Le tonnerre gronde, la tempête arrive... Planquez-vous pauvres fous, rangez vos vieux et achetez des pâtes, l'ouragan du siècle va bientôt tambouriner à nos fenêtres bardées de maigrelettes planches de bois... Ah, attendez, on me dit dans l'oreillette que Météo Parallèles se serait un poil planté. Légèrement, une larmichette. Il ne s'agirait visiblement pas de la tempête qui va nous faire becter les pissenlits par la racine... Ah, on m'annonce plutôt une légère brise, un doux zéphyr... Qui a dit un pet foireux ? Non, tout de même pas. Ce terme pourrait effectivement caractériser le premier album de MAD MAX, mais celui-ci marque une évolution lui permettant de prétendre à un titre moins condescendant que celui d' « évacuation intempestive d'une dose raisonnable de méthane ».

Rollin' Thunder marque tout d'abord un important changement de personnel pour les hard-rockers allemands, trois membres du groupe sur cinq tirant leur révérence (probablement virés comme des malpropres, le despotisme de Juergen Breforth étant de notoriété publique), à commencer par le chanteur Andreas Baesler, remplacé par le bien plus compétent Michael Voss, qui deviendra peu à peu la deuxième tête pensante de l'hydre teutonne. Alors que la voix de Baesler possédait des faux airs de Bernie Bonvoisin (Trust), celle de Voss bien plus aiguë et puissante, offre au groupe un aspect « heavy metal européen » qui joue en sa faveur.

Ainsi, Rollin' Thunder est un indéniable pas en avant pour le groupe, qui poursuit la création d'une identité propre, malgré les nombreuses références encore perceptibles dans sa musique. On pense à Michael Schenker, tant le son et le feeling des guitares sur l'instrumental « Yours Sincerely » rappelle le toucher du Mad Axeman. On pense également à Scorpions, MAD MAX ayant visiblement à cœur de proposer des morceaux hard rock à la fois mordants et mélodiques. Et il faut dire qu'à ce petit jeu, le groupe convainc sans trop se forcer, faisant mouche d'entrée avec l'inspiré « Fly, Fly away » au refrain fédérateur. Que ce soit sur les titres les plus rapides (le rageur « Evil Message »), les plus pesants (le morceau titre « Rollin' Thunder » à l'intro pachydermique) ou sur la power-ballad finale (la sympathique « Thoughts of a Dying Mad » et ses arpèges mélancoliques), MAD MAX s'impose facilement, bien aidé par la conviction vocale d'un Michael Voss qui permet à la musique du groupe de franchir un cap important.

Si le groupe lorgne du côté de Scorpions, on pense également à Iron Maiden à l'écoute des nombreuses harmonies guitaristiques parsemant les morceaux qui ne sont pas sans rappeler la vierge de fer (« Losing you », « Stranger ») et l'on ne peut s'empêcher de constater qu'alors pris en plein maelström hard rock, MAD MAX ne dispose pas encore d'atouts suffisants pour lui permettre d'atteindre la première division d'un style dans lequel la concurrence est alors féroce. Reste que cet album, fort recommandable pour tout amateur du genre, constitue une étape nécessaire permettant aux teutons de parvenir à finalement s'imposer avec leur album suivant, le formidable Stormchild.