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1986 Album
2023 End Of World
 

- Style : Virgin Prunes
- Membre : Leftfield, The Sex Pistols , Siouxsie And The Banshees, Magazine, Painkiller

PUBLIC IMAGE LIMITED - Happy (1987)
Par PSYCHODIVER le 5 Juillet 2022          Consultée 1223 fois

Aux oreilles de la majorité des critiques, la discographie de PIL ne trouve grâce que l'espace de deux albums, les deux premiers. Subsistent quelques téméraires qui vont prolonger l'exploration jusqu'à "The Flowers of Romance" voire au "Live In Tokyo". Une fois franchi le parterre des rares fans de "Album" : les suiveurs de PIL se font rares, très rares. Et il y a peu de chance qu'un jour au détour d'une discussion portant sur les meilleurs albums rock des 80's, quelqu'un mentionne l'existence de Happy. Pépite oubliée sortie en 1987. Année, il faut reconnaître, médiocre, marquée par le triomphe des ringards de GUNS N ROSES, l'échouage de MIDNIGHT OIL numéro 1 du Top 50 et la mort de U2 avec le désespérant The Joshua Tree.

Le succès de Album en 1986 n'a pas pu empêcher la dissolution du nouveau PUBLIC IMAGE LIMITED. John Lydon ne désespère pas pour autant et donne quelques concerts tout au long de l'année 86. Des prestations toujours aussi perturbées par des détraqués bien décidés à liquider l'ex-SEX PISTOLS (au point que John en arrive à leur souhaiter la mort par irradiation) et qui laisse présager le pire pour un groupe de la trempe de PIL. Un groupe sonnant comme un tribute band déguisé, réduit à se raccrocher à des classiques qui ne lui appartiennent pas pour pouvoir exister. La preuve en est ce live mou du genou donné à la Brixton Academy, introduit par une version instrumentale de "Kashmir" de LED ZEPPELIN. Dur.
Non. PUBLIC IMAGE LIMITED ne pouvait pas finir comme ça. John garde sous la main les musiciens de la tournée 86 et constitue un second nouveau PIL. Particularité de ces musiciens ? Ce sont pour la plupart des vétérans de l'explosion punk. Et 10 ans après l'année de l'insurrection, les vieux de la vieille ne comptent pas faire vœu de silence. Nous retrouvons donc, en plus de Mister Lydon, un deuxième John en la personne de John McGeoch (le guitar hero new-wave passé chez MAGAZINE, SIOUXSIE AND THE BANSHEES et VISAGE, ça c'est du CV), Lu Edmonds, ex-DAMNED à l'époque du mésestimé Music For Pleasure et Bruce Smith, terrible batteur des enragés du POP GROUP (vous savez, ceux qui gueulaient We are all prostitutes au début des 80's). Seul inconnu au bataillon, Allan Dias, connaissance de Smith et bassiste au jeu aussi souple que prenant et décomplexé. Une poignée de types talentueux et méritant mieux que de croupir le restant de leur vie dans un anonymat mortifère ou dans un studio délabré.

Illustré par une amusante pochette en hommage à l'artiste et architecte autrichien anarcho-écolo-monarcho- nazillon Friedensreich Hundertwasser (si si, un phénomène que ce Monsieur), Happy est un album très important dans la discographie de PUBLIC IMAGE LIMITED. Bien plus que The Flowers of Romance et Album. pourtant dans le haut du panier du PIL post 70 en matière de 33-tours studios. C'est l'album de la résurrection, déjà entamée par le précédent opus. Mais si elle demeurait timide sur ce dernier, elle est ici lumineuse. Le son de PUBLIC IMAGE LIMITED se fait désormais plus proche de la scène alternative que d'un quelconque combo post punk. Néanmoins, John Lydon ne se prive pas de regarder en arrière de temps à autre et saupoudrer sa musique de quelques miettes de ses œuvres passées. "Happy" est un compendium de tout le savoir-faire du rouquin. Un opus mature mais sachant laisser s'exprimer une vraie folie communicative et borderline dans la lignée de celle qui régnait en maître sur le songwriting du groupe jusque dans la première moitié des 80's. Car Happy est résolument plus punk, hargneux et caustique que Album. Proposant moins de soli, mais plus de riffs et d'attaques perpétrées par un flamboyant duo de guitares ("Open And Revolving" tout comme le bien nommé "Angry" en sont d'excellentes preuves), tandis que John et ses hommes flinguent tout ce qui bouge. L'armée, le système éducatif, l'uniformisation institutionnelle.

Dès les premières mesures de "Seattle", on comprend que John est revenu aux affaires sans avoir à polisser sa musique ni donner un semblant de forme à du grand n'importe quoi. "Seattle", chronique d'un reaganisme sur la pente descendante est un petit chef-d'oeuvre. Le plus grand tube de PIL concernant la décennie 80. Guitares carillonantes/affûtées, section rythmique sobre et efficace, un John en pleine forme qui revient aux fondamentaux de son chant brut et acide, le tout soutenu par un clip pastichant Koyaanisqatsi et montrant non pas John seul mais un PUBLIC IMAGE LIMITED au complet et bien soudé : le plaisir est évident. En matière de clip, il y a beaucoup à dire sur celui de "The Body" où Urgences rencontre la crasse malaisante de Massacre À La Tronçonneuse. Un pur morceau punk, fédérateur mais glaçant (et grinçant) où John poursuit ses réflexions sur l'avortement entamées par le barbare "Bodies" des PISTOLS et décalque violemment au passage le système hospitalier. Niveau cojones musicales et thématiques, c'est du DEAD KENNEDYS. Vous n'irez plus vous faire vacciner après l'écoute de cette bombinette. Et encore moins faire don de votre corps à la science.
Le travail de sape anti-commercial est garanti par la présence de choeurs féminins déglingués (notamment sur "Rules And Regulations" au riff killingjokien imparable). La touche world music nous transporte au moyen-Orient via la cavalcade arabisante de "Hard Times". Elle se fait hypnotique sur le terrible "Save Me". Le climat mi glacial mi solaire de "This Is What You Want This Is What You Get" ressurgit le temps pour nous d'assister à cette errance en forme de spirale descendante d'un homme perdu dans un monde que Dieu semble avoir abandonné. Chansons après chansons, le protagoniste se heurte à tout ce qui gangrène l'hémisphère nord de la fin des années 80. Il finit par franchir l'équateur pour mieux terminer dans le boui-boui miteux d'un pays émergent sur l'immense et conclusif "Fat Chance Hotel". Basse obsédante, arrangements hispaniques déconcertants, riffing impeccable. Une ambiance crépusculaire renforcée par les réminiscences fantomatiques de "Save Me" via une piste instrumentale cachée. L'excellente fin d'un album résolument inventif et qui recèle bien des surprises.

Très électrique. Doté d'une ambiance faussement joyeuse et au propos vindicatif, comme si Emir Kusturica débarquait en plein sommet du G7 : "Happy" est l'archétype de l'album à réhabiliter d'urgence. Et pour prouver que la vitalité fraîchement acquise par son groupe n'était pas une publicité mensongère, John n'hésita pas à l'emmener jusqu'en Estonie (à l'époque encore annexée à l'URSS) à l'occasion du Glasnost Rock Summer Festival de 1988 se tenant à Tallinn. Seule formation britannique présente avec BIG COUNTRY et Steve Hackett, PUBLIC IMAGE LIMITED donna un concert de haute volée face à 130 000 personnes. Un grand concert (un de ceux dont John est le plus fier) qui mériterait d'ailleurs une restauration adaptée, on obtiendrait alors l'objet live définitif de PIL, de quoi éclipser le pourtant exceptionnel Live In Tokyo.

Happy est sans aucun doute le meilleur album de PUBLIC IMAGE LIMITED, juste derrière l'indétrônable Metal Box et le dernier grand disque du combo avant son retour en 2012. Car John l'ignorait encore, mais il s'apprêtait à affronter une nouvelle traversée du désert. Cette fois-ci plus artistique qu'humaine. Il était en effet difficile de succéder à Happy sans éviter la redite ou la facilité et après avoir passé 10 ans à avoir l'establishment musical à ses pieds.

Alors ? Heureux ?

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   PSYCHODIVER

 
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- John Lydon (chant)
- John Mcgeoch (guitare)
- Lu Edmonds (guitare / claviers)
- Allan Dias (basse)
- Bruce Smith (batterie)


1. Seattle
2. Rules And Regulations
3. The Body
4. Save Me
5. Hard Times
6. Open And Revolving
7. Angry
8. Fat Chance Hotel



             



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