Pour sa huitième offrande à l‘histoire de la musique populaire, Alison MOYET a choisi une photo où on a du mal a reconnaître notre artiste. Certes, cet air de femme décidée presque autoritaire est tout à fait dans l’air du temps des années 2000, peut-être souhaite-telle exprimer la puissance qu’elle ressent à la composition de ce opus. Toutes les chansons sont cette fois cosignées avec Guy Sigsworth qui se trouve aussi derrière la console, c’est une configuration à laquelle la chanteuse nous a désormais habitué. Alison a 46 ans eh oui déjà !

La fabuleuse "Horizon Flame" ouvre cet opus avec une maestria rare. La voix d’Alison est posée, tranquille, presque fluette pour une fois. L’orchestration fait toute la différence, entre James Bond et Hans ZIMMER. On sent d'emblée que l’électronique est à nouveau au centre du débat. L’ambiance est magnifique, comme celle d'une B.O d’exception. C’est le retour à une new wave moderne et d’une grande sophistication. D’ailleurs, le ton coquin du refrain de "Apple Kisses" nous replonge dans la transe des eighties, au moment oà la new wave dominait les autres formes de musique et que les synthés étaient le centre d’un monde futuriste et coloré. Très sympa et original.

"When I Was Your Girl" est le premier single choisi de cette livraison. On apprécie immédiatement le ton monolithique et inarrétable de cette composition qui rappelle certains des moments les plus forts de DEPECHE MODE, avec sa gratte fort bien achalandée. Une vraie petite merveille. J’adore sérieusement ses synthés sinueux et lancinants. "Love Reign Supreme" est plus rapide mais nous ramène à O.M.D, voire pourquoi pas à YAZOO. Les sequencers y sont superbes. On ne savait pas Alison capable de rivaliser avec Martin Gore ou Vince Clarke dans ce domaine. "Changeling" sonne bien plus alternative avec ses arrangements. La guitare et la basse ondoient avec la voix d‘Alison. Trois morceaux très typée new-wave pour porter la bonne parole.

Il y a un côté robotique sur "Right As Rain". On y retrouve des batteries en carton assez monolithiques et raides. "Remind Yourself" est un autre moment de grâce qui nous ramène au début des eighties. Un autre morceau sépulcral se présente comme une marche funêbre. "A Place To Stay" dégage une force terrible, et la voix d’Alsion lui donne une aura incroyable. On jurerait une rythmique de synthé à la Vince CLARKE sur "Filigree", du DEPECHE MODE première époque. De la belle ouvrage qui aurait pu connaître une heure de gloire en 1983.

C’est à nouveau très pop synth sur "All Signs Of Life", avec des synthés qui vous pètent à la tronche comme autant de feux d’artifices. L’art habituel de miss MOYET est ici fort différent de ce que l’on connaît d’elle. L’atmosphère de "Rung By The Tide" est oppressante : on a l'impression d’être rattrapé inexorablement par une marée inhumaine. Les choeurs font un effet bœuf et Ali est impériale, les bridges de synthés fracassent, à nouveau la modernité de ce titre est frappante.

Difficile de ne pas reconnaître l’incroyable diversité qui règne dans cet album ! De la pure synth pop trente ans après son momentum, voilà qui ne manque pas de piment ! Cet opus est-il destiné à ceux qui comme moi étaient les ados de cette époque glorieuse ? En tout cas, Alison MOYET se fend encoreune fois d’un album aux grandes qualités et cela ne fait que renforcer l’importance de sa courte mais essentielle discographie. Je suis sur un quatre surpuissant.