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NEW WAVE / AMBIENT ROCK  |  STUDIO

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1978 Tubeway Army
1979 Replicas
The Pleasure Principle
1980 Telekon
1981 Dance
1982 I Assassin
1983 Warriors
1984 Berserker

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1981 Living Ornaments 81

Gary NUMAN - Dance (1981)
Par PSYCHODIVER le 1er Novembre 2024          Consultée 233 fois

À partir du milieu de l'année 1981, la carrière de Gary NUMAN rassemble toutes les caractéristiques d'une trajectoire en roue libre. Exit les robots et les paumés du futur. Place aux obscurs concepts d'un artiste qui cherche à se renouveler sans se perdre. Enfin, pas trop. L'après Living Ornaments nous montre un Gary au je-m'en-foutisme exubérant et à la limite de l'indécence. Déambulant dans la rue à bord de bagnoles de luxe (il était alors fasciné par l'esthétique art déco/années 20-30-40), entretenant sa réputation (légitime toutefois) de pilote aguerri à la tête d'une solide collection d'aéronefs, tout cela en pleine désolation Thatchériste, il semble résolu à se faire haïr de tous. L'année précédente, David BOWIE l'avait égratigné à l'occasion d'un "Teenage Wildlife" d'anthologie (le ugly teenage millionnaire de la chanson, c'est Gary). Il faut reconnaître que le Duke d'Hérouville/Berlin avait vu juste. Toutefois, sans chercher à défendre perpétuellement Mister Webb, cette débauche de bling bling appuyé par un caractère de con ne dissimule-t-elle pas un mal être plus profond encore que celui qui régnait sur le superbe et introspectif Telekon ?

Premier élément de preuve en faveur de cette théorie, le single "Stormtrooper In Drag"/"Night Talk" publié par Paul Gardiner en amont de la parution de "Dance", en guise de point final à son aventure aux côtés de Gary. Héroïnomane au dernier degré, le fidèle bassiste est en effet limogé par celui qui fut littéralement son double depuis l'époque punk. Une mise à l'écart 'à l'amiable', même si en vérité très difficile moralement. Et la face A, présentée sous la forme d'un excellent brûlot new wave nocturne, déchirant et faussement dansant (dans la droite lignée de Telekon) en attestait.
Second élément à ne pas négliger, la quasi disparition du line-up doré et l'aspect bordélique du casting réuni. De Dramatis, seul Chris Payne et Cedric Sharpley sont restés. Jess 'Tonton Numan' Lidyard fait son bref come-back. Roger Taylor met de côté la royauté le temps de quelques sessions en touriste. L'énigmatique Nash The Slash revient également faire parler son violon, lui qui iradia Wembley de son talent (sans mauvais jeu de mots concernant l'irradiation, tant cette saloperie qu'est l'atome faisait horreur à Nash). Mais c'est sans compter l'arrivée du guitariste Rob Dean et du bassiste Mick Karn (joueur de fretless aussi invétéré que brillant), transfuges de JAPAN. Ajoutez à cela l'orientation ambient de l'opus et il n'en fallait pas plus pour que les anti NUMAN se mettent à hurler au plagiat de JAPAN comme de Brian ENO.
Enfin, troisième élément déterminant, la non cohérence volontaire entre le titre de l'album et son contenu. Dance est tout, absolument tout, sauf entraînant. Influence ENO oblige. Vous suivez toujours ? J'en ai conscience. Cet album provoque des typhons encéphaliques ravageurs si on ne fait pas assez gaffe.

Casting hétéroclite. Orientation risquée. Maître d'œuvre à deux doigts de délirer méchamment. Toutes ces circonstances d'enregistrement et caractéristiques diverses impactent inévitablement l'album qui, sans être un échec ni une purge, s'avère malgré son audace plutôt inégal. Gary sait que rien ne va dans son monde et cherche à y échapper, en vain. En découle un 33-tours inclassable et qui, en dehors d'une moitié composée de titres sophistiqués mais convaincants, se révèle ampoulé et parfois soporifique. Mick Karn a beau se démener avec sa quatres cordes (c'est lui qui maintient le navire à flot), la tendance est aux bâillements. Et ce dès l'ouverture "Slowcar To China". Ça fonctionne les quatres premières minutes. Ça retombe à plat une fois cette durée dépassée. Et quelle erreur d'avoir préféré "Night Talk" à "Stormtrooper In Drag" (qui ne sera intégrée qu'en bonus des années plus tard). Cette face B est l'exacte inverse de sa colocataire. Insignifiante. Du réchauffé. On peut en dire autant des morceaux qui suivront le diptyque introduit à Wembley en avril 81 qu'est "Cry The Clock Said" (impeccable et envoûtante dans les deux configurations) et "She's Got Claws" (seul single extrait de l'album, dont je préfère le pendant live). A partir de "Crash" (nouvelle divagation ballardienne des plus inutiles), pas grand-chose à retenir. Gary tente de proposer du nouveau sans en avoir l'ambition plus que les moyens, préférant miser sur ses textes, reflets de sa dépression et de sa difficulté à encaisser les désillusions. Allez, le sautillant "You Are You Are" et la menaçante "Moral", jumelle assassine de "Metal", ne s'en tirent pas trop mal. Il s'agit désormais d'évoquer le pinacle du disque : "A Subway Called You". La seule composition où la formule ambient à la sauce NUMAN opère du début à la fin. C'est cotonneux et haletant à la fois. Le TALK TALK de The Party's Over se matérialise avec un an d'avance. Chris dégaine son saxo histoire de renforcer l'aspect néo noir de l'ensemble. Du tout bon.

Le verdict est plus dur que les fois précédentes. Dance est le plus faible (ex-æquo avec le futur et aussi bigarré Warriors) des Gary NUMAN de la période Beggars Banquet. S'il se distingue de la facilité pop choisie par ses rivaux O.M.D, ULTRAVOX, HUMAN LEAGUE et depuis peu DEPECHE MODE, Gary se perd dans la complexification de son propos, embarquant dans sa descente aux abîmes pléthore de musiciens qu'il ne va pas tarder à se mettre à dos (en particulier les membres de JAPAN). Exorcisme partiellement raté, Dance n'en demeure pas moins intéressant pour quiconque s'intéresse à l'axe temporel 1977/1982, où la créativité tournait à plein régime, quitte à déconcerter en masse.

Mais attendons l'année suivante, le temps pour Gary de retrouver l'inspiration et la cohérence au gré d'un tour du monde en avion et en solitaire.

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   PSYCHODIVER

 
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- Gary Numan (chant, guitare, claviers, programmations)
- Rob Dean (guitare)
- Paul Gardiner (basse, claviers)
- Mick Karn (basse, saxophone)
- Chris Payne (claviers, saxophone)
- Nash The Slash (violon)
- Cedric Sharpley (batterie)
- Jess Lidyard (batterie)
- Roger Taylor (batterie)


1. Slowcar To China
2. Night Talk
3. A Subway Called You
4. Cry The Clock Said
5. She's Got Claws
6. Crash
7. Boys Like Me
8. Stories
9. My Brother's Time
10. You Are You Are
11. Moral



             



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