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Gary NUMAN - The Fury (1985)
Par PSYCHODIVER le 16 Février 2025          Consultée 195 fois

Bon. Alors ...
Cher lecteur, me voici en face d'un douloureux impératif. User de ma plume afin de tailler en pièce l'œuvre d'un artiste qui m'est cher... Et de savoir que cette expérience traumatisante devra être réitérée à au moins cinq ou six reprises n'a rien d'engageant. Mais qui aime bien châtie bien. Alors en piste.

Oui, 𝘉𝘦𝘳𝘴𝘦𝘳𝘬𝘦𝘳 avait des défauts. Il accentuait la profonde implication de Gary dans les sonorités et méthodes de productions des mid 80's. Certes. Mais la sensibilité de l'artiste répondait encore présent et la moitié des titres savait tirer profit de ce virage plus ou moins mal négocié. Cependant, hélas, à force de faire du zigzag sur une route déglinguée et bordée de ravins : ont fini par effectuer un vol plané et payer le prix de sa propre connerie ou excès d'audace mal placé. En atteste ce 𝘛𝘩𝘦 𝘍𝘶𝘳𝘺. Première étape d'une descente aux enfers.

S'il n'est pas le plus mauvais album de Gary, 𝘛𝘩𝘦 𝘍𝘶𝘳𝘺 est tout de même extrêmement pénible à écouter. Synthétique jusqu'à l'os, tout en programmations kitsch (le fidèle Cedric Sharpley étant dorénavant relégué aux concerts) et écritures accumulant les fautes de goût. Contraint de s'appuyer sur des samples lourdingues, intrusifs et mal intégrés pour se parer d'un semblant de légitimité. Devenu obsédé par l'épouvantable "Blade Runner" (passant sous silence le pillage en règle de son légendaire 𝘙𝘦𝘱𝘭𝘪𝘤𝘢𝘴 par l'ignoble frangin Scott) : Gary sème des extraits du long-métrage dès les premières secondes de "Call Out The Dog", nous conviant à le suivre dans l'égout à ciel ouvert qu'est le Los Angeles putride de 2019. Une direction artistique pas très raccord avec la pochette que l'on croirait réalisée à partir de photos prises à Monaco ou Buckingham Palace.

"Call Out The Dogs" (en général le seul titre que les fans mentionnent en bien lorsque 𝘛𝘩𝘦 𝘍𝘶𝘳𝘺 est évoqué) est un morceau, somme toute, relativement banal et qui ne fait que prolonger l'enlisement mainstream amorcé sur 𝘞𝘢𝘳𝘳𝘪𝘰𝘳𝘴, consacrant le triomphe des refrains sous stéroïdes avec overdose de chœurs féminins. Pas de quoi s'émerveiller. Le second single, "Your Fascination", est une synthé pop sans âme et ringarde au possible, qui se pose en exercice de style façon "je caricature le genre que j'ai contribué à façonner". Et ce clip ... Mon Dieu ce clip. Ouh, qu'il est méchant ce Gary en costard qui fronce les sourcils et affiche ce faux air concerné de second couteau nanardesque à perpétuité. Lamentable. Une purge telle que "The Pleasure Skin" est assez représentative du contenu de ce truc qui oscille entre du sous ALPHAVILLE / PET SHOP BOYS / Howard Jones teinté de jazz (déjà que les trois individus cités comptent parmi les plus ignobles tâcherons artificiels des 80's ...). Quitte à explorer jusqu'au bout ce musée des horreurs, on se confrontera à "I Still Remember", qui relève littéralement de la plus infâme variétoche, rejoignant les incalculables parodies de jazz éthéré produites dans cette bien sinistre décennie. On essayera de se consoler avec "Miracles" et "God Only Knows", seuls morceaux réellement écoutables, sans surprises, mais plutôt bien construits, pétri de cyber cold spleen pour le premier cité et empreint de défiance typiquement numanienne pour le second (celui-ci possédant un vrai potentiel de hit dark et conquérant que jamais il ne cherche vraiment à approfondir, à mon grand regret) qui parviennent à s'affirmer un tant soit peu, ce malgré Dick Morrissey qui semble résolu à noyer chaque piste sous ses interventions clichés et horripilantes au saxophone.

D'aucun diront que la présence de Colin Thurston à la production était un gage de qualité absolue. Ce serait oublier à quel point l'intéressé fut capable du meilleur (𝘚𝘦𝘤𝘰𝘯𝘥𝘩𝘢𝘯𝘥 𝘋𝘢𝘺𝘭𝘪𝘨𝘩𝘵 de MAGAZINE, le premier 33 tours de TALK TALK) comme du pire (les machins estampillés Limahl / KAJAGOOGOO et DURAN DURAN). Alors la faute à qui ? À Thurston visiblement rincé ? À Gary ... visiblement encore plus rincé ? Peu importe. 𝘛𝘩𝘦 𝘍𝘶𝘳𝘺 est un ratage et l'une des incarnations les plus redoutables de la soupe synthétique musicale des années 80. En cette année 1985 morose, on lui préférera, dans la même grande famille new wave / rock teinté d'électronique : les plus confidentiels Klaus Dinger et son 𝘕𝘦𝘰𝘯𝘥𝘪𝘢𝘯 perfectible mais bien plus excitant (Conny Plank für immer) ou encore Robert Calvert et son 𝘍𝘳𝘦𝘲 mécanique et insurgé.

L'opus suivant sera abominable et vide de tout intérêt. Tenez-vous prêts.

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   PSYCHODIVER

 
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- Gary Numan  (chant, claviers)
- The Wave Team  (ppg wave)
- Mike Smith  (claviers)
- Ian Herron  (guitare)
- Andy Coughlan  (basse)
- Martin Elliott  (basse)
- Tessa Niles (chœurs)
- Tracy Ackerman  (chœurs)
- Dick Morrissey  (saxophone)
- Ian Richie  (saxophone)


1. Call Out The Dogs
2. This Disease
3. Your Fascination
4. Miracles
5. The Pleasure Skin
6. Creatures
7. Tricks
8. God Only Knows
9. I Still Remember



             



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