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Gary NUMAN - Warriors (1983)
Par PSYCHODIVER le 10 Décembre 2024          Consultée 312 fois

À l'issue de I Assassin et d'un tour du monde en guise de fuite salvatrice hors d'une Angleterre remontée contre lui, Gary Numan ne sait comment remonter une pente décidément bien savonneuse. En exil fiscal en Californie pendant plusieurs mois, il regagne la perfide Albion via une escale à Jersey, où il se remet au travail à bon rythme. Proposant des morceaux dans la lignée de son opus précédent orienté cyber funk et revenant à ses premiers amours science-fictionnels question thématiques. Mais rien ne va se passer comme prévu.

Souhaitant le retour de Pino Palladino, Gary doit finalement se passer des services du géant fretless à l'époque privatisé par Paul "beau gosse" Young. Pire encore pour l'ex-TUBEWAY ARMY, relativement psychorigide lorsqu'il s'agit de sauvegarder son indépendance artistique, les huiles de Beggars Banquet lui imposent un co-producteur (alors que depuis 1978, Gary était aux commandes de tout). Mister Webb accepte bon gré mal gré, mais parvient toutefois à obtenir un associé de son choix. Ce sera Bill Nelson, vieille gloire du glam / prog au sein des obscurs BE BOP DELUXE. S'ajoute Dick Morrissey, dont la contribution à la B.O (surestimée au possible) de Blade Runner a retenu l'attention de Gary. Reviennent également faire parler la poudre les désormais bien connus Chris Payne, Russell Bell et Cedric Sharpley, soit un DRAMATIS quasi complet. Et de poudre, ils vont en avoir besoin. Et pas uniquement parce que la pochette se prête à une incursion dans le wasteland si cher à George Miller. Quoique ... Si le type y figurant n'était pas blanc, Warriors ferait penser à un nouveau 33-tours d'IMAGINATION.

Toutes divagations cinématographiques mises à part, il ne fallait pas venir sans gilet pare-balles durant les sessions d'enregistrement de Warriors. Ces dernières relevant d'une véritable guerre d'usure entre Gary et Nelson. Deux créateurs nés à la polarité opposée et explosive. Presque de quoi renvoyer les querelles entre les frères Gallagher au niveau cours de récré. Tellement intense que le bruit qui court affirme que c'est à Nelson que revient l'intégralité de la musique contenue sur cet opus, Gary préférant se rendre au troquet du coin pour y passer ses nerfs sur un billard. Néanmoins, si la guitare de Nelson est plutôt présente, la domination du funk refroidi qui sévit chez Numan depuis au moins 𝘛𝘦𝘭𝘦𝘬𝘰𝘯 n'est pas dû à l'ancien seigneur du prog. Serions-nous en présence d'un digne successeur à 𝘐 𝘈𝘴𝘴𝘢𝘴𝘴𝘪𝘯, malgré cette gestation compliquée ?

Il faut reconnaître que le morceau titre, s'il peine à rivaliser avec les standards numaniens passés, ne manque pas de qualités. Vertigineux, conquérant, quelques élans arabisants bienvenus sur fond d'expérimentations ambient mécaniques (un petit air du Peter GABRIEL de Security, ce qui n'est pas pour me déplaire). Il parvient à s'offrir une petite place dans les charts, bien épaulé par son clip en guise de célébration du Gary aérospatial héroïque. L'autre grand moment de cet opus est indubitablement "Sister Surprise", celui où l'ADN progressif de Bill Nelson se manifeste le plus. Quasiment 9 minutes électrisantes entre funk, new-wave et rock acéré, introduites par des nappes de synthétiseurs nocturnes et délicieusement enveloppantes. On ne s'y ennuie pas une seconde. Le problème, c'est qu'en termes de rigueur comme de conviction il va falloir se contenter de ces deux-là. La suite alterne entre le bancal et l'exécrable. Ainsi, "My Centurion", évocation d'un accident d'avion qui aurait pu être fatal à Gary, ne trouve jamais véritablement sa place entre funk décalé et pop song faussement dansante. Sur "I Am Render", prétendue exploration des rêves selon Roger Zelazny, Gary a rarement aussi mal chanté et Morrissey en fait des tonnes. Idem de "This Prison Moon", trop embourbé dans les mauvaises 80's avec ses chœurs féminins envahissants et son sax maniériste (reste sa construction cold et ses textes portant sur l'immense "Révolte Sur La Lune" de Robert Heinlein). On retrouve un condensé de cette formule réchauffée ultra aseptisée sur la conclusion "The Rhythm Of The Evening". Le principe est le suivant : on ouvre le tout à grands renforts de belles nappes électroniques avant de nous infliger de la soupe tiède calibrée dans une bouteille millésimée. C'est au bout du compte un album schizophrène que nous propose Gary en 1983. Constamment tiraillé entre ses ambitions et celles de son compère/rival imposé. En résulte une sensation permanente de dépossession voire d'uniformisation. Clairement décevant.

Doté de quelques éclairs de génie mais décidément trop mou du genou et axé redite, comme dépourvu du moindre élan avant-gardiste, Warriors amorce le déclin commercial de Gary. Un coup dur pour un artiste qui jusqu'alors ne pouvait s'appuyer que sur ses fans. Tellement dur qu'une fois la promotion de ce cru 83 achevée, Gary met un terme à son contrat chez Beggars Banquet. Dire qu'une page se tournait pour Mister Webb reviendrait à minimiser l'impact d'une telle décision. Se doutait-il seulement de l'ampleur de la traversée du désert qui s'annonçait pour lui ?

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   PSYCHODIVER

 
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- Gary Numan  (chant, guitare, claviers)
- Bill Nelson  (guitare, claviers)
- Russell Bell (guitare)
- Joe Hubbard (basse)
- Chris Payne  (claviers, violon)
- John Webb (claviers)
- Dick Morrissey  (saxophone)
- Terry Martin (claviers)
- Tracy Ackerman (chœurs)
- Cedric Sharpley (batterie)


1. Warriors
2. I Am Render
3. The Iceman Comes
4. This Prison Moon
5. My Centurion
6. Sister Surprise
7. The Tick Tock Man
8. Love Is Like Clock Law
9. The Rhythm Of The Evening



             



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