceux qui les écoutent sur fond de chorale, mais il est encadré par deux autres titres dont "We Three Kings" pour le moins ensorceleur. "The Little Drummer Boy" atteint ici un sommet inédit, grâce à sa densité et à son crescendo, à la complémentarité des deux soeurs, à une réverbération qui rappelle celle du premier album de WILSON PHILLIPS, près de quatre ans plus tôt.

Au final, peu de moments très forts, mais du plaisant voire enthousiasmant comme ce "Hey Santa!" éponyme placé en ouverture, seule composition originale et single à succès de l'ensemble. De la pop super bien ficelée entre la chaleur de Carnie et le sex-appeal de Wendy, avec leurs réponses, leur complémentarité. Un saxophone vient les titiller, en laissant le regret toutefois de n'apparaître que là (et rebelote quand WILSON PHILLIPS réunies feront leur album de Noël, dingue ça !), Greg Phillinganes ajoutant quelques touches dont il a le secret. Et, last but not least (même si on ne le distingue qu'à la fin), dans les choeurs, aux côtés de Joanna Harwood (entre autres scénariste des deux premiers films EON James Bond !), on entend la voix de l'oncle Carl Wilson !! Unique collaboration avec ses nièces, puisqu'il décède cinq ans plus tard.

En revanche, la cerise sur le gâteau, c'est un titre d'enfance pur et simple. Comme des chants de bambins ont introduit l'album, nous prenons la machine à remonter le temps pour 1976 et l'état de l'Iowa, où un certain Al Jardine (autre "oncle" mais avec des guillemets) se charge d'immortaliser "I Saw Mommy Kissing Santa Claus" de Tommie CONNOR, mais en famille ! Aux côtés de Carnie et Wendy (8 et 7 ans, au mieux), leurs cousins Jonah et Justin, à savoir les fils de Carl Wilson, Matthew et Adam Jardine ainsi que Hailey et Christian, deux des sept enfants de Mike Love. Ce dernier et ses deux acolytes susmentionnés (Al et Carl) eux-mêmes ainsi que Dennis Wilson et bien sûr papa Brian au piano forment les BEACH BOYS au complet pour se mettre en retrait de leurs enfants enjoués célébrant Noël dans un salon. Court mais plutôt adorable et qui rajoute un peu à la teneur historique, le sentiment d'une grande valeur collective.

Note réelle : 3,5