Recherche avancée       Liste groupes



      
JAZZ FUSION  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

 

- Membre : Jaco Pastorius
- Style + Membre : Paco De Lucía , Di Meola, Mclaughlin, De Lucia

Al DI MEOLA - Twentyfour (2024)
Par ELK le 8 Octobre 2024          Consultée 562 fois

Ces derniers mois les nouvelles de Al n'étaient pas bonnes : en septembre dernier, alors qu'il a 69 ans, il a été victime d'un infarctus lors d'un show en Roumanie l'obligeant à reporter tous ses concerts résiduels en 2023. Sa carrière semble également décliner en pente douce depuis pas mal d'années, avec des projets et albums souvent moins captivants et ambitieux que ceux de ses belles années, ce qui est somme toute dans l'ordre des choses, alors que ses complices de la grande époque tirent l'un après l'autre leur révérence (on pense notamment à Paco DE LUCIA, Larry CORYELL et Chick COREA décédés au cours de la dernière décennie).

Quel plaisir dès lors de le voir revenir avec un bel et grand projet baptisé Twentyfour, en référence au nombre d'albums studio sortis sous son nom (et encore, en écartant les trois du début des 80's signés AL DI MEOLA PROJECT) et probablement à l'année de sortie de l'opus. Engagé il y a quatre ans à l'origine comme un habituel album de guitare acoustique, comme il en a tant réalisés, Al s'est peu à peu engagé dans une réalisation nettement plus ambitieuse comprenant moults ambiances instrumentales, et 82' de musique pour un double album riche d'idées et parfois de surprises.

Si la trame et l'essence de la musique de Al reste drivées par ses formidables compétences instrumentales armé de sa panoplie de fabuleuses guitares, on retrouve dans l'opus le musicien inspiré et innovant qui nous avait si souvent bluffé dans ses jeunes années, de même qu'un compositeur et arrangeur d'une rare compétence, doté d'un sens prodigieux du rythme (son passé de percussionniste y étant pour beaucoup) et d'une connaissance approfondie de l'harmonie.

Tous au long de 15 pistes le plus souvent construites autour de la guitare acoustique de l'américain, on retrouve avec bonheur ce mélange d'influences latines, classiques, Jazz, parfois Blues et Rock qui sont sa marque de fabrique, alors que des instruments comme le Tabla, petit tambourin indien, ou le Cajon, instrument péruvien au son proche de celui d'une caisse claire de batterie, apportent une touche exotique bienvenue à une musique d'une grande richesse. Les percussions sont à l'honneur sur chaque titre, certaines étant d'ailleurs l'oeuvre de Al lui même qui frappe sur sa guitare ou frotte ses cordes pour produire des sonorités rythmiques. On rencontre également quelques traits de piano et des claviers d'une profondeur bienvenue sur certains titres, alors que la guitare électrique de Al fait cette fois pleinement partie du projet, apparaissant sur pas moins de cinq titres.

Ces derniers figurent d'ailleurs parmi les meilleurs surprises de l'album : "Ava's Dance In The Moolight" est un titre magnifique et gorgé d'émotion évoquant l'enfance de sa fille Ava. C'est un titre très bien composé autour d'un arpège d'essence très classique et d'une mélodie simple et belle soutenue par une orchestration classique. La Les Paul de Al y apporte une touche classieuse et plus Jazz pour une très belle réussite d'ensemble. On retrouve cette touche sur le non moins splendide "Tears Of Hope" qui me fait beaucoup penser aux splendeurs de "Isfahan" sur l'album Splendido Hotel. L'ambiance nocturne est superbe, et l'orchestration classique apporte une belle ampleur à l'ensemble avant l'arrivée en fin de titre de belles mélopées électriques et de légères évocations du bandonéon d'Astor PIAZZOLA que Al vénère. "Paradox Of Puppets" nous plonge plus encore dans le Jazz Fusion de la grande époque, c'est un titre assez court d'inspiration latine qui permet à Al de retrouver avec un son légèrement saturé l'expressivité et la sensualité qu'il sait apporter à ses traits de guitare électrique. C'est encore la cas sur "Genetik" où la Les Paul est cette fois très en avant, entourée de boucles électroniques, de percussions dynamiques, et où la symbiose entre guitare acoustique et électrique est totale. "Testament 24" est un titre assez court, probablement évocateur de l'accident de santé de Al qui semble y condenser tous les styles qui ont traversé ses œuvres au fil de sa carrière. L'exercice de style est brillant.

A l'opposé des titres les plus électriques, on trouve dans cet ensemble une jolie chanson "Eden" interprétée en espagnol par SIUXX (Ivan Lopez), un joli titre purement classique "For You Eyes" exécuté en solo par Al, une réminiscence de la période Scenario, "Close Your Eyes", avec force boîtes à rythme et synthés autour des entrelacs acoustiques de Al, et un superbe flamenco "Esmeralda" au cours duquel on croirait presque voir la gitane danser sur le parvis de Notre Dame. Ce titre démontre que Al n'a rien perdu de sa dextérité, alors que quelques touches de piano évoquent les légendaires duos avec le grand Chick COREA. "Fandango" est une belle entrée en matière, titre construit autour d'un riff un peu blues et d'une mélodie latine assez enjouée sur laquelle Al semble bien s'amuser."Precocious" finit joliment l'opus, un peu comme il avait commencé, sur un mode légèrement bluesy bien appuyé par un tabla dynamique.

Il nous reste la pièce de résistance, une trilogie baptisée "Immeasurable" partie 1, 2 et 3. Ce sont les morceaux les plus complexes du disques, bâtis autour de solides percussions, et de thèmes de guitare sur lesquels Al s'autorise de grandes libertés harmoniques et rythmiques, sans toutefois perdre jamais un fil conducteur dont lui seul détient réellement la clé. Pour pleinement apprécier ces titres il faut probablement être solidement familiarisé avec la musique de l'Américain, l'ensemble pouvant selon les sensibilités sembler aller un peu dans tous les sens, ou au contraire fasciner les auditeurs les plus aguerris.

Quoi qu'il en soit, AL DI MEOLA a parfaitement réussi son coup : il n'a rien perdu de son extraordinaire dextérité, qu'il met désormais pleinement au service de compositions remarquablement troussées, et bénéficie d'un regain d'ambition et d'inspiration pour nous offrir des musiques bien plus excitantes que ses oeuvres de ces dernières années (voire décennies). Pour toutes ces raisons, doublées par le bonheur de le retrouver dans une telle forme, mon 3,5 objectif se transforme en un bon 4 que tous les amoureux de Al et de la guitare approuveront sans difficulté.

A lire aussi en JAZZ par ELK :


Michel PETRUCCIANI
Music (1989)
Varié, enjoué et lumineux




CHICK COREA ELEKTRIC BAND
Eye Of The Beholder (1988)
La classe et le chick


Marquez et partagez





 
   ELK

 
  N/A



- Al Di Meola (guitares, basse, claviers, percussions)
- Derek Wieland (piano, claviers)
- Rodrigo G. Palhen (harmonica)
- Herman Romero (piano, guitare)
- Siuxx / Ivan Lopez (chant)
- Tommy Brechtlein (batterie)
- Arnit Kavthekar (tabla)
- Gisella Giufra (cajon)
- Gumbi Ortiz (congas)


1. Fandango
2. Tears Of Hope
3. Esmeralda
4. Caproccio Suite
5. Ava's Dance In The Moonlight
6. Immesaureble Part 1
7. Immesaureble Part 2
8. Eden
9. Close Your Eyes
10. Immesaureble Part 3
11. Paradox Of Puppets
12. For Only You
13. Genetik
14. Testament 24
15. Precocious



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod