Du côté de WILSON PHILLIPS, on en est cinq années de hiatus, mais un début de changement survient alors que Chynna PHILLIPS revient peu à peu sur le devant de la scène. C'est en effet un peu au milieu de nulle part qu'elle publie ce disque en duo avec Vaughan PENN, amie croyante comme elle, puisque ce critère tient une place importante dans sa vie depuis sa grosse dépression survenue aux alentours de l'an 2000. PENN, quant à elle, venue de l'autre côte US (la Caroline du Nord) est une productrice qui a travaillé notamment pour Huey LEWIS, Rita COOLIDGE, Emmylou HARRIS entre autres, sans compter un paquet de chansons et musiques pour films ou programmes TV, dont certaines diffusées dans Bones, The Big Short, Grey's Anatomy...

De leur passion première et entente commune naît donc One Reason, disque typique de pop girly américaine qui préfère les instruments vrais à l'électronique, par deux femmes approchant de la quarantaine et le paraissant si peu. En tout cas, aux photos, à l'écoute, on croirait avoir une oeuvre faite par de jeunes premières, débutantes mais avec une identité solide. Le changement principal comparé à d'autres oeuvres similaires est, outre la production-empreinte de PENN, faite d'éléments organiques avec pas mal de percussions dans un son solaire et puissant, c'est justement le côté chrétien, bondieusier dans les paroles certes mais propice à plaire à une grande frange du public américain voire davantage. Si le disque semble avoir été un véritable plaisir à être réalisé, il n'en est pas de même, au final, d'un point de vue succès.

Si l'on s'écarte de cet aspect (plutôt facilement quand la maîtrise de l'anglais ne déteint pas sur l'écoute), il reste un joli album pour le moins uniforme, comme tant d'autres du même genre. Un son folk brillant, dans l'intime ("Was It You?", le début de "Garden Promise", évocation de l'Eden biblique) comme dans le massif, dès le départ avec "One Reason", pop aux dehors très californiens menée par Chynna PHILLIPS même si Vaughan PENN, qui sonne un peu comme Carnie WILSON dans un registre calme, s'emporte à la fin avec son timbre rugueux. La plupart des chansons a été co-écrite par les deux interprètes, même si une ou deux exceptions se glissent comme "Eye for an Eye" qui est une reprise d'un vieux morceau de PENN. Jolie respiration d'ailleurs, bien placée après celle de PHILLIPS pour "Now I Know Your Love". Une autre reprise, d'une chanson du trio avec les WILSON, aurait été bienvenue, tant pis.

Ce disque qui atteint la durée de perfection (42 minutes, 42 secondes) se laisse écouter agréablement. Les déclarations d'amour à Jésus-Christ, les professions de foi en toute féminité passent plutôt bien à l'écoute grâce au savoir-faire des deux amies même si l'une d'entre elles, qui nous intéresse le plus, est devenue un peu moins régulière avec les années. Toutefois, et on le sent grâce à son expérience dans WILSON PHILLIPS, les harmonies vocales sont gérées de main maîtresse. Entre les couplets ou refrains 'serrés' et les enchevêtrements qui font qu'on ne sait plus qui est qui (sauf quand PENN sonne rocailleuse), il y a effectivement quelque chose de divin, de sacré, et donc on se régale volontiers, plus que des mélodies elles-mêmes.

L'album ne sort d'ailleurs point d'un gentil pop-rock countryisant avec ballade en priorité, certes bénéficiant de bons arrangements rythmiques (batterie-tambourin etc), et on note quelques perles, à la fin du disque surtout. "Soften Me" est un slow fort avec de belles passes vocales, tandis que le routier "Cuts Straight Through" colle à la peau de Chynna PHILLIPS avec des cordes pour le moins élégantes. "My King" et "Take It All" apportent, outre des synthés planants et des arpèges délicats de guitare, une fort belle couleur crépusculaire. Enregistré dans des studios résolument placés à l'Est (Caroline mais aussi Virginie, Tennessee), il y a dans cet album quand même une identité californienne pour certains moments.