Cet album est à l’exact opposé du précédent. Panic proposait une musique électronique austère et en grande partie instrumentale. You Are The One rectifie le tir avec une musique nettement plus fidèle aux canons d’un Disco organique et fastueux, se portant en faux d’une pop de plus en plus électronique.

Dès lors, on peut redouter que CERRONE joue la facilité et se repose sur ses acquis. C’est en partie le cas / You Are The One capitalise énormément sur Africanism (1977) et The Golden Touch (1978), tout en étant nettoyé des fantaisies sonores des précédents albums, dont Panic était l’aboutissement. Plus de guitares ardentes, plus de fantaisies électroniques, plus de soli déjantés, mais des chansons teintées de R’n’B moderne, riches en cuivres et en piano. Chacune des chansons est un single en puissance et You Are The One est peut-être l’album le plus homogène de la discographie de CERRONE. Trop homogène, peut-être.

Les compositions, certes efficaces, sont plus linéaires qu’à l’accoutumée. Pour la première fois depuis Kongas, je me sens démuni pour décrire un morceau en particulier. Cela s’écoute comme du miel auditif, ça glisse tout seul, tant et si bien qu’en fin de compte il est difficile de s’attarder sur un détail précis, à l’exception peut-être du pont de "Cherry Tree". "Took Me So Long" est le morceau que je retiens le plus de cet album? peut-être parce que c’est le dernier. Même Georges ODI, dont j’aime particulièrement suivre la participation aux différents albums de CERRONE et d'Alec R. Constandinos, se fond dans le décor. En revanche, la production est monstrueuse, le son d’ensemble rond et chaleureux et, malgré la compression, chaque instrument à sa place, c’est-à-dire qu’on les entend tous correctement et qu’aucun ne s’arroge la part du lion.

You Are The One a évidemment rectifié l’insuccès commercial de Panic et, au contraire de celui-ci, a eu l’honneur de figurer sur les deux albums de réenregistrements que sont Cerrone By Cerrone et Disco Symphony. Ce léger anachronisme stylistique va pourtant permettre à CERRONE d’embrayer sur une pop certes toujours mâtinée d’un tropisme Disco mais plus moderne, avec les trois albums suivants.

Cet album formellement réussi est trop peu audacieux, et donc forcément limité.

3 ½ sur 5