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FOLK-ROCK BRITANNIQUE  |  STUDIO

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STEELEYE SPAN - Bedlam Born (2000)
Par MARCO STIVELL le 28 Janvier 2019          Consultée 866 fois

Dans ta figure, auditeur ! Tu as critiqué STEELEYE SPAN pour leur Horkstow Grange que tu jugeais trop acoustique, trop calme ? Tu vas en être pour tes frais, et même plus que ça !

Bedlam Born est un disque rock, mais aussi le plus déroutant du groupe. Avec le même effectif que sur le précédent, STEELEYE SPAN délivre un ensemble différent, peut-être pas tout à fait radicalement, mais surprenant, difficile à aborder tant il mise sur des parti-pris sans concession. Comme une façon de mettre le paquet, avant un nouveau turn-over de taille !

Lorsque « Well Done Liar » résonne, déjà, quelque chose nous met la puce à l'oreille : c'est Dave Mattacks qui ouvre les hostilités, seul. Il n'est pourtant que le batteur accompagnant et régulier, pour la dernière fois d'ailleurs, mais contrairement au disque précédent, il est d'une importance capitale ici, dès le départ donc. Un autre qui s'illustre, c'est Tim Harries, avec sa basse au son très métallique, avec ou sans accent d'ailleurs. Et justement dans une intention plus heavy, Bob Johnson adopte un son grincheux, sale, corrosif par moments.

On retrouve d'emblée, sur cette introduction, les harmonies du guitariste au chant en compagnie de Gay Woods. La formule couplet-refrain fonctionne agréablement, la 12 cordes électrique et le violon de Peter Knight s'insèrent dans une pop-folk aux arômes sudistes plutôt communicative, élégante en même temps. Knight se réserve d'ailleurs de très belles chansons calmes qu'il a écrites, la valse « Poor Old Soldier », la ballade country « Who Told the Butcher », sur lesquelles son timbre est magnifiquement mis en valeur. Tout comme les claviers amples de Tim Harries...

Non content de faire claquer sa basse mieux que jamais, le musicien reste le plus impliqué dans le processus de création et d'arrangement ; il ajoute même deux courts interludes (« Arbour » et « Black Swan »). Parfois, cela nous rappelle que quelques années plus tôt, il a fait partie d'IONA, le groupe de rock progressif chrétien, et l'analogie se fait d'autant mieux ressentir que STEELEYE SPAN n'a jamais été aussi proche de la religion que sur ce disque. « Stephen », en particulier, parle d'un garçon d'écurie à Bethléem (Bedlam en anglais) lors du présumé massacre des Innocents.

Ce qui vaut au groupe de s'attirer les foudres de fans pour qui le sujet, qu'il soit sacré ou non, n'est simplement pas adapté pour leur groupe favori, du moins de façon aussi explicite, jusque sur la pochette et dans le titre. Ce n'est pas tout : les arrangements sont franchement audacieux, selon les morceaux. « I See His Blood Upon the Rose », autre évocation religieuse, donne à la voix de Gay Woods un ton épique, mais très oriental dans ses mélodies. Johnson rajoute une guitare classique andalouse, Mattacks une caisse claire militaire...

Woods récite souvent des textes sur cet album, de quoi donner de beaux effets (« The White Cliffs of Dover », très étrange avec sa lancinance et ses boucles hypnotiques de synthés) même si on sent qu'elle est sur le départ. Sur Bedlam Born, on passe d'un registre à l'autre, morceau incantatoire aux guitares bruitistes (« John of Ditchford », histoire sordide de meurtre au XIVème siècle), rock blues au rythme funky qui ne renie pas le STEELEYE SPAN du milieu des années 70 (« The Beggar »), tempo quasi Motown pour un chant de travail anglais (« We Poor Labouring Men »)...

À défaut d'être toujours pleinement réussi – le son est aussi en cause, avec une batterie mal mixée quelquefois, ou un Bob Johnson légèrement trop expérimental -, c'est une parenthèse témoin d'un groupe qui ose, et le résultat demeure bien loin d'être négatif. Surtout quand on voit les quelques perles réservées à cette sublime chanteuse qu'est Woods.

« Beyond the Dreamy Place », soutenue par le piano digital très folk (et cette guitare « low whistle » !) ainsi que « The Connemara Cradle Song » aux arpèges cristallins, les guitares remplaçant les harpes celtiques, vont vous donner des frissons. Partagée au chant avec Johnson, « There Was a Wealthy Merchant », reprise d'un traditionnel est une merveille absolue ; impossible de la décrire, il faut l'écouter. Une des meilleures de STEELEYE SPAN et du folk britannique !

Malgré cela, l'enregistrement est houleux, on sent bien que ce trop-plein d'individualités créatives, peu aimé des fans, ne peut durer longtemps. Gay Woods s'en va, Tim Harries aussi, après la tournée. Tournée faite sans Bob Johnson qui se retire pour raisons de santé, après presque 30 ans de bons et loyaux services. Il est remplacé par... Rick Kemp ! L'ancien bassiste (également guitariste live désormais) de STEELEYE SPAN est sur le retour, mais figurez-vous que son (ex-) épouse aussi !

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   MARCO STIVELL

 
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- Gay Woods (chant, bodhrán)
- Peter Knight (chant, violon, claviers)
- Bob Johnson (chant, guitares électriques et acoustiques)
- Tim Harries (basse, guitare électrique, claviers, choeurs)
- Dave Mattacks (batterie, percussions)


1. Well Done Liar!
2. Who Told The Butcher?
3. John Of Ditchford
4. I See His Blood Upon The Rose
5. Black Swan
6. The Beggar
7. Poor Old Soldier
8. Arbour
9. There Was A Wealthy Merchant
10. Beyond The Dreaming Place
11. We Poor Labouring Men
12. The Connemara Cradle Song
13. Stephen
14. The White Cliffs Of Dover



             



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