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Gary NUMAN - Berserker (1984)
Par PSYCHODIVER le 11 Février 2025          Consultée 239 fois

Qu'est-ce qu'il nous fait, le Gary ? Peinturluré jusqu'aux tifs. En kimono et lettrage asiatiques à l'appui ? Il est loin, le taciturne dernier électricien du futur dans sa tenue de cuir noir et rouge. On savait que le Japon l'avait quasiment déifié à partir de 1979 / 1980, mais il ne s'agirait pas de forcer le trait. Délesté de toutes contraintes après sa scission d'avec Beggars Banquet, suite à la publication du décevant Warriors qui l'avait vu partager la production avec d'autres décideurs : Gary ne se fait pas prier pour retourner aux affaires et fonde en cette année orwellienne son propre label, Numa Records. Il garde sous la main les rescapés de DRAMATIS (le trio Sharpley/Payne/Bell) et s'entoure d'une nouvelle armée de squatteurs de sessions. Il est également séduit par l'échantillonnage (pas encore les samples, mais cela ne saurait tarder) et les possibilités offertes par la récente technique. Ce ne sera néanmoins pas sur un Fairlight CMI qu'il s'essaiera à l'exercice, mais sur des PPG Wave. Concurrent germanique du synthétiseur australien. Gary deviendra au passage le quasi porte-étendard du clavier teutonique. Un argument de vente aussi ostentatoire que délicat tant il va user voire abuser de l'appareil.

Album vaguement conceptuel orienté dystopie globale (le titre est un clin-d'oeil aux sagas littéraires de Fred Saberhagen que Gary dévora au cours de sa jeunesse et qui d'un point thématique n'ont pas grand-chose à voir avec les ambitions du disque), Berserker rompt une bonne fois pour toutes avec le moindre élan novateur. Warriors avait annoncé cette tendance, son successeur la matérialise. Fasciné par le grandiloquent autant que solide Welcome To The Pleasuredome de FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD, Gary se lance dans un projet musclé où sa new-wave atypique rencontrerait la vague Hi-NRG qui cartonne alors. Cependant et avec le recul que nous possédons désormais, il apparaît qu'à l'inverse des travaux de Holly Johnson et de ses hommes, le temps n'est pas clément avec Berserker. Sorte de croisement entre l'électronique dansante à venir (au demeurant sacrément efficace) de Paul Hardcastle et d'un simili hard-rock funky, le disque peine néanmoins à extraire les composantes les plus nobles de ses sources d'inspiration.

Pourtant, Berserker n'est pas une bérézina intégrale, ne serait-ce que parce que Gary s'échine encore à garder un semblant de ligne directrice ainsi qu'une certaine rigueur. Certes, son écoute impose de s'infliger d'épouvantables niaiseries telles "Pump It Up" (la plus nocive du lot) ou "This Is New Love" (continuité logique de Warriors, du sous PRINCE). Mais l'on aurait tort de ne pas s'attarder quelques minutes sur le morceau titre, haletant, bien construit, nerveux et même menaçant : l'inspiration Trevor Horn est bien présente mais jamais au détriment de la Numan touch (d'où ce sentiment de menace). "My Dying Machine" est façonnée dans le même matériel rutilant et ne faiblit jamais. Le très bon "Cold Warning" et son indus orientalisant qui fait la jonction entre le PIL de This Is What You Want This Is What You Get et le futur éphémère projet THE SISTERHOOD ne déçoit pas. On n'oubliera pas non plus la conclusion ouvertement rock "The Hunter" comme l'éthéré et intimiste "A Child With The Ghost" composé à la mémoire de Paul Gardiner, l'ex-fidèle bassiste dont l'addiction à l'héroïne venait de le conduire de l'autre côté suite à une overdose fatale. Les chœurs féminins lointains et les claviers cotonneux s'accordent à merveille. Et même le saxo n'est pas de trop. Solennité et sobriété de rigueur. Un bien bel hommage en somme.

Avec une moitié d'album satisfaisante luttant contre sa sœur jumelle largement dispensable, Berserk récolte ainsi la moyenne. Il ne parvient pas à se hisser dans les latitudes favorables des charts, vaincu notamment par la compilation The Plan, recueil des premiers méfaits de la TUBEWAY ARMY que Beggars Banquet publia sans doute dans l'optique de torpiller les projets de Gary hors de la maison mère. Ce volet inaugural de l'ère Numa n'a pas l'aura d'une œuvre essentielle mais demeure à des années lumière des atrocités qui lui succéderont. Laissons toutefois le temps à Gary Webb de repartir en tournée, histoire de lui permettre un dernier coup d'éclat.

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   PSYCHODIVER

 
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- Gary Numan  (chant, claviers)
- Chris Payne  (claviers, violon)
- Cedric Sharpley (batterie)
- Russell Bell (guitare)
- John Webb (claviers, programmations)
- Martin Elliott (basse)
- Andy Coughlan (basse)
- Pat Kyle (saxophone)
- Tessa Niles  (chœurs)
- Tracy Ackerman  (chœurs)
- Zaine Griff  (chœurs)
- Mike Smith  (ppg wave)
- Ian Herron (ppg wave)


1. Berserker
2. This Is New Love
3. The Secret
4. My Dying Machine
5. Cold Warning
6. Pump It Up
7. The God Film
8. A Child With The Ghost
9. The Hunter



             



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