Alors, je vous l’accorde, on a connu photo de couverture plus réussie ! Alison ainsi maquillée en veuve avec beaucoup de noir, ça ne lui réussit pas. Mais bon, nous sortons d’une fabuleuse livraison trois ans plus tôt avec Voice qui positionnait Alison MOYET comme une des plus grandes voix de notre temps. Il s’agit de son septième opus et sa carrière est superbe de bout en bout. Quel destin pour cette rondelette et complexée jeune femme, aujourd’hui fière maman qui s’assume avec beaucoup de talent ! Peter Glennister est à la composition ainsi qu’à la console.

"One More Time" est le premier single, construit sur une ligne de guitare fruste mais addictive de Peter Glennister, un titre qui jouxte l’alternatif niveau vibe avec des arrangements classiques et la voix d’Ali. Plutôt sympathique à écouter, mais des résultats minables au billboard, il y a un peu de BOWIE là-dedans. Une rythmique à la ZZ TOP époque cyber envoie le pâté sur le single suivant "A Guy Like You", c’est bien répétitif et ça sonne indubitablement eighties, cool mais pas révolutionnaire.

Quelques aspects sixties s’échappent de "Anytime At All" avec encore quelques intonations proches de David BOWIE, l’homme qui venait d’ailleurs a décidément influencé tout le monde ou presque. "It’s Not The Thing Henry" penche plutôt vers Detroit et les accès rock de l’iguane IGGY POP ou par instant vers le VELVET UNDERGROUND, la guitare twangue pas mal, une petite chanson qui se laisse écouter. "Smaller" a droit à une orchestration de cuivres à la BEATLES, sans la magie dans la composition, ça reste écoutable car la voix d’Ali assure toujours.

"The Man In The Wings" sonne telle une chanson des années trente/quarante comme sortie d’une comédie musicale de ces temps anciens. La voix d’Ali sonne fort bien mais les orchestrations sont très datées. Un accordéon très français lance "Home" et on se croirait à nouveau dans la ambiances hexagonales que Alison affectionne tant. Il y a même un petit côté manouche dans cette chanson avec une guitare très percussive. La chanteuse y cabotine pas mal et c’est rare.

Beaucoup de vocalises et une identité très new-wave sur "The Sharpest Corner". Même avec des synthés inexistants, c’est à nouveau la guitare qui mène les débats de manière autoritaire. Le slow "Can’t Say It Like I Mean It" me touche moins, avec son ton désabusé et des arrangements à nouveau très eighties. Encore un slow larmoyant, une 'chialante' dirait la douée Archangel, c’est "World Without End" avec un piano obstiné. Nous en terminons avec la guitare crépusculaire de "Fire", nanti d’un refrain que je trouve assez peu réussi et qui semble rechercher des harmonies à la Kate BUSH.

Cet album d’Alison MOYET se révèle comme l’un de ses moins intéressants après deux livraisons colossales et d’une qualité irréprochable, tout en ayant attaqué des genres quasi opposés. Ici, l’apport de Peter Glennister donne à la musique une coloration et une vibe différentes. Chaque chanson propose des choses originales, mais la qualité n’est pas omniprésente, même si la voix d’Ali reste un must. Je suis sur un trois moyen.