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Bruce HORNSBY - Deep Sea Vents (2024)
Par MARCO STIVELL le 14 Avril 2024          Consultée 308 fois

Bruce HORNSBY est un artiste au sens noble du terme, mots qui parfois, renferment la notion de courage. Certes, il n'est plus l'artiste populaire qu'il a été voilà plus de trente-cinq ans, mais on le respecte et ce qu'il veut faire, il se le permet sans trop de mal.
Ce qu'il a voulu, là, pour le printemps 2024, c'est son disque le plus désarçonnant.

Deep Sea Vents n'est pourtant qu'une suite plus ou moins attendue aux deux-trois albums qui ont précédé, depuis le déjà étonnant Absolute Zero en 2019. À force d'y avoir fait venir ponctuellement le violoniste Rob Moose et l'ensemble du collectif contemporain yMUSIC, ce nouveau projet de trente-cinq minutes, durée modeste pour du HORNSBY, est estampillé BrhyM. Autrement dit, pour les trois premières lettres, celles de ses prénoms et noms, et pour le 'yM', vous pouvez deviner.

Côté réalisation, l'album constitue une grande nouveauté, par son format et son ambiance conceptuelle, puisqu'il s'agit d'un album dédié à la mer, plus particulièrement aux fonds marins. De l'âge d'or de la piraterie ("Barber Booty") et la chasse aux baleines littéraire (Moby Dick pour "The Wild Whaling Life") aux consciences très réalistes et inquiètes d'aujourd'hui (la pollution sur "Foreign Sounds"), les thématiques abordées ont toutes ce point commun et retiennent l'attention sans mal. Sur le papier, ça donne envie, non ?

Côté musique, en revanche, il faut s'accrocher un peu. Et pour cause, les trois premiers titres sont extrêmement bouleversants pour les amateurs de musique tonale et de structures précises. Oh, il y a bien sûr une âme de folkeux de l'état de Virginie, notamment sur "The Wild Whaling Life", mais il est sacrément bien déguisé derrière les arrangements vocaux et contemporains dévolus au piano aussi bien qu'à l'ensemble yMUSIC. Le violoncelle façon contrebasse lourd et glissant, la clarinette et le bugle qui s'opposent, les flûtes qui font leur vie pendant le pont tarabiscoté...

"(My) Theory of Everything" et "Platypus Wow" sont également chargés en dissonances et diversions marquées, suscitant le respect et l'intérêt mais laissant un goût de bizarrerie auquel il peut rester difficile de s'identifier. Comme si HORNSBY, tout en désarmant le sien, cherchait à rameuter les publics de György LIGETI et de Peter GABRIEL en même temps. Relevons, pour "Platypus Wow", l'intervention d'un vieil ami, Branford Marsalis au sax soprano.

Il faut attendre "Phase Change" pour retrouver un début de mélodie classique, un refrain léché où le chanteur développe son amour des choeurs à l'unisson et par lui-même. Puisqu'on parlait du Gab', il y a un peu de lui autant que des crooners américains dans le poignant "Foreign Sounds". Un chant féminin légèrement scat rejoint HORNSBY pour "Deep Sea Vents" et son orchestration new-swing.

Bien que disparates, écrits selon l'humeur et sans doute la recherche contrapuntique, ce sont des morceaux solides, et cela vaut aussi pour le très groovy "Deep Blue" où le principal intéressé joue du sitar électrique et aux cuivres groupés façon "Line in the Dust" (histoire de rappeler qu'une remasterisation 25ème anniversaire du double album Spirit Trail est parue l'an dernier). De même pour "Barber Booty", au funk taillé pour les pistes de danse mais d'une manière bien personnelle et non sans jouer la carte de la complainte vocale.

Notons toutefois en priorité, outre "Foreign Sounds", la beauté des titres les plus planants, à l'image de "The Baited Line" aux sonorités plus aquatiques que jamais (belles cordes tremblantes), au piano subtilement ajouté pour compléter la mélodie porteuse. Il y a encore "The Wake of St. Brendan", dédiée à Tim Severin, marin britannique mort durant la pandémie qui, pour flatter encore un peu l'esprit d'aventure, était spécialisé dans la re-création de voyages qui ont façonné l'histoire nautique. Une autre petite merveille de finesse entre cordes col legno et dulcimer en accords amples.

Un disque intéressant, pour sûr. À réécouter souvent, déjà moins certain... Mais indubitablement une parenthèse de marque dans cette carrière hors-normes.

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   MARCO STIVELL

 
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- Bruce Hornsby (chant, piano, dulcimer, sitar électrique...)
- Rob Moose (violon)
- Nadia Sirota (viola)
- Gabriel Cabezas (violoncelle)
- Hideaki Aomori (clarinette)
- Cj Camerieri (trompette, bugle)
- Alex Sopp (flûte, piccolo, choeurs)
- Branford Marsalis (saxophone soprano)
- Mark Dover (clarinettes)
- Chad Wright (batterie)


1. The Wild Whaling Life
2. (my) Theory Of Everything
3. Platypus Wow
4. Phase Change
5. Foreign Sounds
6. The Wake Of St. Brendan
7. Deep Blue
8. The Baited Line
9. Barber Booty
10. Deep Sea Vents



             



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