Quand le destin vous sourit en musique, c'est trop fort : les compositions s'enchaînent sans temps mort, les vidéos mettent en scène un groupe au faîte de sa forme, comme pour les prestations live. Il n'y a qu'à voir la pochette pour comprendre que tout est en phase pour la masterpiece. Pas trop de risque, les LEVEL 42 ont déjà atteint le sommet des charts et sont en cette année 87 un favori du public et des oiseaux de nuit. Mark King ne peut qu'être satisfait de la destinée de son groupe. Comme dit dans la précédente chronique, il ne reste plus qu'à marquer l'histoire.

Pas de suspense, le single "Lessons in Love" sort près d'un an avant le disque. Comment dire ? Les années 80 dans ce qu'elles nous ont donné de mieux ? Une composition fabuleuse, entraînante de bout en bout, rythmée comme jamais, la basse du King et la gratte de Boon à l'unisson pour procurer un max de plaisir. Le top du top de chez LEVEL 42. Le chant de Mark n'a jamais été aussi bon, de même que les interventions en falsetto du clavier Mike Lindup. Une de mes chansons préférées, un classique indémodable et intouchable. Pour l'histoire, c'est acquis. Ca, c'est fait !

Et comme une bonne nouvelle n'arrive que rarement toute seule, "Running in the Family" prend la suite avec une réelle bonne humeur et une dynamique très consistante. L'éponyme titre se retient magnifiquement. Et un deuxième classique, deux ! Dans les titres les plus réussis de cette livraison, nous avons aussi la sublime "To Be With You Again", troisième single. Alors certes, ça sonne peut-être un peu eighties à votre goût, mais à l'époque c'était ce qui se faisait de mieux, parole. Ce refrain même est un vrai délice, personne n'osera soutenir le contraire ! Et de trois ?

Le slow "It's Over" sera le suivant, plutôt réussi sans tutoyer les mêmes sommets, mais il est indéniablement bien fichu, assorti de sa belle vidéo dans la nature sauvage américaine, signe que les angliches sont des cadors au pays de l'oncle Sam. La valse des singles continue avec "Children Say", accompagné d'une video très 'Rock star' filmée à Paris, où on voit Mister Badarou toujours là, visiblement considéré comme le cinquième de la 'Family of five'. Joli refrain certes, mais on s'étonne de l'absence des frangins Gould dans la vidéo ainsi que sur les jaquettes des 45-tours de l'époque. Bien que de fort bon aloi, les deux derniers ne sont pas au niveau des trois premiers.

Plus de la moitié des titres sont donc sortis en single. On se croirait sur Thriller avec Michael JACKSON ! Il nous reste quatre morceaux : le smoothy "Two Solitudes" pour faire mumuse. "Fashion Fever" est un titre de dance dans la mouvance synth-pop alors que "The Sleepwalker" propose quelques aspects funky bienvenus. Nous en terminons avec le tressautant et très sympa "Freedom Someday", dans la veine fusion jazz-funk-new wave-pop dont le groupe s'est fait le spécialiste.

Tout ça pour dire qu'avec un petit effort supplémentaire, les 5 de la famille LEVEL 42 auraient eu droit à leurs cinq étoiles, mais la fin n'est hélas pas à la hauteur du début. Cette belle réussite sonne pourtant le glas du groupe : les frangins Gould, épuisés par un rythme de vie 'Sex drugs and rock'n'roll' excessif, jettent l'éponge, tout en restant en harmonie avec leurs collègues. Il n'empêche que voilà pour moi le grand classique du groupe et incontestablement celui que vous devriez avoir dans votre discothèque.