Les fans ont de quoi saliver de bonheur : vingt ans après leurs débuts, les soeurs WILSON PHILLIPS semblent remises sur de bons rails, tardivement certes, mais proposant la belle régularité de deux albums parus en trois ans, comme entre 1990 et 92. De plus, elles jouissent d'une nouvelle forme de popularité grâce au film The Bridesmaids/Mes Meilleures Amies (2011) de Paul Feig (à qui l'on doit depuis également Les Flingueuses en 2013, Spy en 2015 etc;), comédie au féminin qui rencontre un succès mondial énorme. Elles apparaissent lors de la scène ultime, chantant "Hold On", leur tube de toujours, sur laquelle dansent les protagonistes pendant leur mariage, grande classe.
Le problème, déjà annoncé en 1992 en conclusion à Shadows & Light, c'est que, quand les soeurs WILSON PHILLIPS se retrouve en studio, même avec des années d'écart, ce n'est pratiquement que pour de la reprise. Avec Dedicated en 2012, sans Glen Ballard cette fois, mais avec Rob Bonfiglio, époux de Carnie WILSON, comme producteur, l'amie et les soeurs, le trio lui aussi de toujours, se recentre sur le perpétuel, l'inoubliable, un peu à la manière de l'album California (2004). Ce sont encore des chansons qui les ont influencées, mais ici uniquement des groupes de leurs parents respectifs, à savoir les BEACH BOYS et The MAMAS & THE PAPAS.

L'une d'elles, "Monday Monday", qui fait doublon avec l'album grand frère paru huit ans plus tôt, se révèle déjà moins bonne, malgré le beau chant de Carnie WILSON, l'intro solaire avec le 'padapadadada', l'arpège de guitare électrique passée à la cabine Leslie. Idem du "Got a Feelin", néanmoins agréablement chanté par Chynna PHILLIPS et Carnie. Des MAMAS & THE PAPAS, tout ne vient pas du premier album ; les demoiselles puisent dans le quatrième avec "Twelve Thirty", franchement excellent avec le couple piano-orgue, les strates vocales en crescendo.

Si "California Dreamin'" ne peut se targuer d'être du même calibre que l'originale, l'énergie de Chynna n'est pas en reste, comme elle nous le prouve sans mal. On retient la batterie de Blair Sinta, superbement produite, un Mellotron et, pour remplacer la flûte, un solo de piano Wurlitzer, ainsi que des arpèges et autres guitares aériennes par David Levita et Rob Bonfiglio ; l'effectif reste le même que celui de l'album de Noël en 2010.
Enfin, du troisième album des MAMAS, on note "Dedicated to the One I Love", aux très belles harmonies au milieu de rythmiques plus complexes, et au chant grave d'Owen Elliot-Kugell, fille de Mama Cass, pour un quatuor inédit (sur scène aussi).

Voilà une chic idée dans un album qui, hélas, en manque un peu. Les titres des BEACH BOYS sont agréables, mais on ressent un brin de facilité. Et pourtant, rien que "God Only Knows" et le refrain final que Carnie fait durer avec le piano, c'est de l'or. Mieux que "Wouldn't It Be Nice" qui met en lumière Wendy, avec de superbes harmonies au féminin et en bonnes dynamiques, un pont très sympa à la mandoline, mais aussi des cuivres joués au synthétiseurs. Pourquoi WILSON PHILLIPS ont-elles jugé les saxos & co trop onéreux depuis vingt ans ? "Don't Worry Baby", Wendy la chantait merveilleusement sur scène dix ans plus tôt près de son 'oncle' Al Jardine mais heureusement, elle n'est pas en reste ici. Ces passes vocales, ce piano Rhodes qui promène, miam !

Les soeurs se partagent "I Can Hear Music", version pop californienne classique mais tout en douceur, où l'on peut dire que le son de l'album est vraiment beau, quand certains le jugeront trop propre. Il manque peut-être aussi quelques effets 'rough', guitares, saxos etc., mais aussi quand Chynna ajoute son sex-appeal à "Fun, Fun, Fun", remplaçant joliment Mike Love. Bonne fraîcheur, avec une batterie plus twist. La meilleure reprise et la seule vraie surprise toutefois, comme pour mieux grossir l'affection des soeurs WILSON à leur père Brian, c'est "Good Vibrations", entièrement a cappella mais avec des effets de loops. Enchanteur, brillant, et, pour Wendy, une belle rampe de lancement. Dommage que ce soit l'exemple 'à part'.

On peut se délecter des photos du livret, extraites d'albums d'enfance, mais aussi des pochette emblématiques de [i)Pet Sounds et If You Can Believe Your Eyes and Ears, tous deux sortis en 1966 avec le retentissement que l'on sait, refaites pour l'occasion par WILSON PHILLIPS. De l'hommage, de l'amour, et c'est en soi une seule bonne raison d'écouter ce disque, même mineur. C'est un ressenti majeur qu'on partage avec nos trois demoiselles en tant qu'admirateurs. On attend toujours une suite de carrière, avec si possible de nouvelles idées. Pour les trente ans, bientôt trente-cinq, ce serait judicieusement pensé.

Note réelle : 3,5