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Pierre BACHELET - Les Lolas (1992)
Par AIGLE BLANC le 31 Octobre 2024          Consultée 223 fois

9ème album studio de Pierre BACHELET, selon Wikpedia, mais 8ème opus selon mes critères si l'on considère les deux disques de 1985, Marionnettiste et En l'an 2001, comme les deux parties d'un double-album 'non assumé', Les Lolas succède au double Quelque part... c'est toujours ailleurs (1989), qui était plutôt ambitieux dans son concept autour de la mer et de la terre, mais dont la qualité musicale ne relevait que partiellement le défi de sa longueur. Il marque douze années de la collaboration fructueuse entre le parolier Jean-Pierre Lang et le chanteur 'immortel' des "Corons", qui leur a valu un disque d'or (Marionnettiste, 1985) et trois disques de platine (Les Corons -1982, Vingt ans -1987, Quelque part... c'est toujours ailleurs, ce qui témoigne d'un joli succès populaire, mérité tant les deux hommes s'entendent à merveille pour créer des chansons humanistes au sens noble du terme.

Le clivage entre les réfractaires à la Variété française et/ou à Pierre BACHELET et le cercle de ses adeptes ne peut que conditionner la réception d'un tel album. Pour les premiers ne supportant pas sa ringardise, Lolas risque de s'attirer leurs moqueries et sarcasmes. Pour les seconds ayant eu le temps de s'attacher à l'univers humaniste du duo Jean-Pierre Lang et Pierre BACHELET, cet opus ne saurait les décevoir tant il contient tous les ingrédients qu'ils affectionnent depuis l'opus de 1980 Elle est d'ailleurs. Les fans, c'est bien connu, sont des conservateurs convaincus et acceptent difficilement que leur artiste préféré modifie en cours de route la recette qui constitue son art originel. Les Lolas, loin de révolutionner la carrière de P. BACHELET, se contente d'aborder les mêmes territoires, sans améliorer la qualité musicale, mais avec un talent toujours présent.
Le fait que cet album soit aussi le dernier dont Jean-Pierre Lang signe l'intégralité des paroles incite à déceler en lui la synthèse du style et de la personnalité artistique du duo Lang/BACHELET. En effet, ses 12 titres rassemblent les thèmes ayant toujours préoccupé les deux hommes.
On y croise des chansons 'patriotiques' (non dans le sens militaire du terme) qui célèbrent avec ferveur les valeurs républicaines de la France, héritées de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. C'est ainsi qu'à "Laisser Chanter le Français" (premier single à en être extrait) échoit l'honneur d'ouvrir l'album. La Variété française nourrit naturellement un amour, du moins un respect, de la langue hexagonale par l'attention particulière portée aux textes, parfois au détriment de la musique. On peut citer notamment les références institutionnelles que représentent BREL, BRASSENS, FERRE, FERRAT, GAINSBOURG auxquels ont succédé les chanteurs-euses des années 70 (LAVILLIERS, HIGELIN, SOUCHON, CABREL, SAMSON, BERGER, RENAUD...), mais il me semble que cette chanson de BACHELET est l'une des rares qui fasse de la langue française son unique sujet et ne se contente pas de paroles bien troussées, prenant le parti de défendre une langue ayant perdu une part importante de son prestige de jadis, supplantée par l'Anglais devenu la langue des échanges commerciaux et diplomatiques. Le 'patriotisme' de J-P. Lang s'exprime également par la célébration de l'Education Nationale quand "Au-Revoir Professeur" délivre un hommage 'convenu' certes mais touchant aux enseignants ayant défendu toute leur vie l'instruction des enfants. Au moment de partir à la retraite, l'enseignant lance un au-revoir émouvant à ses derniers élèves qui, lors d'un refrain d'abord entonné par la voix unique d'une adolescente avant qu'il soit, crescendo oblige, amplifié par un choeur d'enfants auquel P. BACHELET doit une partie de sa consécration : souvenez-vous de "En l'An 2001", de "2001, le Pied sur la Lune" et de "Ye ye les Tambours".
L'enfance est sans doute le sujet populaire le plus partagé qui soit parce qu'il éveille en nous, sans forcer, la nostalgie, à la manière de Sempé ou de Pagnol. L'autre chanson "Et je me sens grand" ne manque pas non plus de célébrer l'enfance ; le chanteur y livre l'expérience bouleversante que constitue le fait d'endosser la paternité, J-P. Lang ne manquant pas de rappeler que l'enfant fait grandir l'homme, que l'enfant est en quelque sorte le père de l'homme. Bien entendu, à l'aune de l'époque actuelle, une telle candeur peut prêter à sourire, mais pour les deux artistes, la paternité est une leçon de vie qui redonne tout leur sens aux valeurs d'humilité et de reconnaissance.
L'enfance permet en même temps au parolier de traiter le thème du couple et de la conjugalité : "J'ai toujours envie de toi" rappelle l'étape naturelle mais délicate que doit franchir le couple une fois ses enfants ayant quitté le foyer familial. Le narrateur, confronté pour la première fois depuis 20 ans, directement à sa femme se voit soudain reconnecté aux sentiments qu'il nourrit à son égard, ceux-là mêmes que la vie parentale avait eu tendance à faire passer au second plan. S'il s'agit d'une chanson d'amour comme les affectionne Pierre BACHELET, par ailleurs moteur principal de la chanson populaire, son parolier lui ajoute un surcroît d'émotion par le choix d'un angle d'approche souvent original, signature stylistique la plus touchante du duo d'artistes. D'autres chansons d'amour parsèment ainsi traditionnellement l'album : "La marée" aborde la situation délicate de l'amant qui, telle la marée, réapparaît après une longue absence auprès de celle qu'il a jadis aimée et avec qui il tente de renouer sans certitude le lien perdu. Sur un thème voisin, "Ils se sont retrouvés" s'avère encore plus réussie, sans doute la piste la plus discrètement sensible grâce aux paroles délicates de J-P. Lang que soutient la mélodie séduisante autant qu'émouvante de Pierre BACHELET. Très inspiré par la thématique amoureuse, le duo livre une autre belle chanson "Je t'aime etc." dont les paroles de Lang, pourtant guère remarquables, sont magnifiées par la mélodie qu'a concoctée le chanteur. Et pour couronner le tout, le duo se surpasse encore une fois avec "Elle est ma guerre elle est ma femme", chanson bien écrite aux couplets, une fois n'est pas coutume, bien plus irrésistibles encore que le refrain.
Ce disque ne serait pas un album de Pierre BACHELET sans une chanson au moins dédiée à la mer. Depuis "Typhon" (1982) et surtout "Découvrir l'Amérique" (1983), sa discographie est traversée par des échappées maritimes, au point que son double-album précédent (1989) avait fait de la mer le thème conceptuel du premier disque. Ici, c'est "A contre-vent" à qui revient l'honneur d'un hommage vibrant à l'étendue marine, chanson entraînante comme le sont les chansons de marins, et que Hugues AUFRAY n'aurait sans doute pas reniée.
Sans être conceptuel, Les Lolas affiche une cohérence thématique plus forte encore que son prédécesseur (Quelque part c'est toujours ailleurs) dont c'était pourtant l'ambition revendiquée. Cela provient du fait que les pistes de l'album sont agencées avec un sens certain de l'à-propos, plusieurs chansons comprenant un écho de la précédente. C'est ainsi que "La marée" prolonge métaphoriquement l'élément marin de "A contre vent", que "Je me sens géant" fait encore résonner la magie de l'enfance déjà au coeur de "Au revoir professeur". Quant aux nombreuses chansons d'amour précitées, elles font évoluer le thème sentimental degré par degré en variant légèrement l'angle d'attaque des paroles.
Hélas, comme d'habitude, le duo Lang/BACHELET n'évite pas une ou deux scories, chansons qui, par leur médiocrité voire leur vulgarité relative, brisent l'harmonie d'ensemble de l'album. "Les Lolas" est une erreur stratégique : comment ont-ils pu penser qu'elle avait l'étoffe d'un single? De même "Ca devient trop" sonne comme un hors-sujet qu'il est préférable de bannir.

Heureusement, le titre sur lequel se referme l'opus, "Gardiens de planète", le plus dépouillé, distille une poésie simple mais délicate, jolie mélodie de douceur drappée, belle note nocturne avant de remettre les pieds sur terre.

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   AIGLE BLANC

 
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- Pierre Bachelet (chant, musiques)
- Jean-pierre Lang (paroles)
- Bernard Levitte (claviers, production)
- Patrice Tison (guitare)
- Bernard Paganotti (guitare basse)
- Guy Mattéoni (chef de choeur, claviers)
- Claude Salmiéri (batteries)
- Marc Chantereau (percussions - titres 1 & 7)
- Les Petits Chanteurs D'asnier (chorale - titre 2)
- Julie Levitte (voix solo - titre 2)
- Carole Fredericks (choeurs)
- Bernard Ilous (choeurs)
- Francine Chantereau (choeurs)
- Janiece Jamison (choeurs)
- Christian Roshem (choeurs)
- Jean-claude Briodin (choeurs)
- Liliane Davis (choeurs)
- Marina Albert (choeurs)
- Olivier Constantin (choeurs)
- Pascale Richard (choeurs)
- Patrick Beauvariet (choeurs)


1. Laissez Chanter Le Français
2. Au-revoir Professeur
3. A Contre Vent
4. La Marée
5. Ils Se Sont Retrouvés
6. Et Je Me Sens Géant
7. Les Lolas
8. J'ai Toujours Envie De Toi
9. Je T'aime Etc.
10. Elle Est Ma Guerre Elle Est Ma Femme
11. Ca Devient Trop
12. Gardiens De Planète



             



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