Avec son neuvième album Loin De Moi, DALIDA propose une traversée musicale qui oscille entre chanson française, tradition méditerranéenne et sonorités plus modernes avec des prémices d’influences anglo-saxonne plus pop-rock. Sans réel tube, voilà qui change, cet opus se révèle plus discret mais audacieux. Les arrangements musicaux soyeux sont signés Raymond Lefèvre et son orchestre.

La voix vibrante de DALIDA s’élève dans une ambiance cinématographique portée par des cordes tendues et des basses feutrées avec "Loin De Moi". C’est une ballade romantique sculptée par un orchestre répétitif. DALIDA impose sa présence loin des élans naïfs de ses débuts, explorant les silences et les sons. Les atmosphères sont changeantes dans cet album, et, "Plus Loin Que La Terre" offre un rythme ample et chaloupé, une ballade lente à la mélodie caressante. "Comme Une Symphonie" s’aventure sur un terrain plus lyrique. L’orchestration prend de l’ampleur, les vagues de cordes montent, l’accompagnement est affirmé et brille d’une présence enveloppante. La voix de DALIDA, berce, traîne les fins de phrases comme pour ne pas rompre le charme et se déploie avec une grâce sereine.

L’exotisme, marque de fabrique de la chanteuse, est de retour après un opus où cette marque était plutôt effacée. C’est dans "Nuits d’Espagne" et "Cordoba" que cette sensualité méditerranéenne s’exprime avec des guitares tremblées, des orchestrations langoureuses, beaucoup de percussions, un discret flamenco. Des influences latines imprégnées de rêveries portées par une chaleur douce mais une nostalgie plus contenue. Sa voix se fait plus habitée, elle s’ancre dans des graves enveloppants et posés que l’on remarque notamment avec "Tu Ne Sais Pas". La voix est chargée mais l’émotion ne déborde pas.

"Avec Une Poignée De Terre" et "Tu Peux Le Prendre" illustrent un petit virage pop aux influences anglo-saxonnes. Les rythmes sont rapides, les mélodies répétitives et épurées, le tempo enlevé et enjoué, loin de l’orchestration à laquelle on avait l’habitude de la retrouver, elle flirte avec un style qui révèle un renouveau, suivant la tendance.

Sur une introduction orchestrale quasi théâtrale se pose la voix posée et mélancolique de "Reste Encore Avec Moi". Cette ballade rythmée est une étreinte musicale tout en tension et en puissance vocale. Elle raconte, elle frôle, elle joue avec les silences tout en théâtralité. Enfin l’album se clôt sur "Protégez-moi Seigneur" une marche lente portée par une élévation de cordes et une guitare aux accents exotique qui s’enflamme dans un flamenco lorsque la voix s’éteint. Le tout forme un équilibre entre ferveur et délicatesse.

Nous voilà loin de titre tels que "Bambino" ou "Come Prima" où brillait tout l’exotisme de DALIDA mais, fort heureusement, on s’est aussi éloigné de la niaiserie de l’album précédant. Cet opus est plutôt dans la maturité et ça fait du bien aussi. DALIDA chante sans grandiloquence, le regard tourné vers l’intérieur. Astre stable mais mouvant, elle se réinvente sans renier qui elle est, et continue de dévoiler des fragments nouveaux de son art.