Il y a de fortes chances pour que la grande majorité d'entre vous n'ait jamais entendu parler d'Alison MOYET. En 1982, Genevieve était une jeune fille plutôt gothique et bien rondelette, armée d'une voix bluesy d'une puissance et d'une clarté rares. Native de la région de Basildon, elle rencontre Vince Clarke, fondateur du quatuor légendaire de la synth wave DEPECHE MODE, l'alchimie prend et le duo fonde alors YAZOO, qui va ensoleiller le début des années 80. Plusieurs classiques sortiront de leur collaboration dont "Don't go" ou "Situation". Pourtant, Vince à la bougeotte et part fonder ERASURE. Alison, de son second prénom, se lance alors dans une carrière solo courageuse et va avoir beaucoup de succès en prude Albion. 35 ans plus tard, la jeune fille à perdu ses rondeurs mais sa voix est toujours là. Voici son dixième opus, écrit en étroite collaboration avec son producteur, le musicien Guy Sigworth - MADONNA, SHAKIRA -, un habitué des grandes voix.

La lancinance déroutante de "I germinate", qui introduit l'opus, ne laisse pas la moindre place au doute : voilà la new-wave des années 2010 ! C'est beau et on se laisse totalement envahir par la voix de la diva. Très synth comme il se doit, les percussions rappellent les eighties par leur simplicité. Cela demande pas mal d'écoutes mais on évolue dans l'excellence. Cette song est diablement addictive ! Le voyage cosmique continue avec "Lover go". Cette mélodie ravira là encore les amateurs de vieille new-wave, et les capacités techniques d'aujourd'hui permettent à Alison d'enrober sa voix dans des orchestrations optimales, un Vince Clarke serait ici totalement superflu. Une petite merveille qui s'égrène sur quelques notes de piano.

Le premier single est "Reassuring Pinches", et on ne peut que rester baba devant le jusqu'auboutisme de la chanteuse qui a poursuivi sa carrière sans la renier une seule seconde, car voilà à nouveau de la new-wave de la meilleure extraction qui soit. Cette ligne de synthé qu'on croirait sortie des claviers de Martin GORE ou de son Pygmalion Vince CLARKE ne doit sa classe qu'à elle seule. Pour le coup, voilà qui est surprenant ! La video elle-même sonne eighties ! La profondeur vocale sur le second single "The rarest birds" la rapproche d'un coup des grandes compositrices telles Kate BUSH et Tori AMOS. Cela dit, assortie de sa video tournée chez elle à Brighton avec sa fille Caitlin, le résultat se révèle très personnel, mais on sent aussi l'influence des derniers élans de David BOWIE sur Blackstar.

Et puis en vrac, comme ça me vient : "Beautiful gun" nous ramène véritablement quelques dizaines d'années plus tôt, le son en plus. Cette énorme basse aurait pu servir d'écrin chez YAZOO, pas de doute ! Avec sa petite ligne de piano a nouveau "à la katie BUSH", "Other" sonne différemment... Et ce chant complexe et aérien, c'est d'une limpide beauté ! On trouve aussi un long monologue sur la très fictionnaire "April 10th". C'est donc plus une ambiance qu'une chanson, et il convient de se pencher sur les paroles, Alison est décidemment très étonnante. J'en termine avec les énormes synthés telluriques sur le refrain d'"Alive", qui sont d'une puissance incroyable.

Etonné de bout en bout j'ai été ! Il va falloir se pencher sur la carrièe solo de notre artiste, mais oui ! Voilà qui est fort prometteur ! On retrouve la new-wave du début des eighties dans toute sa splendeur, enrobée des sons d'aujourd'hui avec une belle maestria. La voix d'Alsion MOYET n'a rien perdu de son mordant, mais le plus étonnant est de la retrouver dans un tel environnement. Fortement conseillé à tout le monde, la musique est belle, la voix à pleurer de bonheur, une superbe surprise !