Des albums évoquant la Californie, vantant ses beautés, il y en a à foison, mais WILSON PHILLIPS, nouvelles coqueluches à une époque, ne l'avaient pas fait ouvertement. Comme si cela manquait, en tout cas, leur vient cette idée au moment de renouer, enfin, après plus de dix ans de séparation.

Regardez cette belle pochette révélant trois jeunes demoiselles, trois jeunes premières qui, en réalité, ont désormais 35 ans au moins et sont mamans pour la plupart. Toutes trois dans la lumière, comme celles qu'elles ramènent et aussi par leurs voix. C'est qu'elles restent d'abord musiciennes, Carnie, surtout – qui au passage, a beaucoup minci et se fond mieux aux côtés de sa soeur et son amie – qui a fait pas mal de télé, en s'égarant dans les talk-shows ou en figurant en invitée dans les séries comme Sabrina l'Apprentie Sorcière, That 70's Show etc.

California, néanmoins, est un album de reprises. Au programme : Joni MITCHELL (la chanson-éponyme), Linda RONDSTADT ("You're No Good"), The YOUNGBLOODS ("Get Together"), Pete SEEGER/The BYRDS ("Turn! Turn! Turn!"), Neil YOUNG ("Old Man"), EAGLES ("Already Gone"), FLEETWOOD MAC ("Go You Own Way") et Jackson BROWNE ("Doctor My Eyes"). Sans oublier bien sûr les groupes des papas, voire des mamans, vu que ceux de Chynna Phillips s'y trouvaient étaient ensemble (John Phillips est d'ailleurs mort en 2001). Pour The MAMAS & THE PAPAS donc, c'est "Monday Monday", et pour les BEACH BOYS, presque la part du lion, "Dance Dance Dance" et "In My Room", ce dernier en compagnie de Brian Wilson, déjà présent dans l'album de ses deux filles paru en 1997. Du tube, du moins tube et du tube secondaire ; en un mot, parfait.

L'emballage est très 90's, comme pour mieux faire oublier les années écoulées, sans parler de celles, trop nombreuses aussi, avant le prochain effort commun. Cela dit, derrière le funk lent et sensuel et les guitares grasses de "You're No Good" (avec Linda samplée brièvement sur le final), on trouve du Mellotron, l'organiste étant Roger Manning, spécialiste de l'anti-folk new-yorkais. Et les 12 cordes acoustiques ou électriques, gérées par Dean Parks en grande majorité, pleuvent sur nombre de titres en toute fidélité aux titres des années 60, notamment "Get Together" et "Turn! Turn! Turn!" dont les boîtes à rythmes peuvent surprendre. Et visez-moi ce bel accompagnement rythmique : Russ Kunkel (batterie), Leland Sklar, Larry Klein (basses) !

Mais, au-delà de cette musicalité très bonne pour un résultat simple et efficace, ce sont d'abord les voix de nos belles que l'on admire d'un bout à l'autre, pour des chansons qu'elles connaissent depuis l'enfance, qu'elles ont dans le sang. Chacune d'elles s'en réserve deux en lead, le reste est chanté en collectif, séparé ou non, à l'image d'"Already Gone" présenté en double version dont une acoustique, titre caché après "In My Room" et dont on se délecte pour un cas comme l'autre. "In My Room" voit le seul apport masculin de ce point de vue, et en plus d'être touchant, il est très amusant d'entendre papa Brian Wilson tenir la voix la plus grave quand, dans les BEACH BOYS, il gardait la plus aiguë.

On pense ce que l'on veut des sacro-saints "Old Man", "Go Your Own Way" etc ainsi rendus, en son propre et en brise marine, en douceur resplendissante et en féminité sensuelle au possible, avec des guitares mignonnes pour souligner leurs chants, des cordes point trop lourdes pour renforcer la sensation de beauté. Moi, je trouve cela ravissant, d'un bout à l'autre. Carnie si caressante sur "Get Together", Chynna qui porte le "Monday Monday" de ses parents avec la force logique qui s'impose et les Wilson, ses amies d'enfance, néanmoins très impliquées pour la soutenir. Wendy, enfin, toujours adorable même en lieu et place de la divine Joni, et encore plus sur le shuffle élancé de "Doctor My Eyes". Ne manque qu'un bon saxophone pour saluer ces parenthèses tirant sur le rock'n'roll, comme "Dance Dance Dance" (où maman Michelle Phillips se laisse fondre dans les choeurs), peut-être aussi une ou deux chansons similaires en plus.

La durée est cependant fort raisonnable, la sélection bien faite et bien rendue. À l'image de la pochette, les trois jeunes femmes savent se montrer aussi suaves que sexy. Une réussite !