Ce n'est pas un secret, les RED HOT CHILI PEPPERS se sont perdus en chemin. Un égarement vers les radios depuis l'explosion du groupe en 1991. Blood Sugar Sex Magik avait révélé au grand public un groupe fusion aux géniales influences funk teintées d'un (hard) rock qui touchait même aux sphères du hip-hop.
Puis les multiples orientations du groupe finirent par se taire au fil des années pour se voir remplacées par une pop facile, sucrée et attractive. Le constat s'était fait en deux albums : One Hot Minute et Californication, qui sans être mauvais, condamnèrent la fraîcheur d'un Mother's Milk ou l'inventivité d'un Blood Sugar au profit d'une musique accessible et grand public.
Vous connaissez la suite : un groupe artistiquement de plus en plus fade, et financièrement de plus en plus prolifique.

Depuis Stadium Arcadium, les RED HOT n'avaient quasiment pas donné de nouvelles, si ce n'est celle du départ de leur guitariste fétiche : John Frusciante. Coup dur pour la bande de Los Angeles, qui décide malgré tout de continuer l'aventure. Un guitariste, une paire de lunettes et une moustache métrosexuelle plus tard, les piments rouges se sont transformés en une bande d'écolos-bio bien pensants et sutout bien loin de leur personnage de junkie déglingué qu'ils traînaient au début des années 90.

La question que tout fan du groupe se pose avant l'écoute d'I'm With You est logiquement la suivante:

"Mais que vaut donc le remplaçant de Frusciante ?"

Eh bien le jeune Josh Klinghoffer (32 ans au compteur contre un groupe approchant de la cinquantaine) se débrouille sacrément bien. Une vraie copie conforme du style de John Frusciante. Je suis prêt à parier que personne n'aurait remarqué l'absence du chevelu sans l'annonce du groupe. Peut-être moins entreprenant (et c'est normal vu son arrivée récente), le nouveau musicien n'aura sûrement aucun mal à se faire accepter du public.
Faudrait juste lui donner de bonnes compositions à jouer. Car sans surprise, ce dixième album studio du groupe est plat, mou et aseptisé. Formaté jusqu'au trognon, l'évidence est que I'm With You a laissé partir en poussière les dernières réminiscences funk du groupe (qui lui donnaient toute son originalité). Cet album a le culot d'aligner quatorze pop-songs réchauffées au micro-onde du Billboard.

Un autre problème de taille vient s'ajouter à ce manque d'originalité attendu. Bien que le groupe ait succombé aux sirènes des charts il y a bien longtemps, il a toujours su concocter quelques morceaux pop relativement bons sur chaque album. Ici, le groupe ne parvient même plus à rendre sa musique assez catchy pour se laisser fredonner impunément. La quasi-totalité des titres est laborieuse, poussive et artificielle. Chad Channing a perdu son punch d'antan, les lignes de basse de Flea n'ont plus l'inspiration qu'on pouvait leur trouver sur les précédentes œuvres du groupe. Anthony Kiedis, en plus de posséder une des voix les plus énervantes de la décennie, se paye même le luxe de chanter faux (mais ça, ça ne change pas vraiment).
On pourrait sauver une poignée de titres dans cette hécatombe ("Ethiopia", niaise et clichée, mais très agréable), mais ça serait passer l'éponge sur les déchets présents (le single "The Adventures Of Rain Dance Maggie" ou l'hypocrite "Annie Wants A Baby" par exemple).

Super, les RED HOT CHILI PEPPERS ont arrêté les excès de sexe et de drogue, mais ils ont également arrêté la bonne musique. A croire que sexe, drogue et rock n' roll sont étroitement liés...

Signé: un vieux con nostalgique

1/5

Coup(s) de cœur: "Ethiopia"