Recherche avancée       Liste groupes



      
VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

Commentaires (4)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Les Croquants

Jacques BREL - J'arrive (1968)
Par EMMA le 8 Février 2025          Consultée 701 fois

1968. Jacques BREL a déjà quitté la scène musicale, vaque à de nouveaux horizons, le cinéma, la comédie musicale, et de nombreux rêves plus personnel. Mais, de retour au studio, il enregistre un opus plus sombre que jamais J’Arrive qui ne sera jamais interprété sur scène et ainsi clôt un chapitre de sa vie. Il faudra par la suite attendre neuf ans pour un ultime album.

L’album s’ouvre sur "J’arrive" à la mélodie rythmée et pesante. Une chanson monumentale et introspective sur la mort, jamais citée mais grandement sous-entendue. "L’Ostendaise" grandiose, se distingue par des arrangements musicaux sublimes riches en ornements. BREL conte une femme qui attend le retour de son mari, un marin. Emplie de mélancolie, les paroles sonnent merveilleusement et l’on se laisse aisément emporter par le sublime et fascinant ensorcellement de la musique. Sur ce disque, nous retrouvons une seconde chanson évoquant l’attirance de BREL pour la mer, qui a, depuis sa retraire musicale, acquis un voilier et navigue en mer. "L’Eclusier" est une chanson accablante, mais, sa beauté n’en est pas moins évidente, en accompagnement ; un accordéon, une musique lasse immobile et désespérée. BREL déploie tout son spleen, vit et incarne la chanson d’une sincérité et d’une simplicité déconcertante, dépeignant le quotidien d’un éclusier et le temps qui passe. Une œuvre puissante.

Il nous offre un moment poétique avec "Je Suis Un Soir D’été" délicatement peint par sa belle plume. Un chef d’œuvre de tableaux, qui, bien que parfois peu réels, en appellent à nos souvenirs, à notre mélancolie. Soutenues par une mélodie sobre et immobile à la guitare, les paroles tendres et percutantes se dégustent. Incontestablement l’une de ses chansons les plus proche de la poésie, un sublime moment suspendu et hypotonique où l’on se laisse toucher par la profondeur du texte. "Regarde Bien, Petit" est tel un récit romanesque et cinématographique sur un arrangement musical entre ornements et douceur.
Le seul véritable défaut, si je puis dire, de ce disque est la grandiloquence musicale d’"Un Enfant", trop maniérée, trop lourde, trop chargée, trop vieillie, les vers sont trop rallongés et desservent le texte. Mais, il faut se saisir des paroles pour profiter de la prose de BREL qui dépeint toute la tendresse et la beauté de l’enfance, "un enfant c’est le dernier poète d’un monde qui s’entête à vouloir devenir grand". Par ailleurs, une seconde chanson sur le même thème, "L’Enfance" issue du film "Le Far West" est ajoutée lors de la réédition de l’album, la mélodie y est bien plus digeste. Sera également rajoutée une musique de film brillante "La Chanson De Van Horst".

C’est un album sombre à bien des égards, seuls trois titres dérogent à la règle à commencer par le fabuleux "Vesoul" hommage à cette ville où l’artiste avait été chaleureusement accueilli. La chanson est enregistrée en deux prises seulement, faute de temps, et, lors d’une ce ces prises, BREL improvise et l’accordéon de Marcel Azzola qui accompagne spectaculairement la chanson le suit dans les variations rythmiques ce qui amène BREL à exclamer dans son élan la célèbre apostrophe "Chauffe Marcel, chauffe". Et, ainsi, la virtuosité nous emporte. BREL maître des mots, les manipule et joue avec une telle habileté, débitant les paroles magistralement. Aussi impressionnante que dansante, "Vesoul", succès mondial, nous entraine dans un rythme effréné emplit de dérision. BREL ne manque pas, bien sûr, de glisser encore quelques vers acerbes sur les femmes. "Comment Tuer L’amant De Sa Femme Quand On A Eté Elevé Comme Moi Dans La Tradition", long titre, petite chanson comique qui se joue sur une mélodie entrainante et des cuivres enthousiastes instaurant une ambiance jazzy et festive posée sur un texte ironique. "La Bière" clôt divinement l’album sur une touche plus légère avec un orchestre sur un trois temps vivace. Toujours empreint de justesse, BREL excelle, appelle à la sympathie, de quoi passer un bon moment après un album si sombre. Une bouffée d’air frais.

J’arrive s’impose comme un album d’une tristesse folle et d’une maturité plus sombre, la mélancolie prédomine bien que quelques titres égayent les cœurs. Dans cette dualité entre tristesse et jolie moments de vie BREL montre une fois de plus tout son talent d’écrivain et d’interprète. Ici, il chante la vie, la mer, la société d’un ton grave, mélancolique, humoristique mais toujours imprégné d’une émotion juste et sincère. Il émeut. L’orchestration est d’une brillance éclatante en parfaite adéquation avec des tableaux d’un réalisme cru et d’une beauté saisissante. Un album introspectif, à écouter avec attention où chaque chanson semble être une réponse aux airs parfois plus légers et plus populaires de ses débuts.

A lire aussi en VARIÉTÉ FRANÇAISE par EMMA :


Michel LEGRAND
Les Parapluies De Cherbourg (1964)
Opéra populaire




Jacques BREL
Jacky (1965)
Toujours au sommet


Marquez et partagez





 
   EMMA

 
  N/A



Non disponible


1. J'arrive
2. Vesoul
3. L'ostendaise
4. Je Suis Un Soir D'été
5. Regarde Bien, Petit
6. Comment Tuer L'amant De Sa Femme Quand On A Eté El
7. L'eclusier
8. Un Enfant
9. La Bière
10. La Chanson De Van Horst
11. L'enfance



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod