2010. Un grand rappel à l'ordre s'imposait parmi les rangs de WILSON PHILLIPS. Celui-ci se fait et, comble du bonheur, il parvient à durer un peu. Finies dans le même temps, les escapades solo et autres collaborations (pour Chynna PHILLIPS) ou alors juste entre soeurs, même si nos chères Carnie et Wendy WILSON ont eu le loisir de retrouver leur 'oncle' des BEACH BOYS Al Jardine, ses fils et autres membres du clan pour des concerts significatifs. Toutes trois, bien que restant amies d'enfance, sont désormais quarantenaires, mamans et pas qu'une fois. Mention spéciale à Wendy WILSON qui, sans trop le paraître, en a eu tout de même quatre, dont deux jumeaux, en tout cas tous des petits gars ; 'hélas' (sauf pour elle et son mari bien sûr), pas un petit bout 'direct' d'elle pour reprendre le flambeau, même beaucoup plus tard, de l'une des chanteuses pop les plus sexy au monde et l'une des plus jolies voix, celle des trois à qui il manque une carrière solo. Elle reste, à travers une émission TV qui lui a été consacrée, un portrait-type de performeuse à l'américaine et à juste titre, occupée d'un côté avec tant de bouches à nourrir-élever-chérir quitte à se négliger elle-même, mais qui fait rêver et, quand il le faut (la scène), sait se mettre sur son trente-et-un et porter les talons hauts.

Ces précisions sont à la fois importantes pour dire combien celles qui ont encore tant grandi depuis six-sept ans et leur dernier album en date, California (2004) tiennent à marquer la différence, faisant des albums autant pour elles que pour leurs familles, et le/leur public bien sûr. Le phénomène-pionnier WILSON PHILLIPS du début des années 90 n'est plus qu'un souvenir dispersé à travers les années quand paraît Christmas in Harmony. Il s'agit de leur premier album de Noël en trio, mais du deuxième pour les soeurs WILSON et du troisième pour Carnie, à trois ans d'intervalle d'ailleurs. Cela fait beaucoup, mais que voulez-vous ? Nos trois superbes dames sont américaines, elles aiment Noël comme leurs petits bouts de chou, et puis après toutes ces errances, ce relâchement artistique pour certaines, on ne va pas faire la fine bouche. Surtout que malgré un effort encore assez 'intime' du côté de la réalisation, WILSON PHILLIPS retrouve son producteur fétiche, Glen Ballard, celui des grands succès, des débuts plus-que-prometteurs. Pourquoi donc, depuis la perte d'Alanis MORISSETTE plus de dix ans avant, a-t-il attendu tant de temps ?

L'équipe change en revanche et aucun des musiciens présents, à part Ballard et ses synthétiseurs, n'est apparu sur l'un des albums précédents. Au contraire, la majeure partie des titres, en plus de figurer parmi les standards de chez standards, a déjà été entendue une fois ou deux sur Hey Santa! (1993) et Christmas With Carnie (2007). Alors comment nos soeurs-amie vont-elles tirer leur épingle du jeu ? La réponse est très simple, suffisante : le trio vocal complet, leur force réunie pour de bon (?). On pourrait s'en contenter, mais, à côté de cela, il y a quand même cette idée d'un bon choix de chansons et d'une belle réalisation. Exit le son karaoké de l'album de Carnie, même si franchement, on avait de quoi flipper avec "I Wish It Could Be Christmas Every Day" de Roy WOOD, exemple même de single pop (pour la Natalité ou non) à la fois trop léger et trop lourd. Si les harmonies font merveille dès le départ, on note aussi l'apparition plus qu'épisodique du saxophone, non convié par la suite. Et la reprise de WILSON PHILLIPS, menée par Carnie sur les couplets, a beau donner lieu à un clip, elle paraît trop brève, hachée, vite expédiée.

On peut parfois avoir l'impression que Ballard a bien supervisé le trio, apporté un soin particulier à la rythmique, mais que l'ensemble manque de peaufinage. Et puis comme en 93, c'est criminel de crediter un sax au reste du groupe alors que son intervention paraît à son tour bâclée et qu'il n'apparaît que sur le premier morceau, alors qu'il y avait tant à faire vu le nombre de 'shuffles' et titres enjoués présentés ensuite. On parle là de "Santa Claus is Coming to Town", mené par une Chynna PHILLIPS aguicheuse et pleine de panache, idem pour "Winter Wonderland" (ah, ce pont jazzy avec ses 'papapadapada', miam) ou "Sleigh Ride" plutôt marqué par Carnie WILSON, avec encore du groove mais aussi un bon 'walk' de basse et des cordes pas trop synthés. Le rythme, à l'ancienne, est très bon ; on remarque encore à ce sujet "Warm Lovin' Christmastime", composition de Rob Bonfiglio, le mari de Carnie, où la guitare ressort en toute logique et où Ballard opte pour de beaux sons de claviers.

Au-dessus d'un accompagnement de qualité (à un saxophone près), cependant, ce sont bien les voix conjointes ou non, beaucoup trop rares sur vingt années, que l'on prend le plus de plaisir à retrouver. Les passes que les 'demoiselles' se font sur "Christmastime", composition Ballard/PHILLIPS sont délicieuses avec ce son pop-rock, cette efficacité en diable, cette guitare arpégée pour le pont et la relancée... "Joy", composition à plusieurs mains dont le trio, le producteur et Bonfiglio, sonne comme un Christmas carol moins strictement traditionnel d'hiver que détente à la californienne, aérée comme fort bien jouée/chantée et waouh, 2004 étant déjà lointaine, cela fait du bien. Tout comme les variations et strates vocales sur le piano et les guitares acoustiques de "Silent Night", à en donner des frissons.

De même, pour la chaleur veloutée toujours appréciable de Carnie sur la "Christmas Song", la façon dont Chynna domine sur "Little Drummer Boy", déjà fort réussie dans sa version 'sisters only' en 93, et Wendy qui ressort enfin comme il se doit sur le slow country "When a Child is Born". Enfin, en termes de frissons, on peut remercier papa Brian WILSON, BEACH BOYS en chef et jamais très loin des filles (au moins les siennes) pour ce court (1min20) mais splendide "Our Prayer", hymne merveilleux, féérique, tout en progression savante mais mieux encore, par simples vocalises sensuels au féminin, un peu comme sur Shadows and Light intro et fin. C'est peut-être, par tout cela, l'album Noël de plus pour WILSON PHILLIPS, mais certainement pas celui de trop, et celui que l'on peut le mieux réécouter sans modération. Toujours si fortes, nos trois jeunes filles adorées...

Note réelle : 3,75 (à cause du premier titre)