Recherche avancée       Liste groupes



      
ROCK  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Can, Verto, Philippe Besombes
- Membre : Zadri & Mo
- Style + Membre : Richard Pinhas , Georges GrÜnblatt , Ose

HELDON - Only Chaos Is Real (2001)
Par NANAR le 3 Décembre 2024          Consultée 257 fois

Richard PINHAS a déjà collaboré avec l’écrivain Norman Spinrad, sur le diptyque "Houston 69: The Crash Landing" (1980). C’est, avec Only Chaos Is Real, la première fois qu’ils collaborent à l’échelle d’un album, Norman Spinrad ayant écrit le texte de sept des neuf morceaux de l’album, des chansons interprétées par le chanteur David Korn.

Ils ont réuni un paquet d’invités pour l’occasion, dont plusieurs compagnons de route et/ou ex-membres de HELDON (Georges GRÜNBLATT, Alain BELLAÏCHE) et MAGMA (Benoît WIDEMANN, Bernard PAGANOTTI qui plus tard fonda WEIDORJE puis PAGA), ainsi que les moins connus Philippe Laurent et Olivier Manchion. À toute cette jolie troupe vient se greffer Maurice Dantec, militant politique québécois, écrivain dans le domaine du polar et de la science-fiction et autre connaissance littéraire de Richard PINHAS. Un casting de grand luxe pour ce qui se révèle être hélas un album de rock-électro moche et monolithique, bardé de redondances et d’une production mauvaise.

"Les Racines Du Mal" est déjà présent sur le premier album de SCHIZOTROPE en 1999, qui plus est dans une version très proche. Unique instrumental de l’album, "Le Plan" est une revisite de "Stand By" (1979) et "Dedicated to K. C." (1982). Only Chaos Is Real est également sujet à des réutilisations de thèmes d’un morceau à l’autre, sans véritable valeur ajoutée : "Next Level" et "Last Level" mélangent impertinemment des thèmes dudit "Plan" avec de nouvelles phrases musicales peu palpitantes. "Mutant Monkey" et "Brighter Than A Thousand Suns" (intitulé d’après Philip K. Dick) sont des quasi doublons de respectivement "Les Racines Du Mal" et "Only Chaos Is Real". Par ailleurs, les samples vocaux ouvrant "Les Racines Du Mal" et "Mutant Monkey" proviennent tout droit de "Cyborg Sally" de l’album éponyme (1994).

Il reste donc trois titres entièrement inédits, à savoir le morceau-titre, un des rares passages sauvables, mais aussi "Holy Dolly" (jeu de mots avec l’expression "Holy Moley", locution anglaise exprimant la surprise), impersonnel et au moins deux fois trop long, et "Ubik" (titre également inspiré de Philip K. Dick), un rock franchement banal qui tourne en rond sur un canevas blues malgré une introduction prometteuse, d’autant plus décevant qu’il reprend le titre d’un des morceaux phares de DWW (1992) alors qu’il n’a strictement rien à voir.

D’autre part, le mix de l’album est totalement déséquilibré. D’un côté, la plupart des musiciens se font bouffer tout crus par une compression sonore outrageuse. De l’autre côté, le parlé-chanté plutôt agaçant de David Korn, les guitares métatroniques de Richard PINHAS qui se perdent en stridences et les boucles électroniques très décoratives sont constamment poussées en avant.

Reconnaissons tout de même son efficacité au premier tiers du disque. Le titre liminaire d’ouverture rentre facilement en tête grâce à une rythmique efficace malgré une composition pas très originale, son ambiance cyber-punk est assez attrayante malgré les tares de la production. Ensuite, c’est un plaisir d’entendre un Maurice Dantec désabusé réciter le poème de clôture de son roman Les Racines Du Mal (Nos rêves sont des livres en feu, mais nos chemises sont raidies par la glace…) sur le morceau du même nom, un rock ternaire d’une efficacité diabolique où Antoine Paganotti. Enfin, "Le Plan" entraîne également. On peut reconnaître à cette dernière piste un certain effort de réinterprétation. Il est cependant fort dommage que Richard PINHAS n’aille pas au bout du geste et squeeze certaines parties de "Stand By". Le groupe aurait dû s’arrêter là-dessus ou bien développer plus judicieusement ces trois titres, ou à tout le moins varier davantage le propos. Au lieu de ça, on se retrouve avec 40 autres interminables minutes d’un excès de zèle qui tourne au vinaigre.

Signalons enfin l’existence de deux versions alternatives de "Only Chaos is Real" : une version moins indigeste et plus énergique dotée d’une superbe intro de 20 secondes, présente sur l’édition augmentée de l’album que je n’ai pas eu le loisir d’écouter en entier. Enfin, une autre version, nettement plus proche de ce qu’on peut trouver sur les trois albums du projet SCHIZOTROPE, de loin ma version préférée.

En définitive, cet album illustre à merveille le 1/5 du barème de notation de Forces Parallèles : ce n’est pas tout à fait mauvais, mais c’est franchement décevant de la part de HELDON. L’intrigant artwork (signé Fury Waty, auteur de quelques autres pochettes pour Richard PINHAS) et les quelques touches d’humour des notes de la pochette sont l’ultime (et minuscule) point positif de ce disque. Only Chaos Is Real est un épisode tout à fait contingent de la carrière de Richard PINHAS, une tentative manquée d’excursion dans le metal indus, style dont je connais peu de choses mais dont je sais qu’il contient des œuvres bien plus authentiques et puissantes. Il s’agit d’ailleurs d’un des rares disques oubliés des récentes vagues de rééditions de son catalogue de fond, enfin pas vraiment puisque quatre des neuf morceaux ont fait, bizarrement, l’objet en août 2024 d’une édition remasterisée par Robert RICH, sur vinyle en tirage limité, de même que "Wintermusic" (1983), le bonus de Iceland (1979).

1 ½ sur 5

Pour en savoir plus:
https://www.chronicart.com/digital/richard-pinhas-25-ans-de-refus-des-concessions/

A lire aussi en ROCK :


Iann BRENNAN
Start As You Mean To Go On (2024)
La discrète flamboyance d'un rocker irlandais




MATMATAH
You're Here, Now What ? (2019)
Ne serait-ce que la cerise ?


Marquez et partagez





 
   NANAR

 
  N/A



- Richard Pinhas (guitar metatronic process, programmation)
- Olivier Manchion (basse électrique)
- Antoine Paganotti (batterie)
- Benoît Widemann (claviers)
- David Korn (chant)
- Norman Spinrad (chœurs)
- Maurice G. Dantec (synthétiseurs, déclamation sur 2)
- Alain Ranval (guitare sur 4)
- Duncan Nilsson (guitare sur 4)
- Alain Bellaïche (guitare sur 8)
- Georges Grünblatt (guitare sur 8)
- Bernard Paganotti (basse électrique sur 3, 8)
- Philippe Laurent (electroloop sur 1)


1. Only Chaos Is Real
2. Les Racines Du Mal
3. Le Plan
4. Holy Dolly
5. Brighter Than A Thousand Suns
6. Next Level
7. Mutant Monkey
8. Ubik
9. Last Level



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod