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NEW WAVE / ELECTRO ROCK   |  STUDIO

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1981 Living Ornaments 81

Gary NUMAN - Telekon (1980)
Par PSYCHODIVER le 8 Septembre 2024          Consultée 326 fois

Septembre 1980. 𝘛𝘦𝘭𝘦𝘬𝘰𝘯, le nouvel album de Gary Numan en solo atterrit dans les bacs. Un peu plus d'une année s'est écoulée depuis le carton plein de 𝘛𝘩𝘦 𝘗𝘭𝘦𝘢𝘴𝘶𝘳𝘦 𝘗𝘳𝘪𝘯𝘤𝘪𝘱𝘭𝘦. Et les évènements se sont enchaînés. La tournée mondiale qui occupa les mois précédents fut aussi grandiloquente qu'épuisante au possible. Gary s'était pourtant juré de rester loin des scènes. Il commence à regretter de ne pas s'être écouté. Seule son escale au Japon, terre lointaine où il sera quasi déifié, lui permettra de reposer son esprit trop assailli par les paparazzis et les critiques d'une presse spécialisée qui semble avoir juré sa perte. L'ex chef de la TUBEWAY ARMY offrant au passage sa figure de machine humanoïde à la firme Parco qui en fait son égérie sous forme de spot TV (où il reprend son rôle d'encravaté énigmatique de 𝘛𝘩𝘦 𝘗𝘭𝘦𝘢𝘴𝘶𝘳𝘦 𝘗𝘳𝘪𝘯𝘤𝘪𝘱𝘭𝘦) et d'affiches (où il devient presque le pendant masculin d'une certaine Motoko Kusanagi). Il s'essaye également à certains arts martiaux ...

C'est donc revigoré (et en colère) qu'il revient aux affaires sur son île natale. Les deux singles acérés que furent les excellents "We Are Glass" et "I Die You Die" témoignaient de l'état d'esprit déterminé et erratique de Gary à l'époque. Le deuxième cité (mon préféré) menait une charge des plus incisives (savoureuses) contre les médias et les institutions ayant la main mise sur le rock, le tout porté par une énergie très 77 dans l'âme. Et pour cause : la guitare, grande absente sur 𝘛𝘩𝘦 𝘗𝘭𝘦𝘢𝘴𝘶𝘳𝘦 𝘗𝘳𝘪𝘯𝘤𝘪𝘱𝘭𝘦, confirmait son grand retour. Les clips mettent en scène notre Gary dans un environnement urbain nocturne, dépouillé et hivernal digne des premiers David Cronenberg (pensez "Rabid", "Scanners" et "Videodrome"). La musique et l'ambiance du nouvel album ne s'annonçaient décidément pas chaleureuses. Question line up : Paul Gardiner et Cedric Sharpley restent à leur poste, tandis que Chris Payne embrigade ses confrères Dennis Haines et Russell Bell afin de prêter main forte à Gary par l'intermédiaire de leur propre groupe d'accompagnement nommé DRAMATIS.

L'ouverture "This Wreckage" demeure l'une des plus éloquentes et efficaces matérialisation du morceau numanien type. Accrocheur, sophistiqué, toujours prompt à extraire l'auditeur de sa zone de confort. Le "wakareo" (adieu, séparation en japonais) tonitruant, appuyé par un premier couplet nietzschéen (cette évocation de la mort de Dieu, annonçant involontairement les travaux des années 2000 marqués par un athéisme virulent) résonnent comme la promesse d'un disque peu amical. Et c'est bel et bien le cas de ce 𝘛𝘦𝘭𝘦𝘬𝘰𝘯. "The Aircrash Bureau", digne héritier d'un certain post punk expérimental très axé sur les ambiances, se fait l'annonciateur de cette orientation plus élaborée et vaporeuse où la basse et le piano n'ont jamais été autant mis en avant. L'obsédant morceau titre, que l'on croirait échappé d'une 𝘔𝘦𝘵𝘢𝘭 𝘉𝘰𝘹, enfonce le clou. "Remind Me To Smile" semble inviter à la danse, malgré ce sentiment de menace permanente, cette six corde sanguinaire et un Gary impeccable en maître d'un show à deux doigts de lui consumer le peu de santé mentale qu'il lui reste. "I'm An Agent" poursuit dans l'agressivité et ses nappes oniriques ont bien du mal à apaiser une guitare là aussi peu avare en interventions tranchantes. Plus opératique, "Sleep By Windows" n'en demeure pas moins envoûtant et grandiose. À l'inverse du bizarroïde "Remember I Was Vapour", dont la légèreté d'inspiration (lointaine) DEVO (en toutefois moins clownesque) vient quelque peu perturber l'inquiétude générale. Enfin, la conclusion amère "The Joy Circuit" transcende le néo romantisme de 𝘛𝘩𝘦 𝘗𝘭𝘦𝘢𝘴𝘶𝘳𝘦 𝘗𝘳𝘪𝘯𝘤𝘪𝘱𝘭𝘦, lui conférant une dimension intimiste bienvenue.

Gardons le meilleur pour la fin, avec ce qui demeure mes deux morceaux favoris de toute la carrière de Gary. En premier : "I Dream Of Wires". Viscéral. L'aspect dansant porté à son paroxysme. Intro proto synthwave. Beat aussi dévastateur qu'hypnotique d'un Sharpley qui se donne sans compter. Guitare distillant un simili funk dématérialisé menaçant. Aux "metal ways" et "metal days" du "No One Receiving" d'Eno : Numan répond par des "new ways ... new ways ..." encore plus inquiétantes. Et le "blue future" de devenir black and red, comme l'aliénation moderne d'investir chaque particules du quotidien, pendant que l'esprit s'égare dans les dédales artificiels du pendant cybernétique du "Once In A Lifetime" des TALKING HEADS. Enfin, après la radicalité : la mélancolie avec "Please Push No More". Gary signe ni plus ni moins que sa plus belle chanson. Mettant à nu son mal être au fil d'une composition absolument magnifique, du genre de celles dont la beauté initiale saura rester immaculée quel que soit son traitement scénique on son remaniement sous un quelconque remixage. Le timbre fragile et poignant de l'ex leader de la TUBEWAY ARMY, tout en retenue et en sobriété, fait mouche à chaque interventions. Le piano dominant, soutenu par l'électronique, tissent une superbe toile de fond, alors que Paul, au sommet de son art, délivre une des lignes de basse les plus enivrantes de l'afterpunk comme du rock. Non messieurs de la désormais défunte Gainax, c'est n'est pas un t-shirt XTC qu'il fallait filer à ce pauvre Shinji Ikari. Mais bien un t-shirt Gary Numan et plus précisément à l'effigie de 𝘛𝘦𝘭𝘦𝘬𝘰𝘯.
Est-ce vraiment terminé ? Pas si vous êtes possesseur de la réédition CD de l'album. Comprenant en guise de bonus les deux singles antérieurs ("I Die You Die" et "We Are Glass") en plus d'une poignée de compositions digne d'intérêt, dont une version instrumentale au piano du terrible "Down In The Park", comme une relecture moog des Trois Gymnopédies - Premier Mouvement d'Erik Satie. Un fin mélomane ce Monsieur Numan.

Qu'on se le dise : la presse n'a pas pardonné à Gary ses piques régulières à son encontre. Et si l'album a su s'imposer : c'est uniquement par le soutien (sans doute trop envahissant) d'un fan club dévoué. À moins que ce soit Robert Palmer qui ait facilité sa popularisation, en reprenant "I Dream Of Wires" sur son classique 𝘊𝘭𝘶𝘦𝘴, avec la contribution de Gary lui-même aux claviers. Aujourd'hui, 𝘛𝘦𝘭𝘦𝘬𝘰𝘯, s'il ne bénéficie pas de l'aura culte de ses aînés que sont 𝘙𝘦𝘱𝘭𝘪𝘤𝘢𝘴 et 𝘛𝘩𝘦 𝘗𝘭𝘦𝘢𝘴𝘶𝘳𝘦 𝘗𝘳𝘪𝘯𝘤𝘪𝘱𝘭𝘦, possède une certaine renommée dans les milieux electro dark. Trent Reznor le considère d'ailleurs comme une référence du genre (le bougre l'avait écouté en boucle durant les sessions de 𝘗𝘳𝘦𝘵𝘵𝘺 𝘏𝘢𝘵𝘦 𝘔𝘢𝘤𝘩𝘪𝘯𝘦). Pour ma part, il s'agit de mon opus préféré de Gary. Ex-aequo avec le non moins immense 𝘙𝘦𝘱𝘭𝘪𝘤𝘢𝘴. Car si le cru 79 est une perfection d'écriture consistante et homogène, 𝘛𝘦𝘭𝘦𝘬𝘰𝘯 le bât sur le plan émotionnel. Ce qui relève de l'exploit tant l'album du duo fondateur "Are Friends Electric" / "Down In The Park" était à des années lumières d'une œuvre désincarnée. Mais en 1980, Gary a choisi l'exutoire plutôt que le concept cyberpunk. Et l'introspection d'un artiste majeur est toujours la promesse d'une expérience mémorable.

Déjà l'âge d'or de Mister Numan touchait à sa fin. Un baroud d'honneur de taille s'imposait. De préférence en live.

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   PSYCHODIVER

 
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- Gary Numan (chant, guitare, claviers)
- Paul Gardiner (basse)
- Chris Payne (violon, claviers)
- Russell Bell (guitare, claviers)
- Dennis Haines (claviers)
- Cedric Sharpley (batterie)


1. This Wreckage
2. The Aircrash Bureau
3. Telekon
4. Remind Me To Smile
5. Sleep By Windows
6. I'm An Agent
7. I Dream Of Wires
8. Remember I Was Vapour
9. Please Push No More
10. The Joy Circuit
11. - Bonus :
12. I Die You Die
13. We Are Glass
14. A Game Called Echo
15. Photograph
16. Down In The Park (piano)
17. Trois Gymnopedies - First Movement



             



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