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1980 Telekon
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Gary NUMAN - I Assassin (1982)
Par PSYCHODIVER le 7 Décembre 2024          Consultée 261 fois

Lorsqu'on a quasiment tous ses semblables à ses trousses et que des menaces de mort pleuvent dans votre boîte aux lettres du matin au soir, de deux choses l'une, soit vous traquez les expéditeurs via leurs écritures et vous planifiez une explication par contact phalango gingival, soit vous choisissez de vous faire oublier d'une manière ou d'une autre. Gary Numan, en 1982, va choisir la seconde option. Ce qui lui permet d'assouvir sa passion pour les cieux. Après avoir redémarré les concerts suivant la parution de son mitigé Dance, rompant au passage avec sa promesse de ne plus jamais remonter sur scène, il s'engage ainsi dans un tour du monde en solitaire en avion, avec la ferme intention de battre un certain Phileas Fogg via un record à établir en 44 jours. Du Bourget à Melbourne, de Tokyo à Reykjavik jusqu'à Londres.

Entre-temps, et au détour de soirées mélomanes dont les petites salles d'époque n'étaient pas avares, il fait la connaissance du bassiste Pino Palladino, dont le jeu tout en fretless va littéralement (et à juste titre) l'époustoufler et l'amener à inclure le ritalo gallois dans son groupe d'accompagnement avant de lui conférer les pleins pouvoirs en termes de section rythmique (avis aux fans de basses, I Assassin est une perle rare). C'est un fait. Le futur requin de la quatre cordes qui contribua aux offrandes de pointures telles Don Henley, Phil COLLINS ou, plus proche de nos contrées, Stephan EICHER, a réellement débuté comme acolyte de Mister Webb chez qui il s'en donne à cœur joie. Les mauvaises langues affirment qu'il sert ici de Mick Karn de fortune le temps d'un album, la qualité et la cohérence de ce dernier jouant en faveur de son passage chez Gary qui garde de cette brève période un excellent souvenir. Il s'entoure également du batteur Chris Slade (ancien compagnon de route de Tom JONES, de Manfred MANN et futur bourrin à la solde des insupportables AC/DC), du claviériste Roger Mason (rencontré lorsque Gary tourna en Australie), du mystérieux Mike qui se charge du saxo et de l'harmonica ainsi que de John Webb (ou plutôt devrais-je dire John Numan étant donné qu'il s'agit du frère adoptif de Gary). Plus aucune trace de DRAMATIS ni de la TUBEWAY ARMY. I Assassin est un projet complètement à part dont la gestation s'est effectuée au fil du tour du monde entrepris par son initiateur.

L'ambition cette fois-ci, combinée à l'efficacité, est de mise dès "White Boys And Heroes". Nappes agressives contrées par un déluge rythmique à la TALKING HEADS et guitares aiguisées réceptionnent le chant toujours aussi désinvolte de Gary. Le refrain fait la part belle au grandiose alors que la formule balbutiante new-wave arty fretless à la limite de la world music amorcée sur Dance atteint ici sa maturité. Le saxophone, instrument 80's par excellence, commence à flirter avec le son mainstream sans pour autant plomber l'ensemble.

L'aspect dansant renforcé de "War Songs" renvoie à l'essentiel "I Dream Of Wires" que l'on aurait délesté de sa noirceur et de son inquiétude. L'atmosphérique "A Dream Of Siam" est lui aussi une franche réussite. Depuis "Please Push No More", jamais la musique de Gary n'avait autant flirté avec des contrées aussi éthérées et c'est avec grand plaisir que l'on retrouve la majesté de Telekon et Replicas, imprégnant chaque note sans exception. Nous sommes bien loin du pataud "Slowcar To China" de l'album précédent. Summum absolu de ce volet exotico glacial millésime 82, "Music For Chameleons" est une des plus mémorables incarnations du statut de 'tube des tubes'. Phasing et reverb' en pagaille. Ligne de basse absolument démentielle, obsédante et déterminée (une des plus sacrées pour votre serviteur). Chant impeccable. Mécanique parfaitement huilée et à la durée idéale. Ambiance nocturne à souhait en parfaite cohésion avec l'artwork du disque. Rien ne manque. L'excellence est garantie. L'écrasant "This Is My House" est dopé aux claviers lames de rasoirs tandis que toujours règne en souveraine intransigeante cette foutue basse qui remplit l'espace sans nuire une seconde à un climat résolument brumeux et noir. Le morceau éponyme maintient cette orientation rouleau compresseur mais accentue la touche mainstream évoquée plus haut, Chris Slade est ici irréprochable. "The 1930's Rust" est la curiosité de l'opus puisqu'il joue la carte du rétro à fond, saxo et harmonica à l'appui. Et vous savez quoi ? Ça fonctionne. Erwin le boss devrait apprécier cette débauche aussi anachronique que susceptible de vous rester en mémoire pour longtemps. Enfin, la conclusion "We Take Mystery To Bed", hymne cold funk/cyber disco taillé pour les dancefloors et évoquant aussi bien le TEARS FOR FEARS des débuts que le Kid de Minneapolis (PRINCE n'a jamais caché la vénération qu'il manifestait pour les premiers travaux de l'ex-TUBEWAY ARMY. Il est vrai qu'en termes d'ambiances urbaines synthétiques, dansantes et électriques, la filiation entre Telekon et Controversy, I Assassin(fi] et 1999 voire Purple Rain est facile à déceler) a de quoi éclipser n'importe quel "Cars" dans la conquête du hit absolu issus du cerveau de Gary Webb.

Plus court et moins fourre-tout que son prédécesseur dont il gomme également toutes les imperfections liées à un casting trop diversifié ainsi qu'à une créativité mal canalisée, I Assassin est un grand cru numanien. Troisième et dernier d'un potentiel triptyque composé de Telekon et Replicas, trio crucial dans l'élaboration du son 80's et par conséquent à l'origine de bien des vocations. Toutes ne sauront d'ailleurs pas faire honneur à leurs racines communes. Et Gary n'allait pas tarder à leur emboîter le pas. Sacrifiant ainsi son statut de précurseur pour devenir un suiveur, refermant au passage les années dorées de la new-wave à laquelle il avait tant apporté. Désormais, le temps des sommets était bel et bien révolu.

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   PSYCHODIVER

 
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- Gary Numan (chant, guitare, claviers)
- Pino Palladino (basse, guitare)
- Roger Mason (claviers)
- Mike (saxophone, harmonica)
- Chris Slade (batterie)
- John Webb (percussions)


1. White Boys And Heroes
2. War Songs
3. A Dream Of Siam
4. Music For Chameleons
5. This Is My House
6. I Assassin
7. The 1930's Rust
8. We Take Mystery To Bed



             



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